Jamais l'espérance de vie n'a été plus élevée sur la Terre et, pourtant, on devient «vieux» de plus en plus vite. En signant cette semaine à l'Omnium britannique une des performances les plus extraordinaires de l'histoire du golf, l'Américain Tom Watson a rappelé à tous que le talent, la combativité et la classe n'avaient pas d'âge.

À 59 ans, il a envoyé un formidable message d'espoir à tous ceux que le passage du temps inquiète. Dans une Amérique en crise, où les gens d'un certain âge craignent pour leur emploi et leurs économies, les exploits de ce grand-père du Kansas montrent qu'il faut croire en l'avenir.

Et Watson prouve aussi aux gens de tout âge qu'il n'est jamais trop tard pour réaliser ses rêves. Le sien était pourtant bien improbable. Remporter, 26 ans après son dernier titre, le British Open. Inscrire son nom tout en haut du palmarès du tournoi, avec six victoires, aux côtés du légendaire golfeur britannique Harry Vardon.

Qu'il ait finalement échoué au bout d'une journée héroïque n'enlève rien à l'ampleur de ce qu'il a accompli.

L'Omnium britannique est une des compétitions sportives les plus exigeantes qui soient. S'y imposer exige une force de concentration très élevée, des nerfs d'acier, une grande endurance et une forme physique irréprochable. Depuis 50 ans, seulement deux joueurs de plus de 40 ans y ont été couronnés. Dans toute l'histoire du tournoi, le plus vieux champion a été l'Écossais «Old Tom» Morris, à 46 ans et 99 jours, il y a 142 ans de cela...

Il faut fouiller beaucoup pour trouver des équivalents à la performance de Watson. Au tennis, le plus vieux champion d'un tournoi du Grand Chelem avait 41 ans (l'Anglais Arthur Gore, à Wimbledon, en 1909). Des athlètes plus âgés que Watson ont gagné des médailles olympiques - le Suédois Oscar Swahn avait 72 ans quand il a remporté une médaille d'argent au tir en 1920 -, mais c'était dans des disciplines comme l'équitation, le tir ou la voile, à une époque où la compétition était bien moins relevée qu'aujourd'hui. Rien à voir avec l'élite du golf masculin réunie sur un des parcours les plus exigeants du monde.

Watson, qui aura 60 ans le 4 septembre, a subi l'automne dernier une opération pour remplacer l'articulation de sa hanche gauche, qui le faisait souffrir depuis plusieurs années. Il raconte avoir opté pour cette solution parce qu'il voulait retrouver une qualité de vie que la douleur lui avait un peu volée.

Sa hanche le fera sans doute souffrir ce matin à son réveil. Le reste de son corps aussi. Mais Watson peut se consoler en pensant qu'il a signé, à 59 ans, le chapitre le plus glorieux de son illustre carrière.

C'est donc une incroyable leçon de sport et de vie qu'a offert Watson à tous ses rivaux, mais aussi aux millions de téléspectateurs que ses exploits ont passionnés.

Et la plupart ne comprendront sans doute la partie la plus importante de cette leçon qu'à l'approche de la soixantaine.