Rarement le Tournoi des Maîtres a-t-il paru aussi ouvert que cette année. L'absence de Tiger Woods semble avoir ravivé les ambitions de tous les autres prétendants au titre, et ils sont nombreux!

Adam Scott, Rory McIlroy, Matt Kuchar, Patrick Reed: la liste des «favoris» est très longue. Pas moins de 24 joueurs disputent le tournoi pour la première fois de leur carrière, un record dans l'histoire du tournoi, et certains d'entre eux ont des chances sérieuses de victoire.

Ce matin, avant le début de la compétition, même le plus modeste des 97 joueurs invités croit secrètement qu'il peut l'emporter. De toute façon, tous ces golfeurs sont déjà gagnants - et nous aussi, qui aurons la chance de suivre leurs exploits.

Déjà attendu avec impatience chaque année par tous les amateurs de golf, ce 78e «Masters» pourrait bien être l'un des plus spectaculaires de tous les temps.

Comme toujours, le parcours du club Augusta National a revêtu ses plus belles couleurs, et tout est en place pour quatre jours de magie. La compétition culminera dimanche après-midi, quand les meneurs aborderont le fameux «Amen Corner» et qu'on verra ce qu'ils ont dans le ventre.

Mais attendons avant de goûter ce plaisir et concentrons-nous sur les premières rondes, sur le spectacle pur des meilleurs joueurs du monde confrontés à l'un des parcours les plus exigeants.

Comme nous le rappelait cette semaine Marc Villeneuve, un amateur québécois présent à Augusta, «Tiger n'est pas là, mais Ben Hogan n'est pas là non plus! Il faut se concentrer sur les champions actuels et, croyez-moi, ils sont vraiment incroyables!»

Le niveau de jeu a en effet explosé depuis quelques années. En bien meilleure forme que les golfeurs des générations précédentes, les joueurs frappent toujours plus loin, toujours plus haut, sans toutefois sacrifier la finesse autour des verts.

Phil Mickelson racontait cette semaine à quel point l'équipement traditionnel n'était plus adapté aux besoins des joueurs. «Depuis 6 ou 7 ans, je n'ai jamais eu à frapper un coup entre 90 et 130 verges à Augusta», a expliqué le triple champion du tournoi.

«Pensez-y, ça fait un trou de 40 verges et ça me permet de retirer deux cocheurs de mon sac, deux bâtons que je n'utiliserai pas, et de les remplacer par deux bâtons spéciaux. L'un d'eux sera sûrement un cocheur de 64 degrés, l'autre, je ne sais pas encore...»

Tout se joue sur les verts

Tous les joueurs vont ainsi jongler avec leurs bâtons, modifier certains réglages, expérimenter certains matériaux. Mais ils vont aussi espérer n'avoir rien à changer à l'un de ces bâtons: le fer droit!

Car à Augusta aussi, tout se joue sur les verts. Guy Carbonneau - un excellent golfeur en plus de ne pas avoir été un vilain joueur de hockey - nous disait cette semaine que la difficulté des verts était la chose qui l'avait le plus surpris quand il a joué à Augusta. Et il avait pourtant une bonne idée de ce qui l'attendait.

«Certains coups roulés sont carrément impossibles si ta balle n'est pas dans la bonne partie du vert, insistait-il. C'est dur à imaginer quand on regarde cela à la télévision, mais les verts d'Augusta sont impitoyables.»

De nombreux concurrents du «Masters» peuvent confirmer - déconvenues à l'appui - les dires de Carbonneau. Et, dimanche, plusieurs vont encore regretter cette année les petits coups roulés ratés des premières rondes quand ils ne seront qu'à un ou deux coups de la première place...

Le Tournoi des Maîtres se gagne sur le neuf de retour de la dernière ronde, on l'a dit, mais il se perd à compter d'aujourd'hui.

Le dos de Tiger, les muscles de Phil, le pouce de Jason

En temps normal, Tiger Woods, Phil Mickelson et Jason Day auraient été en tête de notre liste des favoris du Tournoi des Maîtres. Mais pas cette année.

Le premier n'est même pas à Augusta, tandis que les deux autres sont loin de leur meilleure forme.

Même s'il n'est pas là, Woods continue pourtant de faire les manchettes. Après le pire début de saison de sa carrière, le golfeur de 38 ans a préféré renoncer à son tournoi majeur préféré afin de subir une microdiscectomie pour régler les problèmes de spasmes musculaires au dos qui le gênaient depuis plusieurs mois.

Woods n'a pas voulu spéculer sur la date de son retour au jeu. Il a seulement indiqué qu'il serait absent «pendant plusieurs semaines». Son bon ami Notah Begay a toutefois révélé que le golfeur espérait prendre part au tournoi Memorial, à compter du

29 mai, deux semaines avant l'Omnium des États-Unis.

L'objectif semble toutefois irréaliste aux yeux du Canadien Graham DeLaet, qui a subi en janvier 2011 la même intervention à un disque du dos. «Je croyais moi aussi revenir au jeu après quelques mois, mais j'en ai eu pour toute la saison avant de m'en remettre», a souligné DeLaet, la semaine dernière, en conférence téléphonique.

«Tous les joueurs réagissent de façon différente et peut-être Tiger pourra-t-il revenir plus tôt. Mais il devra être patient et ne pas prendre de risques avec son dos. Encore aujourd'hui, trois ans après l'intervention, je ne suis pas à 100% et je ne crois pas y revenir un jour.»

Des vedettes mal en point

Mickelson, qui a remporté trois titres à Augusta, s'est étiré un muscle de la cage thoracique il y a quelques semaines et n'a pu préparer le tournoi comme il en a l'habitude. Même s'il a assuré en conférence de presse qu'il était rétabli, il devra le prouver en début de tournoi.

Day, qui a terminé 2e en 2011 et 3e l'an dernier, est gêné par un ligament au pouce gauche et lui aussi a dû rater des tournois et réduire sa préparation pour le premier tournoi majeur de la saison.

Notons toutefois que Mickelson et Day restent de redoutables concurrents. Leur seule présence à Augusta constitue une menace pour les autres golfeurs, et qui sait si l'un des deux ne réussira pas à oublier sa blessure juste assez longtemps pour rafler le veston vert.

Reuters

Tiger Woods à Augusta en 2013.