Jamais, depuis Alexander Ovechkin au repêchage de 2004, un joueur évoluant en Europe n'a été sélectionné au tout premier rang.

La situation changera visiblement le 24 juin 2016, mais attention : le joueur en question est aussi américain qu'un hot-dog de chez Nathan's.

Il s'agit d'Auston Matthews. Vendredi, les Lions de Zurich, en première division suisse, ont annoncé l'embauche du jeune prodige de 17 ans pour la saison 2015-2016.

Selon plusieurs intervenants du monde du hockey, il s'agirait d'une première. Jamais un joueur issu du système nord-américain n'a disputé en Europe la saison qui précède son repêchage. Les Canadiens ou les Américains font généralement leur apprentissage dans le circuit junior canadien, la USHL ou les universités américaines.

Matthews avait justement le choix cette saison entre une demi-douzaine d'universités américaines, et les Silvertips d'Everett, dans la Ligue junior de l'Ouest, l'équipe qui détenait ses droits dans le circuit canadien.

« On savait en le repêchant qu'on lutterait contre la NCAA, mais on n'a jamais pensé qu'un contrat professionnel serait un obstacle, a admis le directeur général des Silvertips, Garry Davidson, en entrevue avec La Presse plus tôt cet été. On n'y peut pas grand-chose. On croit être une option exceptionnelle pour son développement. Mais quand on pense à l'argent que la ligue suisse peut offrir, il est évident qu'on ne lutte pas à armes égales. »

Selon Sportsnet, Matthews touchera 400 000 $ pour sa saison à Zurich.

DEUX JOURS

Matthews n'est toutefois pas un joueur de 17 ans comme un autre. Bourré de talent, il aurait été, de l'avis de plusieurs, sélectionné au troisième rang au repêchage de juin dernier s'il y avait été admissible.

Mais voilà, Matthews a raté l'encan de 2015 par deux jours. C'est qu'il est né le 17 septembre, soit 48 heures après la date limite. Il jouera donc l'essentiel de la saison en tant que patineur de 18 ans, contre des adultes plutôt que des joueurs d'âge junior.

Si l'expérience est fructueuse pour le joueur et pour la formation suisse, y a-t-il un risque qu'un précédent soit créé ? D'autres futures vedettes pourraient-elles se laisser attirer par les salaires alléchants des circuits professionnels européens ?

« C'est un cas très exceptionnel, rappelle Davidson. Voici un joueur très talentueux, avec une date d'anniversaire particulière, qui a choisi d'évaluer ses options. Je serais surpris que ça arrive très souvent. »

En mai dernier, à la Coupe Memorial, Connor McDavid avait quant à lui assuré ne pas avoir pensé à l'option des professionnels, pour la dernière saison.

« La ligue de l'Ontario et le hockey junior majeur canadien étaient les meilleures options pour moi et je ne regrette rien, avait expliqué celui qui a ensuite été repêché au premier rang en juin. Je pense que ç'a été la meilleure route pour moi et je suis très content de me retrouver où je suis maintenant. Peu importe ce qu'il fait, c'est son choix. C'est un excellent joueur, je ne m'inquiète pas pour lui. »