Après cinq médailles d'or consécutives de 2005 à 2009, l'équipe canadienne junior a été exclue du podium pour une deuxième année de suite.

La Finlande, la Suède, la Russie et les États-Unis, deux fois, ont touché l'or ces cinq derniers hivers. Les Suédois ont aussi récolté deux médailles d'argent et de bronze et la Russie, une médaille d'argent et deux de bronze.

Plutôt que de s'attarder aux déboires de Hockey Canada, voyons plutôt ce qui a permis aux autres pays de briser l'hégémonie du Canada.

Suède

Ce pays a complètement modifié sa façon d'opérer en 1998 puisque son programme de hockey ne produisait presque plus de joueurs d'élite. On a refait la structure de A à Z et regroupé les meilleurs joueurs de chaque catégorie d'âge lors de camps estivaux intensifs: les camps d'élite. En permettant aux meilleurs joueurs de se frotter les uns aux autres, on a pris le pari d'améliorer le sommet de la pyramide et l'expérience a été concluante.

«Leur nouvelle structure est impressionnante, et les Suédois ont également modifié leur approche psychologique, note le recruteur du Lightning de Tampa Bay, Michel Boucher. Leurs joueurs ont été suivis par des psychologues, et on a développé des athlètes plus robustes et plus résistants à la douleur.»

États-Unis

Le programme de hockey américain a profité des millions supplémentaires investis par la LNH ces dernières années et de l'explosion du nombre de participants et d'arénas.

«Les Américains ont de moins en moins besoin des joueurs canadiens pour meubler leurs équipes dans la NCAA, dit Michel Boucher. Ils produisent beaucoup de joueurs grâce à la nouvelle ligue qu'ils ont créée, la USHL.»

La création du programme national des moins de 17 ans et des moins de 18 ans, auquel ont pris part Jacob Trouba et Seth Jones, entre autres, a aussi donné des résultats spectaculaires. «Les joueurs restent ensemble et sont suivis par les mêmes préparateurs physiques, les mêmes entraîneurs et les mêmes psychologues, affirme Michel Boucher. À long terme, on aurait intérêt à avoir un programme semblable.»

Russie

L'expansion de la KHL permet désormais aux jeunes hockeyeurs russes de jouir de modèles de premier ordre, ce qui s'ajoute à l'efficacité des méthodes d'entraînement propres aux Russes. La présence de la KHL permet de solidifier la structure des clubs, de l'enfance du joueur à l'âge adulte. La Ligue de hockey junior de Russie, fondée il y a quelques années seulement, compte désormais 66 clubs!

La Russie garde aussi un oeil sur ce qui se fait ailleurs, mais, surprise, elle regarde désormais le modèle américain avant le modèle canadien!

«USA Hockey fait un travail formidable pour inciter les jeunes à adhérer aux programmes de hockey, confiait récemment en entrevue le commissaire de la Ligue de hockey junior de Russie (MHL), Dmitri Yefimov. On comprend pourquoi les Américains ont autant de succès au niveau international. On doit se réveiller et faire comme eux.»

Finlande

Malgré une population comparable à celle du Québec et des courants philosophiques empruntés à plusieurs pays comme le Canada, la Suède et la Russie, la Finlande est désormais une puissance mondiale.

Comme en Suède, on a fait de grands efforts pour inciter les jeunes à pratiquer le hockey. On regroupe aussi les meilleurs hockeyeurs au pays à un jeune âge et, quand ils auront atteint la vingtaine, les joueurs d'élite auront déjà disputé une centaine de matchs au niveau international.

Malgré tout, on reste très ouvert au développement tardif des athlètes. La sélection des joueurs d'élite se fait plus tard et on assiste là-bas à l'éclosion de certains joueurs à compter de la vingtaine. À l'adolescence, par exemple, Saku Koivu ne faisait pas partie de l'élite de son pays, a dit l'an dernier à La Presse le directeur des entraîneurs finlandais, Arto Sieppi, à l'occasion d'une visite à Hockey Québec.

> Réagissez sur le blogue de Mathias Brunet