Il n'y a pas un psychologue qui ne souligne l'importance de rester dans le présent pour maximiser ses performances. Un concept intelligent, tout simple; mais pour être franc, c'est bien plus facile à dire qu'à faire.

Dans un jeu où la balle ne bouge pas avant qu'on ne lui donne un coup, il y a beaucoup de temps pour errer dans le passé ou dans le futur. «Je rate toujours mon coup ici...Je putt comme un pied depuis un bout de temps... J'ai tellement bien joué avant-hier.» Vous êtes dans le passé. «Si je termine avec deux normales, je joue 38 sur le deuxième neuf... Si je continue comme ça je vais jouer 125... Le Championnat du club est dans une semaine, il faut que j'améliore mes approches.» Vous êtes dans le futur.

 

On est constamment tiraillé entre notre passé, bon ou mauvais, et notre avenir, incertain. Pour moi, entre les deux, l'avenir est bien plus stressant. Le passé, je m'en fous un peu. Je sais de quoi il est fait et je ne pense pas que mon avenir sera une répétition de mon passé, que je referai les mêmes bons coups et les mêmes erreurs dans des situations semblables toute ma vie. Ce serait trop bête! L'avenir m'inquiète bien plus: la crise économique, l'avenir de mes enfants, la vieillesse, le tournoi de la semaine prochaine...

Maintenant, imaginez un instant que vous connaissiez avec une certaine précision l'heure de votre mort. Comment allez vous vivre le temps qu'il vous reste? Je doute que vous allez continuer à faire les mêmes choses de la même manière. Les gens qui se savent condamnés par une maladie accomplissent souvent des choses extraordinaires durant les mois qui leur restent pour la seule et unique raison qu'ils se mettent à vivre intensément, au jour le jour, au présent. Ce que je retire de ceci est qu'il est très facile de rester dans le présent quand il n'y a pas d'avenir.

La fin est proche

L'automne canadien est une saison bien spéciale pour les golfeurs car elle nous offre un avant-goût de la mort, sans sa triste fin. Pour moi, c'est la saison où le golf est le plus enivrant. Les parcours sont en bonne santé, mais la fin est proche et inévitable. On connaît l'heure de notre petite mort (temporaire). Verglas, grésil, neige et glace sont au menu, c'est garanti. Il n'y a aucun avenir pour le golfeur québécois quand le mois d'octobre se pointe, quelques belles journées tout au plus. Et c'est ce qui fait qu'on peut jouer au golf comme on devrait toujours le faire, avec élégance, puissance et fluidité, sans peur et sans retenue. Le truc, maintenant, est de trouver le moyen de garder cet état d'esprit et de frapper chaque coup avec la liberté de ceux qui n'ont pas de futur ou qui, à tout le moins, jouent comme s'ils n'en ont pas.

Coups de coeur

C'est ma dernière chronique de l'année. La tradition est de vous faire part de mes coups de coeur et de mes coups dans l'eau pour la saison qui s'achève, mais je n'ai aucun désir de blesser qui que ce soit, alors il n'y aura aucun coup dans l'eau. Seulement des beaux coups qui fendent l'allée et qui se retrouvent tout près du trou.

Du côté international, il faut retenir la victoire de Tiger Woods à l'Omnium des États-Unis (sur une patte), les deux majeurs remportés par Padraig Harrington et la tenue et les performances des deux équipes dans les matchs de la Coupe Ryder.

Mon coup de coeur local va à Julien Goulet, du club Le Mirage, qui a remporté le Championnat amateur de la province à l'âge de 16 ans, un record.

Je tiens aussi à remercier sincèrement tous ceux qui me disent apprécier cette chronique et tous les autres qui trouvent ça insignifiant, mais qui ne me le disent pas.

Bonne fin de saison et à l'an prochain!

Professionnel au club La Vallée des Forts, Jean-Louis Lamarre est l'un des meilleurs joueurs au Québec.