C'était la veille du jour de l'An, le 31 décembre 2013 à Malmö, en Suède. Équipe Canada junior disputait un match difficile contre les États-Unis. Les Canadiens menaient 3-1, mais les spectateurs sentaient que tout pouvait basculer.

C'est à ce moment que Zachary Fucale a multiplié les arrêts et que la foule s'est mise à scander son nom: «Fu-ca-lee, Fu-ca-lee...»

«C'était incroyable, a raconté après le match le surdoué Connor McDavid. Les cris n'étaient pas pour moi et j'en avais la chair de poule. Je ne peux même pas imaginer ce qu'il a ressenti.»

Cette scène peut paraître banale, mais elle a marqué les esprits à Hockey Canada. Lundi, le gardien québécois, espoir du Canadien de Montréal, a été invité au camp de sélection finale d'Équipe Canada junior, qui aura lieu du 11 au 15 décembre à Toronto.

La décision des bonzes du hockey canadien confirme qu'à leurs yeux, Fucale est l'un des meilleurs, sinon le meilleur gardien au pays dans son groupe d'âge.

Au camp, Fucale ne jouera pas sa place puisque seuls deux gardiens ont été conviés au camp plutôt que les trois habituels. Hockey Canada a donc fait son choix: Zachary Fucale et Eric Comrie, un espoir des Jets de Winnipeg, seront les deux gardiens pour représenter le pays au Mondial junior qui commence le 26 décembre à Montréal.

La décision représente une marque de confiance importante envers Fucale, qui connaît une année difficile avec les Mooseheads de Halifax. Il affiche une moyenne de buts alloués de 3,35 (contre 2,26 l'année dernière) et un taux d'arrêts de 88,6% (90,7% l'année dernière).

«Les Mooseheads ne sont pas une équipe aussi bonne cette année que l'an passé, analyse le dépisteur en chef de Hockey Canada, Ryan Jankowski. Mais en même temps, on ne peut pas baser notre analyse sur quelques mois. On regarde les deux ou trois dernières années et il ne fait aucun doute que Zachary est l'un des deux meilleurs gardiens de son âge au pays.

«Il a été dominant pour nous avec Équipe Canada dans le passé. Il y a deux ans, il a gagné l'or avec les moins de 18 ans. L'an dernier, les fans scandaient son nom dans les estrades. Il a joué très bien pour nous l'an passé et il a très bien joué dans la Super série Subway. Il faut prendre en compte ce qu'il fait depuis trois ans.»

«Mon jeu est à une belle place»

D'autres gardiens au pays auraient pu prétendre à une place avec l'équipe canadienne des moins de 20 ans. Le gardien de la Colombie-Britannique Tristan Jarry est l'un des meilleurs au pays et ses statistiques le prouvent (moyenne de 2,42 et taux d'arrêt de 92,0%).

«On n'a pas hésité. On pense qu'on a avec nous les deux meilleurs gardiens au pays», assure l'entraîneur-chef de l'équipe, Benoît Groulx.

La question est maintenant de savoir qui sera devant le filet à l'occasion du premier match et lequel de Fucale ou de Comrie pourra aspirer au titre de premier gardien. «On est loin de ça», a précisé Groulx aux journalistes lundi, devançant toute question sur le sujet.

Fucale a connu du succès lors de la Super série Subway. Il y a deux semaines contre les meilleurs espoirs russes, le choix de deuxième tour du Canadien en 2013 a arrêté 40 des 41 tirs dirigés contre lui. De quoi mettre un baume sur une saison difficile.

«C'est sûr que ça n'a pas toujours bien été dans mon cas. J'ai eu des mauvais matchs, j'ai donné des mauvais buts, a expliqué Fucale lundi. Ça arrive à chaque gardien. C'est sûr que j'ai eu des bouts beaucoup plus difficiles, mais en majorité j'ai eu de très, très bonnes séquences aussi. Je sens que mon jeu est à une très belle place en ce moment.

«J'ai travaillé très fort avec mon entraîneur des gardiens, Éric Raymond, pour que tout soit à point. Des fois, même quand ça paraît comme un mauvais match, moi, je me sens bien et je sais que j'ai fait les bonnes choses durant le match.»

Fucale en sera à son deuxième Mondial junior. L'année dernière en Suède, les Canadiens ont terminé à une décevante quatrième place. Ils n'ont pas remporté de médaille depuis deux ans et n'ont pas enlevé l'or depuis cinq.

Après des années de disette et alors que le tournoi est à la maison, les attentes sont immenses pour les espoirs canadiens. Les partisans du Tricolore pourront donc voir leur jeune gardien évoluer avec une tonne de pression sur les épaules.

Vont-ils finir par scander son nom? Ils sont plusieurs à Hockey Canada à penser que oui.

_____________________________________________________

Les autres Québécois

Trois Québécois en tout ont été invités au camp final d'ECJ. En plus de Zachary Fucale, l'attaquant Frédérik Gauthier et le défenseur Samuel Morin, tous deux de l'Océanic de Rimouski, auront la chance de se faire valoir. Gauthier, choix de première ronde des Maple Leafs de Toronto, devra miser sur le jeu physique.

«Fred va avoir sa chance, c'est certain. Il connaît le tabac, il était là l'an passé, il a eu une très, très bonne série Subway, a expliqué l'entraîneur-chef Benoît Groulx. On a besoin de cette expérience, de ce gabarit.»

Samuel Morin, choix de première ronde des Flyers de Philadelphie, est considéré comme l'un des meilleurs défenseurs au pays. Mais le colosse de 6'7 se remet d'une fracture de la mâchoire et a manqué plusieurs matchs cette saison.

«Pour mériter sa place, il doit être un défenseur costaud, physique et hargneux qui se tient loin du banc des pénalités», a noté le dépisteur en chef de Hockey Canada, Ryan Jankowski.

_____________________________________________________

Drouin et Duclair seront-ils là ?

S'il n'y a que 3 joueurs québécois cette année sur 29 invités au camp d'ECJ, c'est un peu parce que plusieurs espoirs de moins de 20 ans sont assez bons pour être dans la LNH. C'est du moins l'une des explications avancées par Benoît Groulx.

Jonathan Drouin a 9 points en 17 matchs avec le Lightning de Tampa Bay. Le temps de glace de l'attaquant de 19 ans est toutefois constamment réduit et il est laissé de côté certains matchs. Peut-être sera-t-il libéré. Les Rangers ont quant à eux indiqué lundi qu'ils seraient prêts à libérer Anthony Duclair pour le tournoi. Hockey Canada peut espérer aussi que Curtis Lazar et Bo Horvat seront libérés.

«Je pense que les équipes réalisent que ça représente une superbe expérience pour leurs jeunes espoirs, qui peuvent gagner en maturité et en leadership», croit Benoît Groulx.

> Réagissez sur le blogue de hockey junior de François Parenteau