Jérémi Janneteau est entré dans la LHJMQ fier de réaliser un rêve d'enfance. Il en est sorti deux ans plus tard, en pleine saison, amaigri, dépressif et désenchanté.

Janneteau, Montréalais originaire d'Abitibi, a réalisé un rêve d'enfance en allant jouer à Rouyn-Noranda en 2010.

Les Huskies connaissaient alors une saison de misère, avec seulement 12 victoires. Le centre de 5'6 a néanmoins recueilli 32 points et s'est taillé une place sur le premier trio.

Il avait 19 ans à sa deuxième saison et déjà son rôle dans l'équipe était remis en question. On voulait rebâtir la formation et donner du temps de glace aux jeunes de 16 et 17 ans.

Ça, il pouvait encore l'accepter, comme il acceptait le maigre salaire qui est le lot des joueurs de la LHJMQ. «T'es pauvre. Tu vis juste de ça, tu ne peux pas travailler. Je n'étais même pas capable d'amener ma blonde au resto», se rappelle-t-il.

Ce qui va précipiter son départ des rangs juniors, c'est autre chose: lorsqu'il commencera à sentir que son corps ne suit plus. Les longs voyages en autobus, les entraînements punitifs interminables après les trop nombreuses défaites et les cours au cégep auxquels on assiste tant bien que mal...

«À un moment, j'ai fait une dépression. C'était trop de hockey. On était sur la glace trois heures par jour à peu près. On s'entraînait au gym après nos glaces pendant plus d'une heure. Il fallait ensuite aller à l'école.»

«Je jouais au hockey et c'est le plus beau sport au monde. J'étais bien là-dedans, mais à un moment, c'était juste trop, se souvient-il. J'arrivais à la pension le soir et je pleurais. J'avais perdu le goût du hockey.»

Dépérir dans l'indifférence

Il ne mangeait presque plus, ne dormait presque plus. Son poids est passé de 165 à 150 livres.

Quand Annick L'Écuyer, la mère de Jérémi, a récupéré son fils, après plus de deux ans dans la LHJMQ, elle a retrouvé un garçon amaigri et déprimé. Elle estime qu'il a été surentraîné.

«Quand j'ai accueilli mon gars ici, il avait besoin d'un médecin. Ce qui m'écoeure, c'est que jamais personne dans son équipe ne lui a demandé «comment ça va? «. Il ne dormait plus, il ne mangeait plus. Y a pas quelqu'un qui va allumer quelque part? Y a tu quelqu'un qui va t'aimer assez pour te demander si ça va? Des fois, je trouve que c'est un peu un marchandage de jeunes. C'est plate, mais ils s'en foutent que t'ailles bien ou pas. Tu t'en vas? Bye, au suivant.»

Jérémi habite aujourd'hui chez ses parents et étudie pour devenir charpentier-menuisier. Il joue avec les Maroons de Lachine, dans le junior AAA, et a retrouvé le plaisir du jeu.

Comme tous les autres anciens joueurs du junior majeur à qui nous avons parlé, Jérémi ne regrette pas une seconde son passage dans le junior.

Mais sa mère est plus sévère. «Je pense qu'il en garde plus de bons que de mauvais souvenirs. Mais moi, en tant que parent, mon Dieu que je n'ai pas de regrets qu'il ait quitté la Ligue!»

Moins d'heures à l'aréna

Jérémi Janneteau est d'accord avec l'idée d'un syndicat de joueurs dans la LHJMQ. Par contre, même s'il croit que les salaires des joueurs devraient être majorés, il se demande comment les équipes les plus pauvres arriveraient à survivre à une telle mesure.

Le principal changement à faire dans la LHJMQ, selon lui, touche la charge de travail.

«La LNH a un règlement qui limite le nombre d'heures passées chaque jour à l'aréna. Ce serait la première règle que je passerais: un gars ne peut pas rester plus de trois heures par jour à l'aréna sous la supervision des coachs. Une heure et demie de pratique, une heure de gym, et c'est terminé pour ta journée.»