On a beaucoup parlé du récent divorce entre Tiger Woods et son cadet Steve Williams. Après plus de 12 ans de loyaux services, Tiger a décidé de laisser aller son cadet, son ami, celui-là même qui a été le garçon d'honneur de son mariage. Il n'y a probablement pas de manière facile de terminer une relation qui a été aussi prolifique. Soixante-treize victoires, dont 13 majeurs en seulement 12 saisons, on ne reverra pas ça en 1000 ans.

J'étais le premier à sympathiser avec le gros kiwi, le sidekick idéal; fort, travailleur et totalement dévoué à son patron. Vous jasez pendant qu'il joue, il vous engueule. Vous prenez une photo au mauvais moment, la caméra se retrouve dans le fond du lac. Un cadet avec un coeur de bouncer, l'hybride parfait.

Puis, tout a basculé. La semaine passée, son nouveau patron Adam Scott a remporté un tournoi d'importance et une nuée de journalistes lui ont planté un micro dans le visage pour recueillir ses impressions, Oh! misère!

Permettez-moi d'ouvrir ici une petite parenthèse. Vous savez comme l'internet et les réseaux sociaux créent des vedettes et des idiots en moins de temps qu'il n'en faut pour réussir un putt de deux pieds. Je vais me risquer à dire que Williams sentait l'appui du public. Tiger ne fait rien de bon depuis un moment et sa cote de popularité est à peine au-dessus du niveau de la mer. Mais il ne faut jamais oublier que l'Amérique adore plus que tout les histoires de montée vers la gloire ou de retour au sommet. On est prêt à démolir quelqu'un pour avoir peut-être la chance de le voir revenir. On ne déteste pas Tiger, mais plus il descendra bas, plus grande sera notre jouissance de le voir resplendir à nouveau.

Et c'est là que notre ami Williams a mis les deux pieds, le sac et les 14 bâtons dans sa bouche en déclarant: «La victoire la plus satisfaisante de MA carrière...», «La plus grande semaine de MA vie...» Pas un seul mot sur Adam Scott, qui a tout de même offert une honnête contribution au succès de l'équipe en jouant chacun des coups. William a brisé le code non écrit des cadets en attirant l'attention sur lui. Le cadet doit toujours rester humble pour les succès de son joueur, car il ne prendra jamais le blâme quand celui-ci va commencer à se répandre un peu partout sur le terrain. Ça me fait penser au vieux cadet de Jack Bisseger, ou était-ce celui d'Arnold Palmer (dans les histoires de cadets, le nom des joueurs est interchangeable), qui avait dit quelque chose comme: «On était deux sous le par et il a fini avec trois bogueys».

Mais sérieusement, le cadet a son importance pour un golfeur de compétition. C'est rassurant de pouvoir compter sur une personne compétente et dévouée. Williams a été le cadet de Ray Floyd, de Greg Norman et de Tiger Woods, trois joueurs très talentueux qui ont dominé leur sport pendant des périodes plus ou moins longues. Peut-être les trois joueurs les plus intimidants (il faudrait inclure Nicklaus dans ce groupe) des 40 dernières années. Il est assurément un cadet extraordinaire qui fait bien son travail et qui sait quoi dire au bon moment.

On dit que les trois principes à respecter pour un cadet sont: Show up. Keep up. Shut up. Qu'on pourrait traduire par: Présente-toi, suis et ferme-la.

Dimanche passé, Steve Williams a perdu la meilleure occasion de se taire de sa vie.

Jean-Louis Lamarre est professionnel au club de golf Beloeil.