Alors que la pertinence des bagarres dans le hockey junior majeur est de nouveau remise en question après la blessure de Connor McDavid, le commissaire de la LHJMQ «réfléchit» sérieusement à des façons de mieux les encadrer.

«Toute blessure est déplorable. Dans une bagarre, c'est encore pire. Le fait que Connor McDavid ait été impliqué dans une bagarre n'est pas quelque chose de souhaitable dans le monde du hockey», a réagi hier Gilles Courteau dans un entretien téléphonique.

Courteau dit avoir pris connaissance de cette initiative américaine contre les bagarres au hockey qui prévoit une pénalité de 15 minutes pour ceux qui jettent les gants. La mesure a réduit de moitié les combats dans l'United States Hockey League (USHL) cette saison.

La LHJMQ pourrait-elle s'en inspirer? M. Courteau explique qu'un «comité» doit se pencher sur la question des bagarres en décembre et que la Ligue «veut prendre son temps pour regarder» les enjeux.

«Quinze minutes de pénalité? C'est une possibilité. Je ne le nie pas. Mais il faut vraiment s'assurer que ce type de mesure améliore la sécurité des joueurs», note M. Courteau.

Pendant ce temps, la LHJMQ est la ligue de hockey junior majeur qui compte le plus de bagarres cette saison, devant la Western Hockey League (WHL) et l'Ontario Hockey League (OHL). Selon le site DropYourGloves, qui compile ces données, il s'est livré depuis l'automne 206 combats dans la LHJMQ, 180 dans la WHL, 125 dans la OHL et 34 dans l'USHL.

Par match, le nombre de bagarres dans l'USHL (0,23) est trois fois moindre que dans la LHJMQ (0,72).

Comment l'USHL a-t-elle réussi à réduire le nombre de bagarres? Cette ligue - où on trouve le plus haut niveau de hockey junior au sud de la frontière - a décidé d'imposer cette année une pénalité de 15 minutes aux bagarreurs.

Le nouveau règlement tient compte de la présence ou non d'un instigateur; ainsi, s'il y a un instigateur, seul celui-là est puni un quart d'heure. Cette distinction vise à éviter qu'un joueur de quatrième trio ne s'en prenne à une vedette afin de le sortir de la glace pendant 15 minutes.

«Développer les aptitudes à la bagarre chez nos joueurs est illogique. D'abord parce que certains vont jouer dans les collèges, où les bagarres sont interdites. Ensuite parce que même dans la LNH, à laquelle plusieurs de nos joueurs se destinent, il y a de moins en moins de bagarres», a expliqué récemment à La Presse le commissaire de l'USHL, Bob Fallen.

La LHJMQ pourrait serrer la vis

Même s'il ne veut pas trop s'avancer pour l'instant, Gilles Courteau affirme que la LHJMQ pourrait aussi serrer la vis. Un comité consultatif va d'ailleurs se pencher en décembre sur la question des bagarres, et plus précisément des instigateurs.

Courteau étudie plusieurs scénarios, dont celui qui consiste à expulser du match un joueur qui participe à une bagarre de son plein gré. «Est-ce qu'un instigateur pourrait être sorti de la rencontre? Est-ce qu'un joueur qui récidive comme instigateur dans le même match pourrait être suspendu? On regarde tout ça.»

Chose certaine, la LHJMQ est loin d'une décision. Le comité fera une recommandation en décembre, qui sera ensuite soumise aux directeurs généraux et aux gouverneurs plus tard en 2015.