Le Championnat Cadillac, une manche du prestigieux World Golf Championship, sera disputé ce week-end sur le célèbre parcours Bleu du club Doral en Floride. Toute l'élite du golf mondial est sur place. Mais le Canadien Mike Weir brille par son absence.

En disputant la pire ronde de sa carrière (85) et en ratant sa qualification pour la Classique Honda, la semaine dernière, le champion du Tournoi des Maîtres de 2003 a gâché sa dernière chance de conserver son statut sur le circuit de la PGA.

Blessé pendant une bonne partie de la saison 2010, Weir avait obtenu une exemption médicale pour disputer cinq tournois cette saison et amasser les quelque 225 000$ qui lui auraient permis de réintégrer la liste des 125 joueurs exemptés pour tous les tournois. Il n'a touché qu'un chèque de 10 788$ pour une 77e place et a été éliminé après deux rondes dans les quatre autres tournois.

Pendant que les joueurs du top 50 sont à Doral, celui qui a déjà été troisième du classement mondial devait disputer un tournoi secondaire à Porto Rico, mais il s'est retiré jeudi matin en raison d'un kyste au poignet gauche. Ses succès passés - il est le 12e meilleur boursier en carrière de la PGA avec des gains de 26,8 millions - lui permettront, s'il le décide, de disputer au moins jusqu'en 2013 le même nombre de tournois que depuis une dizaine d'années, soit environ 25 annuellement.

Plusieurs fois membre de l'équipe internationale de la Coupe du Président, il pourra participer à cinq tournois importants chaque année. Et il sera toujours bienvenu à Augusta où les champions sont exemptés à vie.

Mais il devra se qualifier s'il veut disputer les Omniums des États-Unis ou de Grande-Bretagne, risquant ainsi de briser sa série de 48 tournois majeurs consécutifs. Il risque également de continuer à faire un fou de lui chaque fois qu'il sera en compétition.

À 5'9, le golfeur gaucher n'a jamais été un long cogneur, ni un joueur particulièrement précis, contrairement à ce qu'on pourrait croire. C'est sur et autour des verts qu'il faisait la différence dans ses meilleures années. Les blessures et l'âge - il aura 41 ans dans deux mois - semblent lui avoir coûté cet avantage.

Weir a refusé de parler aux journalistes après la Classique Honda, se contentant d'un message de remerciement à ses partisans sur son blogue. Dans son message précédent, rédigé en février après le tournoi de Pebble Beach, il avait expliqué: «Les trois tournois que j'ai joués cette saison sont vraiment les premiers que je dispute en santé depuis sept mois. Je commets beaucoup d'erreurs mentales et les pointages ne sont visiblement pas ce qu'ils devraient être.»

Quant à son statut, Weir avait souligné: «Cela ne m'inquiète pas vraiment. Je sais que je vais jouer plusieurs autres tournois cette saison. En ce moment, j'essaie simplement de retrouver une routine de jeu. Je sais que cela prendra du temps, mais je suis sûr que je jouerai du bon golf bientôt.»

Une priorité?

L'entraîneur Sean Foley, devenu un peu par défaut la véritable vedette du golf canadien depuis qu'il travaille avec Tiger Woods, n'a pas voulu commenter spécifiquement la situation de Weir, un joueur pour lequel il a «le plus grand respect», quand nous l'avons contacté.

Il a toutefois souligné: «Quand un joueur a des problèmes avec son jeu, c'est presque toujours lié à l'aspect mental. On peut corriger certains détails d'un élan, adapter le plan d'entraînement, mais les joueurs de ce niveau n'ont pas vraiment beaucoup de défauts au plan technique. C'est dans la tête que ça se joue.»

Il faut bien reconnaitre que Weir a longtemps démontré une force mentale remarquable pour obtenir ses succès avec un talent et des moyens somme toute limités.

Foley a aussi noté que les joueurs entrent souvent dans une phase de transition à l'aube de la quarantaine, développant ou consolidant des activités à l'extérieur des tournois. Weir n'a d'ailleurs pas attendu cet âge pour lancer Mike Weir Inc., une entreprise active dans la conception et l'aménagement des parcours, dans les vêtements de golf et dans le... vin! Le joueur de Sarnia a aussi créé la Mike Weir Foundation, qui a déjà amassé près de 5 millions au profit des enfants en difficulté au Canada.

De nombreux analystes doutent d'ailleurs que Weir ait gardé la motivation de ses débuts et croient que la compétition n'est plus la priorité dans sa vie. Il a toutefois répété récemment qu'il n'en était rien.

En l'absence d'un véritable successeur - les grands espoirs Matt Hill et Nick Taylor ne sont devenus professionnels qu'en 2010 - Weir reste le «poster boy» du golf canadien et demeure une immense vedette dans la région de Toronto. Cela rend d'ailleurs ses déboires actuels plus évidents.

Serait-il américain, on n'aurait même pas remarqué sa dégringolade.