L'Américain Bubba Watson a remporté de façon spectaculaire et émouvante le Tournoi des Maîtres, dimanche, en disposant en prolongation du Sud-Africain Louis Oosthuizen. Watson a triomphé au deuxième trou de prolongation après un superbe coup d'approche exécuté au milieu d'un boisé.

«Dans mes rêves, je ne me rendais jamais au moment où je devais parler, a raconté le golfeur de 33 ans, la voix brisée par les sanglots, en recevant son veston vert des mains du champion de l'an dernier, Charl Schwartzel. Ce sera une bénédiction de rentrer à la maison pour retrouver mon épouse Angie et notre fils Caleb (un bébé que le couple a adopté récemment).»

Très intense en compétition, très croyant aussi, Watson trainait depuis plusieurs saisons la réputation de n'être qu'un long cogneur, mais il a réalisé de grands progrès depuis 2010, quand il avait déjà failli s'imposer en tournoi majeur lors du Championnat de la PGA. Il frappe toujours la balle aussi loin, mais il est devenu l'un des joueurs les plus habiles pour improviser des coups autour des verts.

Après avoir raté deux chances de l'emporter au 18e trou, en fin de quatrième ronde puis en prolongation, Watson semblait avoir tout perdu en frappant son coup de départ dans un boisé au deuxième trou de prolongation. Mais Oosthuizen a aussi raté son coup et il n'a pu atteindre le vert en deux coups.

Watson a alors tenté un coup risqué, un long crochet au milieu des arbres, et il a placé sa balle à une dizaine de pieds du trou. «J'avais déjà eu à frapper un coup semblable au 10e plus tôt dans la journée et je savais que je pouvais le réussir. J'étais quand même surpris de voir la balle s'arrêter si près du trou.

«Louis (aussi son partenaire de jeu en quatrième ronde) avait réussi un coup extraordinaire au deuxième trou, alors que j'avais fait trois roulés au premier trou, a rappelé Watson. Mais je me suis accroché, j'ai pris confiance sur le deuxième neuf avec quatre oiselets consécutifs à partir du 13e et je me suis retrouvé en prolongation...»

Un coup historique

C'est toutefois Oosthuizen qui a réussi le coup de la journée, un albatros - trois coups sous la normale - au deuxième trou, en calant un coup de 253 verges frappé avec un fer 4.

Cet exploit, encore plus difficile qu'un trou d'un coup, n'avait jamais été réussi au deuxième trou à Augusta et seulement trois fois dans l'histoire du tournoi.

Oosthuizen s'est ainsi placé au premier rang et l'a conservé jusqu'au... 74e trou. «Il m'a manqué un petit quelque chose, a-t-il estimé. Au dernier trou, j'aurais dû jouer plus prudemment. Cela dit, j'ai bien frappé la balle toute la semaine et je suis confiant pour la suite de la saison.»

Révélé en 2010 en remportant l'Omnium Britannique par pas moins de sept coups sur le réputé Old Course de St.Andrews, le golfeur de 29 ans a tardé à confirmer son talent par la faute d'une blessure à la cheville gauche. Sa performance du week-end - les analystes n'ont pas hésité à comparer son jeu à celui du grand Sam Snead - confirme qu'il faudra compter sur lui dans les autres tournois majeurs.

Amorçant la journée à un coup du meneur, le Suédois Peter Hanson, l'Américain Phil Mickelson était le favori pour enlever un quatrième titre à Augusta. Il a toutefois gâché toutes ses chances avec un triple boguey au quatrième trou, son deuxième du tournoi, qui l'a alors laissé à cinq coups de la tête. Le gaucher a bien tenté un retour, mais il a échoué à deux coups de la prolongation, à égalité au troisième rang avec Hanson, l'Anglais Lee Westwood et l'Américain Matt Kuchar. «C'est décevant, a avoué Mickelson. Ma balle a frappé une estrade et s'est retrouvée dans une position impossible. Eut-elle été dans la foule ou dans la fosse de sable que j'aurais pu m'en sortir... Mais même après ce triple (-boguey), je croyais encore en mes chances. J'ai toutefois raté plusieurs coups roulés sur le neuf de retour.»

Woods et McIlroy n'ont jamais été dans le coup

Les deux favoris pré-tournoi, Tiger Woods et Rory McIlroy, n'ont jamais été dans la lutte au cours du week-end et ils ont complété la compétition à 15 coups du champion après des rondes finales respectives de 74 et 76.

Woods, qui n'avait jamais aussi mal fait à Augusta, a reconnu qu'il n'avait jamais été à l'aise avec ses coups de départ et de fers. «Je n'ai rien fait sur les normales 5, guère mieux sur les normales 3. J'ai réussi de bons coups sur les verts, mais c'était pour sauver des normales.»

McIlroy était bien placé après deux rondes, mais il s'est sorti de la course samedi avec une ronde de 77, comme son partenaire de jeu Sergio Garcia, auteur lui d'un 75.

«Je n'étais plus dans la course après le neuf d'aller samedi, a expliqué le joueur de 22 ans, auteur d'un 42 sur ces neuf trous en troisième ronde. Ce n'est pas la semaine que j'espérais, mais je serai de retour l'année prochaine pour tenter à nouveau de gagner ce tournoi.»

Plus pathétique encore, la déconfiture de l'Espagnol Sergio Garcia l'a amené à déclarer, après la troisième ronde, qu'il n'était tout simplement «pas assez bon» pour espérer gagner un jour à Augusta ou dans un tournoi majeur.

«Après 13 ans d'efforts, j'en viens à la conclusion que je dois jouer pour la deuxième ou la troisième place...» Un bien triste aveu de la part d'un joueur de 32 ans, qui a pourtant gagné près d'une vingtaine de tournois partout dans le monde.

Comme quoi, même les plus beaux parcours de golf peuvent être de cruels mangeurs d'hommes.

Photo: AFP

Bubba Watson a réussi un superbe coup d'approche au milieu d'un boisé au deuxième trou de prolongation.