Jouer quatre rondes de golf. C'est tout ce que Vijay Singh doit faire pour empocher 10 millions de dollars cette semaine.

Pas besoin de gagner. Même pas besoin de bien jouer. Il n'y a pas de couperet au Championnat du circuit de la PGA. Seulement 30 joueurs assurés de participer aux rondes finales. Et Singh peut finir derrière chacun d'eux. Son seul défi: éviter la disqualification ou une blessure.

 

Une tendinite au bras gauche l'incommode depuis quelques semaines. Pour ne pas risquer inutilement son magot, il s'est reposé pendant les derniers jours, évitant même de frapper une seule balle. Une rareté pour ce bourreau de travail.

«C'est très agréable, vraiment, de savoir que je dois seulement compléter ma ronde. Depuis trois semaines, on m'a répété des centaines de fois: ne cours pas trop, ne t'entraîne pas trop et jogge sur du terrain plat», a-t-il raconté hier à PGATour.com.

Quant à une possible disqualification, elle ne le priverait même pas automatiquement de son titre. Encore faudrait-il qu'un de ses deux plus proches poursuivants, Sergio Garcia ou Camilo Villegas, gagne le Championnat du circuit.

La deuxième présentation de la Coupe FedEx - les éliminatoires de la PGA - s'annonce aussi peu enlevante que la toute première, l'automne dernier. Là aussi, on connaissait déjà le gagnant, Tiger Woods.

Ça commence mal pour la formule déjà contestée. Car la Coupe FedEx constitue plus une initiative financière qu'une initiative sportive. Retour en 2006. La PGA négocie un très lucratif contrat avec les annonceurs et les télédiffuseurs. Pour eux, les derniers tournois de la saison sont beaucoup moins intéressants, peu prestigieux, boudés par les meilleurs joueurs. L'investissement ne leur paraît pas rentable. D'où l'idée des éliminatoires: créer un nouvel enjeu pour attirer les meilleurs joueurs et les téléspectateurs.

Pas de grand succès jusqu'à présent. Dimanche, les éliminatoires de la Coupe FedEx n'ajouteront rien au Championnat du circuit - tournoi qui était et qui reste fort prestigieux. Si la Coupe FedEx garde les téléspectateurs rivés devant leur téléviseur, ce sera pour vérifier si Singh pourra éviter de se fouler le poignet, de se faire happer par une voiturette électrique ou de mal additionner ses coups en signant sa carte de pointage. Suspense.

Les dirigeants de la PGA, eux, s'inquiètent peut-être un peu. En effet, le titre de champion des éliminatoires vient avec une bourse de 10 millions. Au lieu de donner un chèque, la PGA dépose l'argent dans une caisse de retraite. Le gagnant ne peut toucher directement à la cagnotte qu'à sa retraite ou à ses 45 ans. Woods et Phil Mickelson s'étaient plaints l'année dernière de cette criante injustice.

Singh, lui, doit sourire. Il a 45 ans. S'il le demande, la PGA devra lui verser la somme. Or, d'après nos sources, les États-Unis éprouveraient de petits problèmes de liquidités.

Au sommet à 45 ans

On croyait que Mickelson profiterait de l'absence de Woods pour dominer le golf, mais on a plutôt assisté au réveil d'un vétéran et à la consécration d'un Irlandais.

Le succès de Padraig Harrington ne devrait pas surprendre. Mais celui de Singh étonne un tout petit peu. Le Fidjien a quand même 45 ans. Et il ne se maintient pas seulement. Il s'améliore. Il a gagné la majorité de ses titres - 22 sur 34 - dans la quarantaine.

«En vieillissant, l'élan devient plus court, la rotation diminue, mais pour moi, rien ne semble changer. C'est parce que je m'entraîne très fort pour rester en bonne condition physique. Je joue encore à mon meilleur», a-t-il ajouté.

L'année prochaine, il pourrait égaler le record de Jack Nicklaus, plus vieux vainqueur du Tournoi des maîtres à 46 ans. Ça, ce serait un suspense.