On rappelait jeudi que personne n'allait gagner le Tournoi des Maîtres en première ronde, mais que plusieurs allaient le perdre. De fait, on a eu droit à un joyeux ménage parmi la longue liste des favoris.

Tout le monde est gagnant à Augusta... le jeudi matin!

Le Canadien Graham DeLaet, qui espérait répéter les exploits de son compatriote Mike Weir, champion en 2003, a commis un 80, l'une des pires rondes de sa carrière. Le joueur de 32 ans a commis 8 bogueys - 7 sur les 6 premiers trous - et n'a réussi aucun oiselet.

L'Américain Jason Dufner, vainqueur du dernier tournoi majeur, le Championnat de la PGA, a remis une carte identique après avoir pourtant joué la normale (36) sur le premier neuf. Dufner a surtout erré au 13e trou, quand il a commis un quadruple boguey 9.

« Du golf de merde, a-t-il résumé. Au 13e, j'ai raté le vert de justesse. J'ai ensuite frappé ce que je croyais être un bon chip, mais la balle a roulé dans l'eau... La marge est vraiment mince entre un bon coup et un moins bon. Et ici, chaque erreur entraîne un boguey, un double... ou un neuf! »

Zach Johnson (+6), Angel Cabrera (+6), Dustin Johnson (+5), Phil Mickelson et Justin Rose (+4) ont aussi sérieusement hypothéqué leurs chances. Seulement 19 joueurs ont réussi un pointage sous la normale (72), alors que 22 ont signé des cartes de 77 ou plus...

Les conditions étaient pourtant idéales, jeudi en Géorgie, avec un beau soleil et une température agréable. Mais derrière sa beauté, le parcours d'Augusta cache un redoutable monstre. Aucun joueur ne peut se permettre de l'oublier.

Scott en bonne position

C'est l'Américain Bill Haas qui occupe le premier rang provisoire grâce à une superbe ronde de 68, quatre coups sous la normale. « J'ai réussi un bon coup roulé sur le vert du premier trou et cela m'a calmé, a-t-il expliqué. J'ai ensuite réussi plusieurs bons coups roulés, pour des oiselets (6), mais aussi pour sauver des normales. Je ne pouvais rêver d'un meilleur départ. »

Haas est le fils de Jay Haas, qui a pris part à 22 Tournois des Maîtres, sans jamais l'emporter. « Mon père m'a évidemment beaucoup inspiré, mais je ne me souviens pas avoir frappé un coup dans un tournoi en me disant: «Ce coup-là, c'est pour mon père!» Par contre, je me suis souvent dit: «J'aimerais bien que mon père frappe ce coup à ma place!» 

C'est probablement l'Australien Adam Scott qui a réussi la plus belle opération de la journée. Il est toujours émouvant de revenir sur les lieux de sa première grande victoire et la pression prend souvent le dessus. Scott s'en est plutôt nourri.

«C'était vraiment excitant, a-t-il souligné. Le degré de respect que tous les amateurs ont pour le golf et pour ce tournoi est extraordinaire. L'accueil du public était incroyable sur tous les trous, surtout au 12e - celui que je garderai en mémoire -, quand tous les gens se sont levés pour m'applaudir.

«Et j'ai répondu en frappant ma balle dans l'eau! À part ce coup, qui m'a coûté quelques coups, je suis vraiment heureux de mon jeu aujourd'hui. C'est vraiment de cette façon que j'espère jouer dans tous les tournois majeurs, en particulier ici.»

Seulement trois joueurs - et non des moindres - ont défendu leur titre avec succès à Augusta: Jack Nicklaus (1965-1966), Nick Faldo (1989-1990) et Tiger Woods (2001-2002).

Couples, encore

À 54 ans, Fred Couples reste un redoutable concurrent à Augusta. Le champion du tournoi en 1992 a toujours terminé dans le Top 15 depuis qu'il a 50 ans. Il était co-meneur après deux rondes en 2012 et se retrouve encore dans le groupe de tête cette année.

« C'est curieux parce que je ne jouais pas très bien cette semaine à l'entraînement, a-t-il affirmé. Mais c'est souvent comme ça à Augusta: quand arrive le jeudi, on dirait que je retrouve mes repères des années précédentes et que tout devient plus facile, bien que ce ne soit pas vraiment "facile" ici... »

Le «Big Three» au départ

Plus tôt jeudi matin, le Tournoi des Maîtres 2014 a été officiellement lancé par trois coups de départ en plein centre de l'allée, bien que pas très loin.

Arnold Palmer, Gary Player et Jack Nicklaus ont frappé les coups de départ cérémoniaux alors que les amateurs étaient déjà agglutinés de chaque côtés de l'allée. Toujours compétitif après toutes ces années, Nicklaus s'est élancé le dernier et sa balle a dépassé celle de Player d'environ une verge.

Le «Big Three» a remporté 13 vestons verts au total, dont sept consécutifs au début des années 1960.

Ce Tournoi des Maîtres est beaucoup moins prévisible. Sans Tiger Woods, qui se remet d'une opération au dos, ou une figure dominante, il est perçu comme le plus accessible des dernières années. Mais cette «impérvisibilité» ne date pas d'hier: anxieux de chausser les souliers de Woods, les vedettes du circuit se sont divisés les 24 derniers tournois majeurs, remportés par 21 golfeurs différents.

Jason Day, Sergio Garcia et l'ex-gagnant du tournoi Zach Johnson sont les seuls joueurs du top-10 à avoir signé la victoire n'importe où sur la planète cette saison. Un seul des sept derniers vainqueurs sur le circuit de la PGA faisait partie du top-75.

Il ne faudra pas compter Phil Mickelson pour battu. Vainqueur de l'Omnium britannique en 2013 à l'âge de 42 ans, Mickelson a maintenant la chance de rejoindre Woods et Palmer avec un quatrième veston vert. Et pourquoi pas Adam Scott? Le vainqueur en 2013 tentera de grimper au premier rang mondial et rejoindre Woods, Nick Faldo et Nicklaus, seuls golfeurs à avoir remporté le Tournoi des Maîtres deux années de suite.

Fuzzy Zoeller est la dernière recrue à avoir remporté le tournoi dsputé sur les allées du Augusta National, en 1979. Cette année, 24 des 98 golfeurs disputeront le tournoi pour la première fois - un record -, dont Jimmy Walker, qui compte le plus de victoires cette saison avec trois.

- Associated Press