À 59 ans, avec une hanche artificielle, Tom Watson n'est plus qu'à 18 trous d'un exploit sans précédent dans l'histoire du sport.

L'Américain, déjà cinq fois vainqueur de l'Omnium britannique, a réussi une ronde de 71, samedi, sur le difficile parcours du club Turnberry, en Écosse, et il occupe toujours le premier rang avec un cumulatif de 206 (-4) et une priorité d'un coup sur l'Australien Mathew Coggin et l'Anglais Ross Fisher.Watson, qui aura 60 ans le 4 septembre, deviendrait le plus vieux vainqueur d'un tournoi majeur par plus de 11 ans, une marge incroyable. Jusqu'ici, c'est l'Américain Julius Boros qui détient la marque, ayant remporté le Championnat de la PGA de 1968 à l'âge de 48 ans et 120 jours. Au British Open, Old Tom Morris avait 46 ans et 99 jours en 1867 quand il a remporté son troisième et dernier titre.

Huit fois vainqueur de tournois majeurs, aussi trois fois champion de l'Omnium britannique senior, Watson connait le parcours Ailsa de Turnberry comme aucun de ses rivaux.

«Je ne me suis senti aussi bien que quelques fois dans ma vie, a reconnu Watson, après sa ronde. J'étais très serein ce matin, bien moins nerveux que je l'aurais pensé. Ça devient de plus en plus possible...

«(Malgré mon âge), je n'ai jamais changé mes objectifs dans les tournois majeurs. J'ai toujours cru que je pouvais être compétitif. Aujourd'hui, j'ai encore bien joué sur les verts, réussi de bons coups roulés au 14e, puis au 16e. J'ai commis quelques erreurs, mais pas beaucoup.»

Alors que plusieurs doutaient de ses nerfs sur les verts, Watson a encore réussi des coups roulés spectaculaires, dont un d'une quarantaine de pieds au 16e trou qui lui a permis de revenir en tête après un bogey au 15e trou.

«Je suis exactement où je voulais être après 54 trous. J'avais un plan de match avant le tournoi et il se déroule comme je l'avais prévu. Il ne reste que 18 trous et je sais ce que je veux faire...»

Le plus dur est toutefois à venir pour le vétéran. Ses rivaux sont en effet nombreux, neuf joueurs étant regroupés à quatre coups et moins de la tête.

Parmi eux, Coggin et Fisher sont les mieux placés à -3, mais leur inexpérience à ce niveau pourrait leur jouer des tours dimanche.

Le premier a joué une ronde solide de 69, marqué par un sprint dans une allée pour aller marquer sa balle sur le vert avant que la pente et le vent ne la pousse dans un ruisseau. «Mon coeur battait un peu plus vite après cette course, mais j'ai l'impression qu'il va battre encore plus vite demain (dimanche).»

Fisher, dont l'épouse pourrait accoucher d'un moment à l'autre, a réussi contre toute attente à garder sa concentration.

Les vétérans Lee Westwood (-2), Retief Goosen (-2), Jim Furyk (-1) et Stewart Cink (-1) se retrouvent en embuscade pour profiter de la défaillance éventuelle des meneurs.

L'Américain Steve Marino, co-meneur après deux rondes, a fort mal amorcé la journée en cédant cinq coups à la normale sur les cinq premiers trous, pour passer du premier au 8e rang. Il est brièvement revenu dans la course avec notamment un aigle au 7e trou, mais s'est écroulé en fin de ronde et n'est plus dans la course.

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La Thaïlandais Thongchai Jaidee a signé l'une des meilleures rondes de la journée, un 69, et il se retrouve au huitième rang, à quatre coups de la tête. Premier joueur de son pays à remporter un tournoi des circuits asiatiques et européens, il est aussi devenu au Tournoi des Maîtres de 2006 le premier à disputer les quatre tournois majeurs.

Il raconte avoir fabriqué lui-même son premier bâton avec une tête de fer 5 trouvée dans une poubelle et une tige de bambou...

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Les redoutables parcours de l'Omnium britannique ne sont jamais aussi terribles que lors de la dernière ronde du tournoi, le dimanche, quand tout le poids de l'histoire du golf écrase les joueurs sous une pression insoutenable.

Les épisodes cauchemardesques impliquant des meneurs sont nombreux. Qu'on pense au Français Jean Van de Velde, qui menait par trois coups en arrivant au 72e trou, en 1999 à Carnoustie, et réussit à commettre un triple bogey à coups d'erreurs de jugement et de mauvaises exécutions.

Qu'on pense aussi à Jesper Parnevik, en 1994, la dernière fois que l'Omnium a été disputé à Turnberry. Le Suédois, célèbre pour sa casquette renversée, avait un coup d'avance sur le tertre du dernier trou, mais ne voulait pas consulter le tableau des meneurs (une superstition...). Convaincu qu'il devait réussir un oiselet, il forçait son coup de départ, échouait dans l'herbe longue près du vert, ratait son coup d'approche et devait se contenter d'un bogey qui ouvrait la porte au vainqueur Nick Price.

Tous les amateurs de golf se souviennent de ces gaffes, mais aucun ne souhaitent les voir se répéter dimanche à Turnberry.