Darren Clarke a remporté dimanche une des victoires les plus populaires de l'histoire de 140 ans de l'Omnium britannique. L'Irlandais du nord de 42 ans, qui participait à son 20e omnium, a fait fi des conditions et d'une charge héroïque de l'Américain Phil Mickelson pour s'imposer avec un cumulatif de 275 (-5) et une priorité de trois coups.

Clarke, qui a surtout brillé en Coupe Ryder et dans les compétitions par trou (match-play) est un redoutable spécialiste des links britanniques et des conditions difficiles. Fumeur invétéré ( la BBC, responsable de la télédiffusion, tentait de le cacher...), bon vivant (samedi, il jurait ne pas vouloir trop boire lors de son dîner...), il est devenu un héros en Grande-Bretagne en 2006 en revenant à la compétition, encouragé par ses coéquipiers de la Coupe Ryder, quelques mois après le décès son épouse Heather des suites d'un cancer.

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«Cette victoire est un merveilleux cadeau», a-t-il simplement dit, la voix trahie par l'émotion, quand on lui a rappelé cette épreuve. Plus tard, en conférence de presse, il a expliqué : «Vous savez ce que j'ai vécu, plusieurs d'entre vous étaient là, en 2006, et vous comprenez qu'il n'y a pas de mot pour décrire ce que je ressens... Heather veille sur moi.

«Je pense aussi à mes fils (Tyone et Conor), qui jouaient au golf à Royal Portrush aujourd'hui - ils étaient sûrement mieux là qu'ici - et qui ont vécu cela à la télé. Ils comprennent eux aussi, j'en suis certain...»

Retrouvant sa bonne humeur, le gaillard de 6'2' et bien plus de 225 livres a promis de célébrer dignement cette victoire avec ses parents et sa fiancé Alison Campbell, une ancienne Miss Irlande du Nord.

«J'ai attendu longtemps pour remporter cette victoire et je mentirais si je disais que j'y ai toujours cru», a-t-il avoué, pendant qu'on lui servait une première Guinness.

«Mais tout s'est déroulé comme dans un rêve cette semaine. J'ai tout de suite été à l'aise en arrivant ici. Je ne me souviens pas avoir aussi bien frappé la balle du tertre au vert et j'ai retrouvé mon fer droit aujourd'hui. À la fin, je me suis appliqué à ne pas commettre d'erreurs bêtes.»  

Seul joueur à n'avoir jamais joué au-dessus de la normale (68, 68, 69 et 70), Clarke a été solide comme un roc, ne ratant pratiquement aucun coup, sur les verts en particulier, jusqu'à ce qu'il ait assuré sa victoire.

Disputée avec un vent soufflant en rafales et des averses, souvent violentes, entrecoupées de petites périodes ensoleillées, la dernière ronde a été comme prévu un formidable test d'endurance. Tour à tour, Sergio Garcia, Chad Campbell, Simon Dyson et finalement Phil Mickelson ont tenté des poussées.

Le gaucher américain avait d'ailleurs rejoint Clarke au 11e trou, après avoir déjà retranché six coups à la normale, mais il a commis quatre bogueys sur le neuf de retour et s'est finalement contenté d'une ronde de 68 (-2).

Le partenaire de jeu de Clarke, l'Américain Dustin Johnson, qui avait amorcé la journée à un seul coup de la tête, s'est vite retrouvé en déficit de trois coups et il a perdu ses dernières chances au 14e trou en frappant son deuxième coup hors limite. Il n'a plus jamais été en mesure de viser autre chose que la deuxième place, qu'il a finalement dû partager avec Mickelson.

Un seul autre joueur, le Danois Thomas Bjorn, a réussi à inscrire un cumulatif inférieur à la moyenne, -1. Trois Américains, Rickie Fowler, Anthony Kim et Chad Campbell ont joué la normale, offrant ainsi aux États-Unis cinq des sept premières places.  

Le public n'en avait pourtant que pour son héros, Darren Clarke, qui a donné à l'Irlande du Nord un deuxième titre majeur consécutif après celui remporté à l'Omnium des États-Unis pour le jeune Rory McIlroy. Dimanche, ce dernier s'est contenté d'un 73 et d'une lointaine 25e place, mais il était parmi les premiers à saluer et à fêter la victoire de son mentor.

La soirée s'annonçait longue dans les pubs de Grande-Bretagne et Darren Clarke lui-même promettait d'être au premier rang des célébrations.