Le Tournoi des Maîtres est l'évènement sportif qui me rend le plus nostalgique. Le golf est depuis longtemps mon activité préférée et le Masters, premier majeur de l'année, celui qu'on attend depuis huit mois, est toujours joué début avril. Juste au moment où on commence à penser à aller se mouiller les pieds sur les rares parcours habituellement ouverts à cette période de l'année. On a hâte de voir, si, comme par magie, on ne se serait pas amélioré pendant l'hiver en écoutant le hockey.

Pour moi, le Tournoi des Maîtres est avant tout un spectacle télévisuel. Les images familières du chalet, de Magnolia Lane, d'Amen Corner, les azalées, la petite musique d'intro, la belle voix réconfortante de Jim Nantz et l'équipe de CBS (sans oublier Michel et Carlo à RDS). Que de mémorables dimanches après-midi passés devant la télé à siroter les images et les sons du plus beau tournoi de l'année. Et sans la culpabilité qui accompagne immanquablement les moments passés devant la télé pendant nos trop courts étés.

Je vous propose aujourd'hui le top 5 de mes plus mémorables Tournois des Maîtres. Avant de commencer, je vous dirais qu'il y en a quelques autres que j'aurais bien aimé voir. Il n'y avait qu'une poignée de spectateurs au vert du 15e quand Gene Sarazen a frappé «the shot heard 'round the world» un coup de bois quatre bon pour un albatros (2 sur une normale 5) qui lui a permis de l'emporter. Je donnerais n'importe quoi pour pouvoir assister à une des prolongations de 18 trous entre Byron Nelson et Ben Hogan (1942) ou celle opposant Sam Snead au même Hogan 12 ans plus tard. En fait, je m'assoirais volontiers sur un clou rouillé pour avoir la chance de voir Hogan s'entraîner un moment.

5 En 2003, Mike Weir l'emporte en prolongation contre Len Mattiace avec un boguey au premier trou supplémentaire. Un choix qui ferait sans doute l'unanimité aux États-Unis comme un des pires de l'histoire, mais que voulez-vous, sans être un ami proche de Weir, j'ai tout de même joué plusieurs rondes de compétition avec lui et je l'ai toujours trouvé classy et sympathique. Les derniers trous n'étaient pas faciles à regarder, il me semble qu'il lui restait toujours un roulé de trois à huit pieds pour se sauver avec la normale. C'était aussi plaisant qu'assister à un accouchement difficile, finale émotionnellement chargée incluse.

4 En 1983, Le grand Seve Ballesteros, mon joueur préféré de tous les temps, gagne son deuxième veston vert. La ronde du vendredi ayant dû être reportée à cause de la pluie, on a joué la finale le lundi, ce qui m'a permis de voir le tournoi car j'étais en tournoi jusqu'au dimanche. Moi et mon coloc de l'époque, on s'était arrêté dans un petit motel de la Caroline-du-Nord, loué une chambre de motel et vu Seve venir à bout de Ben Crenshaw, Tom Kite, Ray Floyd, Tom Watson et Hale Irwin.

3 En 1996, Nick Faldo profite de l'écroulement de Greg Norman pour se sauver avec la victoire. Dommage qu'on se souvienne plus du 76 de Norman, le joueur le plus excitant de son époque, que du magnifique 67 de Faldo. Je me souviens également qu'une intéressante somme d'argent m'était destinée si le grand requin blanc ne s'était pas transformé en barbotte en fin de parcours...

2 En 1997, Tiger Woods liquéfie la compétition pour devenir l'athlète le plus médiatisé de l'histoire. À 21 ans, il devient le plus jeune champion, il bat un record de tournoi (270) et l'emporte par la plus grande marge de l'histoire (12 coups). Il remplace à jamais Greg Norman comme l'attraction numéro un du golf et j'ai enfin ma revanche.

1 En 1986, Jack Nicklaus gagne son sixième Masters à l'âge vénérable de 46 ans. Mon Dieu que c'était beau. Le grand Jack avec son fils Jackie comme cadet qui joue une dernière ronde de 65, 30 sur le neuf de retour pour se faufiler un coup devant Tom Kite et Greg Norman. Et mon Ballesteros, qui avait l'air d'un gagnant toute la semaine, qui voit ses chances couler avec sa balle au 15e trou.

Tout y était pour en faire un classique. Un grand champion, des adversaires redoutables et une fin dramatique et émotive dans une arène extraordinaire.

Je vous souhaite une excellente saison de golf et aussi de ne pas manquer d'électricité dimanche après-midi.