À 22 ans, et dès sa troisième saison sur le circuit, Jordan Spieth est le nouveau patron du golf mondial après son incroyable année 2015 où il a remporté deux tournois du Grand Chelem et flirté avec la victoire dans les deux autres.

Sur le parcours de Whistling Straits dimanche, Spieth est passé à côté de l'histoire.

Il aurait pu devenir le troisième joueur seulement à remporter trois titres majeurs durant la même année, après Ben Hogan et Tiger Woods, mais il a dû laisser la victoire au Championnat de la PGA à l'Australien Jason Day.

Il en faudrait plus pour contrarier le Texan, beau joueur dans la défaite.

«Je ne pouvais pas mieux jouer. C'était le jour de Jason (Day), il a mérité cette victoire», a insisté le phénomène américain.

Du Spieth tout craché! Il a certes décroché un beau prix de consolation avec l'assurance de déloger lundi le Nord-Irlandais Rory McIlroy de la première place au classement mondial, mais il ne force pas sa nature.

Beau gosse, phénomène de sa discipline, humble et travailleur acharné, il a tout pour plaire et le golf reste pour lui un jeu.

Pour Ellie

«C'était amusant dimanche matin au réveil de savoir que je pouvais me battre pour la victoire finale: j'adore les frissons que cela procure et sentir le soutien du public derrière moi», a-t-il expliqué, tout sourire après sa deuxième place, à trois coups de Day.

Si, par malheur, il devait prendre la grosse tête et perdre sa joie de jouer, sa famille se chargerait aussitôt de le ramener sur terre.

Sa soeur cadette Ellie, en particulier, a une influence déterminante: atteinte d'une forme d'autisme, elle est, selon les propres mots de son frère, «la meilleure chose qui soit arrivée à notre famille».

«Elle me permet de mettre les choses en perspective et de me rendre compte que j'ai de la chance d'être sur le circuit» a-t-il confié récemment à un magazine américain.

Les annonceurs, séduits par ce gendre idéal et par son incroyable potentiel sportif, se l'arrachent.

L'équipementier américain Under Armour, qui tente de se faire une place entre les géants Nike et Adidas, lui a fait signer en janvier un contrat de dix ans.

Ses partenariats ne lui rapportent «que» cinq à six millions de dollars - à ajouter aux 10 millions en gains sur le circuit en 2015 -, loin encore de ce que touche Tiger Woods, qui reste le golfeur le plus célèbre et riche de la planète.

«Une très, très bonne année»

Les comparaisons entre les deux phénomènes sont inévitables, mais tournent petit à petit en faveur du cadet.

Affable avec les journalistes et les spectateurs quand Woods limite ses contacts avec le public au strict minimum, fiancé à Annie Verret, son amour de jeunesse quand «le Tigre» a défrayé la chronique avec ses liaisons extra-conjugales et son acrimonieux et très public divorce, Spieth grappille aussi du terrain sur les verts.

Il est certes encore loin des 14 titres majeurs, 79 victoires sur le circuit de la PGA ou 683 semaines passées à la première place mondiale de son illustre aîné, mais Spieth commence à l'éclipser.

Avec ses victoires au Tournoi des Maîtres et à l'Omnium des États-Unis, sa quatrième place à l'Omnium britannique en juillet et sa deuxième place dimanche, il a réussi le meilleur pointage cumulé en Grand Chelem (-54) sur une année de l'histoire, soit un coup de mieux que Woods en 2000.

C'est l'un des records dont il a dépossédé cette année l'ancien roi du golf, égaré désormais à la 278e place du classement mondial.

«2015 a été un très très bonne année, car j'ai atteint l'un de mes objectifs que personne ne pourra m'enlever: j'ai été numéro 1 mondial», a résumé la nouvelle cocheluche du sport américain.