Modeste choix de sixième ronde du Canadien au plus récent repêchage de la LNH, l'attaquant Jérémy Grégoire connaît un début de saison fracassant avec le Drakkar de Baie-Comeau.

Ses 22 points, dont 12 buts, en seulement 13 matchs (fiche de +7) lui confèrent le deuxième rang du classement des compteurs de la Ligue de hockey junior majeur du Québec.

Grégoire est loin du meneur, Anthony Mantha, choix de première ronde des Red Wings de Detroit, qui montre une fiche encore plus époustouflante de 18 buts et 15 aides en 12 matchs, mais il s'agit néanmoins de statistiques surprenantes pour un attaquant qui a eu 18 ans il y a 7 semaines à peine.

«Je suis étonné de voir ce qu'il a pu accomplir à l'entraînement cet été, compte tenu du peu de temps dont il avait à sa disposition entre la fin de saison qui s'est prolongée, le repêchage et le camp du Canadien», a confié hier au bout du fil son entraîneur Éric Veilleux.

«La plus grande amélioration qu'il a pu apporter à son jeu est sans aucun doute sa vitesse, a ajouté Veilleux. Il devait améliorer son explosion sur patins. Le fait qu'il possède plus de vitesse lui permet maintenant de contourner plus facilement les défenseurs adverses. Sa production augmente parce que le reste, il l'a déjà, il est bon dans les trois zones et il ne craint jamais d'aller «dans la cuisine», là où ça chauffe.»

L'an dernier, Grégoire avait obtenu seulement 32 points en 62 matchs au cours d'une saison chaotique qui l'a vu passer des Saguenéens de Chicoutimi, qui l'avaient repêché au sixième rang en 2011, au Drakkar.

Un joueur d'énergie avant tout

Sa hausse de productivité ne semble toutefois pas changer l'opinion de certains recruteurs de la LNH.

«Je revois le joueur si talentueux qu'il était à 15 ans, dit l'un d'eux. Il a enfin la chance de jouer au sein d'un trio offensif et il doit sentir la confiance de ses entraîneurs, ce qui n'était pas le cas à Chicoutimi. Cela dit, son coup de patin demeure ordinaire, et on ne peut lui prédire une place au sein d'un trio offensif dans la LNH. Un quatrième, peut-être? Son intelligence, son énergie et sa fougue lui permettront peut-être d'accéder à la Ligue nationale dans un rôle de soutien.»

Un deuxième recruteur sondé abonde dans le même sens. «J'aime son caractère, son intensité, mais il n'a pas beaucoup de vitesse ni de grandes mains. Il pourrait éventuellement remplir un rôle d'attaquant énergique dans la LNH. Un joueur comme Michaël Bournival a plus de patin, mais Grégoire est plus robuste que Michaël. C'est le type de joueur que tous les entraîneurs aiment diriger. Un autre espoir du Canadien, Charles Hudon, a beaucoup plus de potentiel, même s'il a moins de points actuellement.»

L'entraîneur du Drakkar, Éric Veilleux, prône la patience dans le cas de son protégé de 6' et 190 lb. «Je ne suis pas recruteur, mais j'ai beaucoup de difficulté à mettre une étiquette à un joueur qui vient d'avoir 18 ans. S'il a accompli autant de progrès en seulement un mois, qui sait jusqu'où il peut s'améliorer? Et prenez Michaël Bournival. Ce sont deux joueurs différents, mais regardez ce que Bournival amène au Canadien. On lui donnait une étiquette de quatrième trio, mais est-ce que tous les joueurs des deux premiers trios du Canadien méritent d'être là? Il est en train de s'ouvrir des portes.»

Qu'importe l'avenir de Grégoire, sa progression est formidable et il faudra attendre quelques années avant de connaître son véritable potentiel.