Le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau, sourit quand il entend se multiplier les sorties pour dénoncer la violence gratuite au hockey.

Le nouveau responsable de la sécurité des joueurs de la LNH, Brendan Shanahan, multiplie les suspensions pour éliminer les coups à la tête. Shanahan s'est même prononcé contre les bagarres, tout comme son ancien coéquipier et désormais DG du Lightning de Tampa Bay, Steve Yzerman.

C'est sans compter le nombre grandissant d'anciens durs à cuire, inquiets pour leur santé, qui recommandent à la LNH de les abolir.

Courteau et ses hommes font figure d'avant-gardistes aujourd'hui.

Dans la foulée de l'incident Jonathan Roy, qui s'était attaqué au gardien rival Bobby Nadeau, la LHJMQ, pressée par la ministre québécoise de l'Éducation, du Loisir et du Sport, Michelle Courchesne, a adopté en 2008 une série de mesures pour enrayer la violence dans le hockey junior.

Des changements qui n'ont pas fait l'unanimité, et qui ont même fait dire à l'ancien défenseur étoile du Canadien et aujourd'hui recruteur pour le Wild du Minnesota, Guy Lapointe, que la nouvelle philosophie de la Ligue allait nuire aux chances des jeunes hockeyeurs québécois d'accéder à la LNH.

«Bientôt, on va leur mettre des tutus, avait déclaré, à la blague, Lapointe à RDS. Est-ce qu'on joue au basketball ou au hockey?»

Nul ne sait si Gilles Courteau se souvient de cette déclaration de Lapointe, mais il se réjouit de voir les mentalités changer aussi rapidement.

«Je ne crois pas qu'on aurait pu s'imaginer voir le reste du monde du hockey emboîter le pas comme ça quand, nous, on a exprimé notre idée de faire évoluer les choses. Je suis heureux de voir l'ouverture d'esprit qu'il y a aujourd'hui. Le hockey est en train de vivre un changement de culture important. «

Depuis trois ans, le nombre de bagarres dans la LHJMQ est passé de 3 par rencontre à 0,8. La Ligue a imposé 16 suspensions depuis le début de la saison régulière, soit le double de l'an dernier à pareille date.

«Ça ressemble beaucoup à ce que Brendan Shanahan veut éliminer, c'est-à-dire les coups à la tête, les mises en échec par-derrière», explique le Commissaire Courteau.

Éradiquer les bagarres

Le patron de la LHJMQ veut aller plus loin. Il a manifesté en début de saison sa volonté d'éradiquer les bagarres.

«Je dirais que la Ligue junior de l'Ontario est sur la même longueur d'onde que nous dans ce dossier tandis que la Ligue junior de l'Ouest montre plus de réticence et préfère attendre de connaître la position de la LNH là-dessus.»

Certains ont déjà affiché leurs couleurs, comme le DG Martin Mondou, des Cataractes de Shawinigan, qui estime que l'on ne peut enrayer les bagarres dans le hockey junior tant que la LNH ne les aura pas bannies.

«Dans un premier temps, il faudra avoir un débat de fond avec nos gens, dit Gilles Courteau. Être capable d'en parler ouvertement. Notre vice-président exécutif Marcel Patenaude soulevait un point intéressant récemment, toutes les punitions majeures dans le hockey entraînent une expulsion du match... sauf la bagarre. On ne porte pas toujours attention, mais c'est une réalité étonnante.»

À l'heure actuelle, un hockeyeur considéré comme l'instigateur d'une bagarre écope de 17 minutes de punition. S'il est considéré comme un agresseur, il est plutôt expulsé du match et écope d'une suspension automatique qui varie selon la nature de son délit. Courteau aimerait trouver un moyen de diminuer encore plus le nombre de combats sans avoir à pénaliser davantage un joueur qui s'est fait inciter à se battre par un adversaire.