La dernière fois qu'Équipe Canada junior a mis son équipe sur pied pendant un lock-out dans la Ligue nationale, elle avait réussi à assembler une formation d'une rare domination.

En plus d'un prodige de 17 ans du nom de Sidney Crosby qui pilotait son quatrième trio, elle avait pu aligner plusieurs joueurs qui cognaient à la porte de la LNH.

Et Patrice Bergeron y était déjà.

Huit ans plus tard, autre conflit dans le circuit Bettman, autre chance pour le Canada de se «paqueter» une équipe en vue des Championnats du monde, qui auront lieu à Ufa, en Russie.

Peut-on espérer une formation aussi forte qu'en 2005?

«La formation de 2005 est la meilleure que j'aie vue», a répondu à ce sujet Pierre Dorion, directeur du recrutement des Sénateurs d'Ottawa, qui est à Calgary pour observer les cinq jeunes Canadiens admissibles au prochain repêchage.

«Aves les Crosby, Bergeron, Getzlaf, Weber, Phaneuf, Seabrook et autres, ça restera selon moi la meilleure équipe junior de tous les temps. L'équipe de cette année, même si elle compte plusieurs très bons joueurs, n'a pas la même profondeur.»

La formation de 2005 avait remporté l'or, marquant le début d'une domination de cinq ans du Canada sur la scène junior internationale. Toutefois, elle n'a remporté aucun des quatre derniers Championnats du monde, ne participant même pas au match de la médaille d'or en janvier dernier.

Plusieurs critiques pointent en direction des gardiens qui n'ont pas livré la marchandise. Cette fois, ÉCJ ne prend pas de chance: elle emmènera avec elle trois gardiens et aura le crochet facile une fois le tournoi amorcé.

Trois des quatre gardiens invités à Calgary sont âgés de 19 ans. C'est entre autres le cas de Malcolm Subban, frère de P.K., qui a amorcé la semaine en position de tête pour être le gardien titulaire du Canada.

«Ce sont les joueurs de 19 ans qui décident si ton équipe va gagner», soutient Pierre Dorion.

Puissante attaque, mais...

En défense, l'équipe de cette année comptera sur des valeurs sûres telles que Dougie Hamilton, Morgan Rielly et Scott Harrington. L'avenir dira s'il s'agit d'un groupe aussi dominant que celui de 2005.

Pour ce qui est de l'attaque, avec les Nugent-Hopkins, Huberdeau, Strome, Scheifele et Jenner, on tient pour acquis que le Canada auratoute une force de frappe à Ufa. Or, ni le match intraéquipe de mardi (où il fallut 50 minutes pour voir un but) ni la rencontre face à l'Université de l'Alberta, hier, n'ont généré beaucoup d'attaques.

Les entraîneurs ne s'en formalisent pas, mais il sera intéressant de voir s'ils ajouteront un joueur à caractère offensif comme 13e attaquant.

Et si le lock-out se termine?

Avec tout cela, la possible résolution du conflit dans la Ligue nationale pourrait bouleverser les plans d'Équipe Canada junior d'ici le début des Championnats.

Si le lock-out devait se terminer d'ici la fin de l'année, la formation canadienne pourrait être amputée de deux, sinon de trois joueurs qui seraient réclamés par l'équipe de la LNH à laquelle ils appartiennent.

C'est bien sûr le cas de Ryan Nugent-Hopkins, le centre des Oilers d'Edmonton, mais aussi de Jonathan Huberdeau, sur lequel les Panthers de la Floride aimeraient bien compter. Il est aussi possible que le centre Ryan Strome (Islanders de New York) et le défenseur Dougie Hamilton (Bruins de Boston) soient rappelés à un éventuel camp de la LNH.

«C'est sûr qu'en coulisses, l'incertitude de la situation crée une certaine impatience», convient Scott Salmond, directeur des opérations hockey d'Équipe Canada junior.

«Le pire scénario pour nous, ce serait que des joueurs soient rappelés après le 24 décembre, qui est la date où nous devrons soumettre notre liste finale. Après cette date, nous ne pourrons pas remplacer un joueur blessé ou rappelé par la LNH. Il faudra vivre avec notre groupe de 23 joueurs.»

D'aucuns croient toutefois que si l'on se retrouvait en pareille situation, la LNH et la Fédération internationale de hockey sur glace traceraient une ligne afin d'éviter que chaque pays ne perde des joueurs de premier plan à la dernière minute.

Photo: Reuters

Malcolm Subban