Ceux qui ont remporté l'Omnium britannique sur les allées de Muirfield ne sont pas légion. On risque davantage de croiser leur nom sur un bulletin de vote pour le Temple de la renommée qu'au bas d'une liste provenant d'un preneur aux livres. Le parcours n'a jamais été reconnu pour sourire aux négligés, ce qui pourrait être de bon augure pour Tiger Woods.

Malgré tout, Woods n'était pas en mesure d'identifier un négligé quand on lui a parlé de la tendance qu'a Muirfield de couronner de gros noms. Car selon lui, si un négligé est quelqu'un qui n'a jamais remporté un majeur, alors les paris sont annulés.

«Je crois que presque tous les gagnants des tournois du Grand Chelem des cinq dernières années n'en avaient jamais gagné un auparavant, a-t-il dit. Il y a beaucoup de profondeur sur le circuit maintenant et l'écart entre le premier et le dernier golfeurs à prendre part à un tournoi n'est plus aussi important. Il est très mince.»

Pas moins de 18 golfeurs ont remporté les 20 derniers tournois majeurs, le plus grand éventail de champions en 25 ans. Quatorze d'entre eux n'avaient jamais mis la main sur une épreuve du Grand Chelem.

Il ne s'agit peut-être pas d'une coïncidence si Woods a parlé de la tendance des cinq dernières années, puisque c'est au cours de cette période qu'il a cessé de gagner des tournois majeurs.

«C'est sûr qu'il y a un lien entre le nombre de gagnants et le fait que Tiger n'en gagne plus, a expliqué Graeme McDowell. Parce qu'on sait tous que lorsque l'envie lui prend, il en gagne quelques-uns. Je crois que la période de quelques années au cours de laquelle Tiger a été absent de quelques tournois a donné la chance à plusieurs golfeurs de démontrer à quel point le sport est en santé, de prendre confiance en leurs moyens et de remporter les gros tournois.

«Mais je crois que Tiger est celui qui a fait élever le jeu de tout le monde d'un cran. Il a assurément mis la barre très haute.»

Les temps ont bien changé depuis que l'Omnium britannique s'est arrêté pour la dernière fois à Muirfield, en 2002. À l'époque, la question était de savoir si Woods allait gagner les quatre majeurs la même année. Onze ans plus tard, pas un seul tournoi du Grand Chelem n'est joué sans qu'on lui demande quand il va en gagner un autre, n'importe lequel.

Woods n'a pas gagné depuis 16 tournois majeurs en cinq ans, soit depuis sa victoire en prolongation à l'Omnium des États-Unis de 2008, à Torrey Pines, son 14e titre en tournois majeurs, quatre de moins que le record de Jack Nicklaus.

Il devient sur la défensive quand on lui demande si sa confiance est affectée. Mais il n'a pas de réponse pour expliquer pourquoi il semble pouvoir gagner partout sauf dans les majeurs.

«Je crois qu'il ne s'agit que d'un coup par-ci, par-là. C'est de se sortir d'impasse dans un moment-clé ou d'obtenir un bond favorable. De profiter de ses chances un peu plus souvent.»

Il a parlé du 15e trou à normale 5 à Augusta dans la deuxième ronde du dernier Tournoi des Maîtres, alors qu'il aurait pu prendre la tête quand son coup de cocheur d'allée s'est retrouvé sur la tige pour rouler jusque dans l'obstacle d'eau. Il a alors inscrit un bogey, qui est devenu un triple bogey quand on a découvert qu'il avait mal replacé sa balle. Il n'a jamais vraiment été dans le coup pour le reste du week-end.

«Ce n'est pas grand chose. Ça peut se passer pendant la première ronde, comme ça pourrait arriver dans la dernière. Mais il faut faire tourner le vent au bon moment et profiter d'une occasion. C'est ce que vous devez faire pour remporter un tournoi du Grand Chelem.»

Peut-être a-t-il besoin d'un peu de chance.

«J'ai eu une bonne saison jusqu'ici: j'ai gagné quatre fois, a dit Woods, de nouveau sur la défensive. Même si je n'ai pas gagné un tournoi majeur en cinq ans, j'ai été dans le coup dans quelques-uns de ceux-ci. C'est ce que je dois continuer de faire: m'assurer d'être dans le coup et éventuellement, j'en gagnerai un.»