Les Américains avaient une main sur la Coupe Ryder. Ils l'ont bêtement échappée. Les Américains profitaient d'une avance convaincante de 10-6 après les deux journées de compétition par équipe, mais ils ont été incapables de résister à la remontée de leurs adversaires, dimanche.

Une remontée historique, puisqu'elle a permis à l'Europe de venger sa défaite de 1999 à Brookline, au Massachusetts. Les États-Unis avaient alors comblé un recul de 10-6 pour réussir la plus belle remontée victorieuse de l'histoire de la Coupe Ryder.

Martin Kaymer, avec un roulé de six pieds au 18e trou, a permis à l'Europe de savourer cette douce revanche. Sa victoire aux dépens du vétéran Steve Stricker a donné un 14e point à l'Europe. Un point qui était suffisant pour assurer le retour de la Coupe Ryder sur le Vieux Continent.

Dans un match qui n'avait plus de signification, Tiger Woods a échappé l'avance d'un coup qu'il détenait aux dépens de l'Italien Francesco Molinari. Les deux golfeurs ont fait match nul, ce qui a confirmé la victoire finale de 14 ½-13 ½ des Européens contre les Américains, qui mettront du temps à comprendre ce qui leur est arrivé.

Guidés par Seve

Cette victoire espérée, mais inattendue, a semé le délire dans le camp des partisans drapés de bleu, qui se sont mis à hurler, à chanter, à danser devant leurs héros, qui les arrosaient de champagne du haut du balcon du palais servant de chalet au club de golf de Medinah.

Beaucoup moins nombreux que les partisans du Canadien lorsqu'ils remplissent le Centre Bell, les fans européens ont tout de même fait résonner les Olé! Olé! Olé! comme le font les partisans du Tricolore.

Les drapeaux de l'Angleterre, de l'Écosse, de l'Irlande, de l'Allemagne, de l'Italie, de l'Espagne et de la Belgique accrochés au cou, les joueurs européens ont alors donné le coup d'envoi à des célébrations qui se poursuivront plusieurs jours.

«C'est absolument fantastique. Nous étions dans une position précaire, mais nous savions qu'il était possible de réaliser ce que plusieurs croyaient impossible. Nous formons une équipe incroyable. Et avec la complicité de ce grand homme qui était sur nos chandails, je savais que nous pouvions réaliser de grandes choses aujourd'hui. Il a travaillé très fort pour nous aider aujourd'hui», a indiqué Ian Poulter, bougie d'allumage et première étoile de l'équipe européenne.

Photo: AP

Martin Kaymer célèbre son roulé sur le 18e trou qui donnait la victoire à l'équipe européenne.

Ce grand homme dont parlait Ian Poulter est Seve Ballesteros, plus grand golfeur européen de l'histoire et, surtout, l'un des plus grands ambassadeurs de la Coupe Ryder. Mort le printemps dernier, Seve aura malgré tout joué un grand rôle dans la conquête européenne. Il a été au centre de tous les messages de motivation livrés aux joueurs européens. Sa silhouette ornait les sacs des 12 membres de l'équipe, qui portaient également dimanche les couleurs préférées de Seve: le bleu marine et le blanc. Plusieurs messages implorant l'équipe européenne de gagner pour Seve sont aussi apparus dans le ciel bleu de Chicago samedi et dimanche. Ces messages étaient écrits avec des bandes de fumée blanche larguées par des avions suivant des tracés soigneusement étudiés.

«Je suis convaincu qu'il est fier de nous», a affirmé le capitaine José Maria Olazabal, qui n'a pu retenir ses larmes lors d'un bref entretien à la télé européenne après le match. Gardé en joue par les caméras de toutes les chaînes qui télédiffusaient la conclusion du match Kaymer-Stricker, il a d'ailleurs levé les yeux au ciel aussitôt la victoire européenne confirmée.

«José a été un capitaine formidable. Il voulait gagner pour Seve et nous, nous voulions gagner pour lui», a ensuite fait remarquer Graeme McDowell

«Il ne fait aucun doute dans mon esprit que Seve m'accompagnait aujourd'hui. Je n'ai pas joué du très bon golf. Pour gagner, j'ai réussi des coups importants à des moments importants. Sans lui, je n'y serais jamais arrivé», a indiqué Sergio Garcia, qui a remporté les 17e et 18e trous pour signer une victoire serrée contre le vétéran Jim Furyk.

Même si elle a répété l'exploit américain de 1999 à Brookline, la troupe de José Maria Olazabal pourra se vanter d'avoir réalisé le sien en terrain ennemi - ce qui compliquait de beaucoup la tâche.

Après un séjour de deux autres années en Europe, la Coupe Ryder sera remise à l'enjeu en 2014, sur les allées du terrain Gleneagles à Perthshire, en Écosse.

Photo: Reuters

La défaite a été dure à avaler du côté de l'équipe américaine.