Tom Watson prétend ne pas vivre dans le passé, mais on se serait cru au milieu des années 70, hier à Turnberry, où se tient le 138e Omnium britannique. L'Américain a ramené une carte de 65 pour s'installer à un seul coup de la tête, provisoirement détenue par l'Espagnol Miguel-Angel Jimenez (64, -6).

Cinq fois vainqueur du British Open, Watson s'était imposé sur le même parcours en 1977 au terme d'un duel historique avec Jack Nicklaus. À 59 ans (il aura 60 ans en septembre), Watson a aussi remporté trois Senior Open, dont un à Turnberry, en 2003. «Je crois que je joue assez bien présentement pour gagner ce tournoi, a estimé le vétéran en conférence de presse. En fait, je frappe aussi bien la balle du tertre au vert aujourd'hui que je le faisais il y a 32 ans. La différence, c'est que j'ai moins confiance en mes coups roulés. Aujourd'hui, j'en ai réussi plusieurs...»

En fait, Watson a réussi tous ses coups roulés importants, signant une carte avec cinq oiselets, sans aucun boguey. Il a aussi réussi deux ou trois roulés exigeants de six ou sept pieds, dont un au 18e trou pour sauver sa normale.

Un quinquagénaire n'a jamais remporté un tournoi majeur, le plus vieux champion d'un tel tournoi ayant été Julius Boros, vainqueur du Championnat de la PGA en 1968 à 48 ans. «Cette semaine, la majorité des joueurs n'étaient pas nés quand j'ai remporté mon premier Omnium britannique, en 1975. L'expérience est très importante ici: l'expérience du parcours, de ses pièges, de ses secrets; l'expérience des vents, qui peuvent changer le terrain du tout au tout d'une journée à l'autre.»

Comme pour confirmer l'analyse de Watson, Jimenez (44 ans), mais aussi Mark Calcavecchia (49 ans), Mark O'Meara (52 ans) et Vijay Singh (46 ans) sont tous des vétérans qui se retrouvent dans le groupe des meneurs après la première ronde.

Peter Alliss, le coloré commentateur de la BBC qu'on voit parfois à la télé américaine, disait hier sur les ondes de la radio officielle du tournoi, qu'aucun golfeur n'avait mieux préparé le British Open que Watson. «C'est le seul que j'ai vu lancer des balles partout autour des verts pour les voir rouler, comme s'il n'était pas déjà celui qui connaît le mieux ce parcours, a raconté Alliss. Je ne crois pas qu'il peut gagner, il n'a plus les nerfs pour cela. Mais j'aimerais me tromper.»

On disait hier que les parieurs seraient peu nombreux à miser sur Watson. Hier matin, après sa ronde, les maisons britanniques de paris l'avaient encore à 100 contre un. Avouez que c'est tentant!

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On avait beaucoup parlé du trio mettant en vedette Tiger Woods, Lee Westwood et Ryo Ishikawa, la sensation japonaise de 17 ans. Westwood et Ishikawa ont bien réagi à la pression et leurs rondes de 68 les laissent en excellente position pour la suite du tournoi. On ne peut en dire autant de Woods. Erratique du tertre au vert, Tiger a visité tous les racoins du parcours en multipliant les signes de frustration et en donnant l'impression de ne pas trop comprendre ce qui lui arrivait. Seul son grand talent lui a permis de sauver une ronde de 71.

L'entraîneur Hank Haney disait que «Tiger était prêt», comme l'écrivait, hier, mon collègue Pierre Ladouceur. Les trois heures qu'il a passées dans le champ de pratique de Turnberry, hier après-midi, laissent plutôt croire que les deux hommes avaient négligé quelque chose dans l'élan de Woods.

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Des conditions clémentes, un vent léger en particulier, ont rendu le parcours plus abordable et une cinquantaine de joueurs en ont profité pour briser la normale. C'est beaucoup. Aujourd'hui, le vent doit changer de direction et on prévoit un peu de pluie.

Le Canadien Mike Weir (67) a encore bien amorcé un tournoi majeur, ajoutant l'unifolié à un tableau des meneurs très international. L'autre jeune sensation du tournoi, l'Écossais Rory McIlroy (20 ans), a joué une ronde en montagnes russes, avec notamment un double boguey, mais il a réussi à s'en sortir sous la normale, à 69. Un autre grand favori du public britannique, John Daly, a comblé ses fans avec une ronde spectaculaire de 68, ponctuée d'un aigle au septième trou, une normale 5 où son deuxième coup a frappé le fanion. Le très coloré (vous avez vu ses pantalons?) joueur américain a remporté l'Open en 1995 à St.Andrews et a souvent bien fait depuis en Grande-Bretagne.

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Revenons à Tom Watson pour terminer. Réputé pour son conservatisme et ses positions de droite, Watson a profité de sa tribune d'hier pour rappeler quelques-uns des changements qu'il aimerait voir adopter aux règles du golf. «Si j'étais commissaire du golf, je réduirais la distance des balles de 10%, j'éliminerais les encoches carrées sur la face des fers et je réduirais le volume des décocheurs d'au moins 40%.»

Comme dans les années 70...