Tiger Woods va tenter de se servir de la Coupe Ryder pour rétablir à la fois son image publique, mise à mal par ses déboires conjugaux, et un élan méconnaissable depuis que son divorce, prononcé à la mi-août, est apparu inévitable.

La prestigieuse compétition entre les États-Unis et l'Europe, dont l'édition 2010 a lieu de vendredi à dimanche à Newport, au Pays de Galles, n'a jamais été la tasse de thé de l'Américain. Raison de plus pour montrer qu'à 34 ans, il a tourné une nouvelle page de sa carrière et de son existence.

Depuis la première de ces cinq Coupe Ryder en 1997, Woods n'a remporté que 9 des 24 matches disputés (13 défaites, 2 nuls), un bilan plutôt modeste en regard de son fabuleux palmarès et de ses 14 titres du Grand Chelem.

Comme les États-Unis ont été battus quatre fois sur cinq, il n'en a pas fallu plus pour que le champion soit soupçonné de ne pas avoir la fibre collective.

D'autant qu'il avait tendu le bâton pour se faire battre dès 2002. Interrogé avant l'Omnium d'Irlande, qui précédait d'une semaine la Coupe Ryder, il avait avoué qu'entre les deux, il préférait remporter la modeste étape du circuit européen plutôt que la mythique compétition intercontinentale.

«Je pourrais vous donner un million de raisons», avait-il lancé, citant au premier rang la prime au vainqueur, lui qui quelques années plus tard allait devenir le premier sportif milliardaire en dollars de l'histoire.

Dès sa première intervention devant la presse à Celtic Manor, Woods s'est donc attaché à corriger cette réputation peu reluisante d'égoïsme.

«J'étais jeune. La plupart des gars avec qui je jouais à ce moment-là sont maintenant sur le Senior Tour», a souligné le Californien, sélectionné pour la première fois en Coupe Ryder alors qu'il n'avait pas 22 ans.

«Et il ne faut pas oublier que je sortais juste de l'université, où j'avais joué toutes les semaines pendant deux ans pour Stanford», a-t-il ajouté, avant de se lancer dans un éloge de la compétition par équipes.

Avant-dernier à Akron

«Ce sont des amitiés et des souvenirs pour la vie bâtis en une semaine», a-t-il assuré.

Les déclarations d'intention faites, Woods va devoir passer aux actes clubs en main. La tâche s'annonce ardue au vue des résultats indignes de son génie qu'il a accumulés ces dernières semaines.

Son retour à la compétition, au mois d'avril, après une parenthèse de quatre mois consacrée à une vaine tentative de sauvetage de son mariage, avait pourtant été prometteur. Dès son premier tournoi, le Tournoi des maîtres d'Augusta, il avait pris la quatrième place, comme à l'Omnium des États-Unis fin juin.

Mais alors que le naufrage de son couple s'accélérait, jusqu'à sa fin annoncée le 23 août, ses performances se sont détériorées, à tel point qu'il a eu besoin d'une invitation pour participer à la Coupe Ryder. Seulement 23e de l'Omnium britannique mi-juillet, il a touché le fond trois semaines plus tard au tournoi d'Akron, dans l'Ohio: avant-dernier, soit son plus mauvais classement en 14 ans de professionnalisme.

Les États-Unis, dont la dernière victoire en Coupe Ryder sur le continent européen remonte à 1983, compte sur l'ex-gendre modèle devenu enfant terrible pour mettre fin à cette trop longue disette.

Pour l'adversaire en tout cas, la capacité de Woods à rebondir ne fait aucun doute. «J'ai toujours dit que Tiger était le meilleur joueur du monde et même, à mon avis, le meilleur qui ait jamais pratiqué ce jeu», a dit le capitaine de l'équipe d'Europe, l'Écossais Colin Montgomerie.