Déjà championne de cinq tournois majeurs à 22 ans, un exploit qu'aucun golfeur, homme ou femme, n'avait accompli avant elle, Yani Tseng domine le golf féminin comme peu de golfeuses l'ont fait avant elle.

Annika Sorenstam, par exemple, avait déjà plus de 30 ans quand elle a remporté son cinquième titre majeur. Et Lorena Ochoa, celle à qui Tseng a succédé au sommet du classement mondial, avait déjà 26 ans quand elle a remporté le premier de ses championnats majeurs.

En fait, Tseng a déjà remporté le tiers du total record de 15 titres majeurs de l'Américaine Patty Berg. Au rythme actuel, elle battra cet exploit avant d'avoir 30 ans...

Malgré son jeune âge, la jeune femme est incroyablement mature. Sa maîtrise de l'anglais, son assurance et son sourire perpétuel lui permettent d'être parfaitement à l'aise sur le circuit féminin, même devant les journalistes.

«J'ai rêvé de devenir la joueuse numéro un au monde depuis que j'ai 12 ans et c'est agréable d'y être parvenu, a reconnu Tseng, hier, en conférence de presse. Je suis rentrée à Taiwan après ma victoire à l'Omnium britannique (il y a trois semaines à Carnoustie) et j'ai dû répondre à plusieurs demandes d'entrevue, effectuer plusieurs séances de photos...»

Immense vedette en Asie, Tseng, comme ses collègues du circuit féminin, n'a pas la même reconnaissance que les vedettes du circuit masculin. «Ça m'arrive d'y penser et j'avoue que cela m'embête un peu, a-t-elle reconnu. Ma fiche parle d'elle-même, mais on ne peut pas y faire grand-chose.

«En fait, de plus en plus de gens s'intéressent au golf féminin et il faut continuer de travailler pour augmenter la visibilité de notre sport. Si je continue de gagner, je serai plus connue. Et c'est bien ainsi...

«L'attention ne me dérange pas, même en compétition, a assuré Tseng. J'aime que les gens me suivent et applaudissent mes bons coups», a poursuivi la golfeuse, qui a fait ses débuts en Amérique du Nord sur le circuit canadien, en 2007.

«Je savais qu'une victoire sur ce circuit permettait d'avoir une exemption pour l'Omnium canadien. Je me suis inscrite dans un tournoi [à Vancouver], j'ai gagné, et j'ai pu débuter sur le circuit de la LPGA à [Edmonton].

«L'Omnium canadien est presque un majeur, a souligné Tseng. Toutes les meilleures joueuses étaient là et, même si j'étais nerveuse, j'ai beaucoup appris. J'ai particulièrement retenu une leçon importante sur l'argent: j'ai commis un double-boguey au dernier trou, perdant quelques places... et plusieurs dizaines de milliers de dollars!»

Des choses à améliorer

Quatre ans, plusieurs victoires et quelques millions plus tard, Tseng apprend toujours. «J'ai l'impression d'avoir encore beaucoup de choses à améliorer dans mon jeu, aussi bien sur le plan technique que sur le plan mental, a-t-elle estimé. Ma puissance et ma confiance en moi sont mes points forts, mais même là, j'ai des choses à améliorer...»

Les rivales de Tseng, que cette déclaration devrait inquiéter, sont plutôt admiratives de son talent. «Ses succès sont une source de motivation pour moi, a expliqué Michelle Wie, mardi. Elle joue avec beaucoup d'assurance depuis deux ans et j'aime penser que je pourrais moi aussi connaître une séquence de victoires dans un avenir proche.»

Paula Creamer a ajouté hier: «Sa puissance est phénoménale et elle peut devenir imbattable quand elle maîtrise ses coups roulés. Elle est très confiante depuis quelques mois et au golf, la confiance est la clé du succès.»

Tseng pense que ses origines l'aident à dominer le circuit féminin. «La compétition est très vive en Asie, simplement pour mériter le droit de participer à des tournois internationaux, a-t-elle expliqué. À Taiwan, en Corée, au Japon, nous sommes des dizaines à viser une place dans les équipes nationales ou dans les circuits professionnels.

«Seules les meilleures parviennent au circuit de la LPGA et c'est au bout de plusieurs années d'effort. Même si nous sommes jeunes, nous avons déjà l'expérience de la pression et de la compétition.»

La golfeuse reconnaît aussi que son âge est un atout. «De plus en plus de jeunes s'illustrent aussi bien chez les femmes que chez les hommes, a-t-elle rappelé. Nous partageons une certaine assurance, une certaine insouciance aussi qui nous permettent de tenter tous les coups... et de les réussir!»