Le 140e Omnium britannique sera encore cette année bien davantage un marathon qu'un sprint. Qu'importe qui jouera 65 ou 66 aujourd'hui ou demain, c'est celui qui brisera la normale sur le neuf de retour, dimanche après-midi, qui remportera le tournoi.

Les parieurs ont fait de Rory McIlroy leur favori, devant Lee Westwood, Luke Donald et Martin Kaymer. Le jeune Irlandais du Nord a l'élan et l'assurance pour prétendre au titre. Hier matin, il a disputé sa seule ronde d'entraînement de la semaine en compagnie de son mentor, Darren Clarke, et des Sud-Africains Louis Oosthuizen et Charles Schwartzel, champions en titre de l'Omnium et du Tournoi des Maîtres, qui sont eux aussi des favoris cette semaine.

Le quatuor, qui s'est élancé à 6h50, avait visiblement misé gros sur la partie et une foule importante s'est vite assemblée autour de lui. Détendus, souriants, les quatre champions ont multiplié les bons coups, mais ils ont eu des ennuis à trouver leur rythme sur les verts.

Vrai que les conditions n'étaient pas celles du tournoi et que la «pression» était d'une autre nature, mais ils ont déjà pu évaluer ce qui les attend à compter d'aujourd'hui. Après la partie, tous ont d'ailleurs passé plus d'une heure sur le vert de pratique.

Oosthuizen, étonnant vainqueur à St. Andrews l'an dernier, n'a rien perdu de sa précision, même dans le vent des derniers jours. «C'est évidemment plus difficile quand ça souffle à 50 ou 60 km/h, a-t-il expliqué, mais je crois que je peux me débrouiller dans de telles conditions. Il ne suffit pas d'être précis, il faut l'être de plusieurs façons. J'aime bien ce style de golf...»

Le golfeur de 28 ans a avoué qu'il avait régulièrement voyagé avec la fameuse Claret Jug, trophée remis au vainqueur de l'Omnium. «Je n'ai rien fait de déplacé, a-t-il assuré. Je l'ai amenée au petit club où j'ai appris à jouer, à Albertinia, un parcours de neuf trous avec des verts en sable et en terre battue. Il n'y a que 42 ou 43 membres, tous des fermiers, et j'ai pu leur montrer ce trophée. C'était assez spécial...»

Oosthuizen a avoué qu'il sera un peu soulagé au terme de la semaine. «Je n'échangerais cette victoire pour rien au monde, évidemment, mais ce sera bien de passer à autre chose et de ne plus être seulement reconnu comme le vainqueur de l'Omnium... à moins que je le gagne encore!»

Schwartzel n'a visiblement pas les mêmes dispositions que son compatriote pour les links britanniques et il n'a pas joué depuis l'Omnium des États-Unis, comme McIlroy. «Je n'aime pas beaucoup le mauvais temps, a-t-il reconnu. J'ai décidé de ne pas jouer à l'Omnium d'Écosse parce qu'on prévoyait de la pluie - il y a effectivement eu un déluge - et je n'ai eu que 27 trous pour me remémorer le parcours.»

Moins en évidence cet été, l'Allemand Martin Kaymer est toutefois très régulier. Tôt hier matin, il a joué une ronde d'entraînement au pas de course. «C'est parfois plus calme le matin, mais ce n'était pas le cas aujourd'hui, s'est-il plaint sur un ton badin. Je pense être prêt. Le but sera de survivre jusqu'à dimanche après-midi. Rendu là, on verra bien...»

Enfin un Anglais

Aucun joueur anglais n'a remporté l'Omnium britannique depuis Nick Faldo en 1992. Un Irlandais, un Écossais, un Sud-Africain et un Australien ont réussi, mais pas un Anglais. Lee Westwood, joueur anglais le plus performant des dernières années, n'a toujours pas remporté un titre majeur à 38 ans.

Plusieurs croient qu'il a de bonnes chances d'y parvenir cette semaine. «Je crois que je suis en meilleure forme actuellelment que je ne l'ai été depuis plusieurs mois, a souligné celui qui a été ralenti par une blessure l'été dernier. J'ai bien préparé ce tournoi, j'ai joué quelques rondes d'entraînement en milieu d'après-midi, à l'heure où j'espère jouer dimanche...»

Très confiant, Westwood se méfie néanmoins du parcours du Royal St. George. «C'est un parcours où il faut accepter les mauvais bonds et les coups du sort, un parcours frustrant qui met à rude épreuve les nerfs des concurrents.»

Quand on lui a demandé où il classait le Royal St. George parmi les parcours de la rotation de l'Omnium, Westwood a répondu: «Cette semaine, c'est mon préféré! Il ne faut pas penser autrement, sinon, on laisse le parcours prendre le dessus et il n'y a plus rien à faire...»

Westwood n'aime pas beaucoup jouer la carte du «nationalisme» anglais, rappelant qu'il est aussi très proche de l'Irlandais Padraig Harrington et de l'Irlandais du Nord Graeme McDowell, mais il a admis: «Saint Georges est le patron des Anglais. Peut-être nous donnera-t-il un petit coup de pouce sur un parcours qui porte son nom?»