N'eût été l'entrevue incriminante que Tiger Woods a accordée après sa ronde, vendredi, le Tigergate qui a porté ombrage à la très belle journée et à la troisième ronde du 77e Tournoi des Maîtres serait mort dans l'oeuf. Il se serait limité à une plainte faite par un téléspectateur qui a appelé un membre du Comité de compétition à Augusta pour lui signaler l'infraction constatée au 15e trou.

Comme ils le font toujours lorsque les images captées par les caméras de leur diffuseur relèvent une possible infraction, les membres d'Augusta ont regardé le coup litigieux sous tous les angles.

Ils n'ont rien relevé d'anormal.

Il y avait bien cette marque, deux enjambées devant l'endroit où Tiger a laissé tomber la balle qu'il remettait en jeu. Mais personne n'aurait pu jurer que cette marque était bien celle laissée par le cocheur utilisé par Tiger pour frapper son troisième coup. Un coup trop parfait alors que la balle a ricoché sur la tige avant de rouler jusque dans l'eau en contrebas du vert de cette normale cinq.

Après avoir frappé ce coup qui l'a privé sans doute d'un oiselet qui l'aurait alors propulsé seul en tête et plus près de son rêve d'enfiler un 5e « Green Jacket », Woods avait plusieurs options.

Il pouvait frapper dans l'aire d'allégement indiquée sur le terrain. Il pouvait frapper près de l'eau en ligne droite avec le point d'entrée de sa balle dans l'obstacle de l'autre côté du plan d'eau. De son propre aveu, Tiger n'aimait pas l'angle d'attaque et la texture du gazon à ces deux endroits.

Il a donc décidé, comme il le pouvait d'ailleurs, de retourner à son point d'origine où l'attendait son cadet qui n'avait pas bougé pour s'assurer de respecter la règle régissant les procédures de remise en jeu.

C'est en remettant la balle en jeu quelques verges derrière que Woods a triché. Mais c'est en expliquant la stratégie qui se cachait derrière son geste illégal qu'il s'est livré pieds et poings liés aux autorités, qui l'ont pénalisé de deux coups, sans toutefois oser le disqualifier.