Une consigne domine toutes les autres au Tournoi des Maîtres. Les téléphones portables sont interdits sur le terrain. Ça vaut pour les spectateurs et les journalistes. De nombreuses affiches le rappellent et malheur à qui transgresse la règle: il sera expulsé!

Lorsqu'on a l'habitude de consulter son BlackBerry ou son iPhone aux deux minutes, cela exige un sérieux ajustement. Le plus curieux, c'est de ne pas profiter des scores en direct. Il faut se fier aux tableaux de pointage installés à divers endroits pour vérifier la progression des favoris.

Or, ces tableaux ne sont pas électroniques, mais actionnés à la main, comme à la belle époque. Les changements s'opèrent lentement, case par case. Parfois, on retire le nom d'un joueur pour le remplacer par celui d'un autre, désormais mieux placé au classement. Pendant un moment, le casier demeure libre et les supputations vont bon train chez les spectateurs: de qui vient la poussée?

Le dimanche, en revanche, la réponse à cette question est plus facile: les cris de la foule fournissent une bonne indication de l'allure du jeu!

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Évidemment, ils réussissent tous des coups magiques, qui nous font baver d'envie. Mais ils en manquent aussi! Il suffit d'arpenter le terrain pour voir des ratés qu'on nous montre rarement à la télé. Tenez, vendredi, sur une normale 5, l'Américain Gary Woodland a frappé son deuxième coup tout juste devant une fosse de sable, à quelques mètres du vert. Une simple approche l'attendait et ses chances d'oiselet semblaient excellentes. Mais croyez-le ou non, il a complètement raté son coup et projeté sa balle dans la fosse!

J'ai aussi vu l'Espagnol Alvaro Quiros rater sa sortie d'une fosse et devoir s'y reprendre une deuxième fois. Et l'Américain Rickie Fowler, dont la balle reposait dans une fosse devant le vert, l'expédier dans celle située derrière! (C'était samedi et Fowler ne s'en est pas remis, passant de -6 à -1 en six trous!)

Même pour eux, ce n'est pas un sport facile. Rappelez-vous en après avoir raté un coup cet été!

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Des quatre tournois majeurs, celui des Maîtres est-il le plus facile à remporter? C'est ce qu'affirment deux chercheurs américains qui ont établi un modèle statistique et procédé à 10 000 simulations.

Ils concluent que le Championnat de la PGA est le plus exigeant des quatre majeurs, suivi de l'Omnium des États-Unis, de l'Omnium britannique et du Tournoi des Maîtres.

Les chercheurs, cités par le Wall Street Journal, rappellent que le Tournoi des Maîtres compte moins de participants et que, parmi eux, on trouve beaucoup de joueurs amateurs et d'anciens champions n'ayant aucune chance de victoire.

L'étude est intéressante, mais fait abstraction de l'élément psychologique. Or, le Tournoi des Maîtres est tellement chargé d'histoire qu'il comporte une dimension émotive difficile à gérer.