À l'image de son célèbre 17e trou, le parcours du club TPC à Sawgrass exige des golfeurs une grande précision.

Les longs cogneurs n'ont aucun avantage ici, au contraire, même. L'architecte Pete Dye a truffé chacun des trous de nombreux obstacles qui dérangent les golfeurs lorsqu'ils arrivent sur le tertre de départ.

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On a souvent parlé des obstacles d'eau, des dizaines de fosses de sable, des allées étroites ou des gradins naturels qui constituent autant de distractions visuelles avant de devenir des pièges coûteux. Le parcours du TPC est ce que les Américains appellent «A Second Shot Course», ce qui signifie que ce sont les deuxièmes coups qui y font la différence.

Le nom de l'Anglais Luke Donald revient constamment quand on consulte les listes de favoris des spécialistes et c'est vrai qu'il est l'un des joueurs les plus précis du moment. Meilleur boursier du golf cette année, le numéro 3 mondial joue avec beaucoup de confiance.

«Je connais une très bonne saison jusqu'ici, a-t-il concédé, mardi, en conférence de presse. Chaque semaine, je sens que je maîtrise mes coups, que je peux frapper la balle où je veux, quel que soit le coup. Et mon jeu court est vraiment spectaculaire...»

Peu de joueurs peuvent en dire autant à l'aube de la première ronde du Championnat des joueurs, sauf peut-être Phil Mickelson, qui reste un redoutable concurrent quand il est en forme. «Ce sont surtout mes coups de départ qui m'ont nui jusqu'ici cette saison, à Augusta notamment, et j'y ai beaucoup travaillé», a affirmé le gaucher, mardi, à Sawgrass.

«La distance n'a pas vraiment d'importance, il faut surtout frapper la balle dans l'allée. C'est particulièrement vrai ici, avec tous les obstacles et les allées étroites. En fait, c'est souvent préférable d'y aller avec un bois 3, pour viser la partie la plus large de l'allée, alors que les longs cogneurs n'ont parfois qu'une zone de 20 ou 25 verges de large à viser.»

Mickelson croit que la victoire se jouera sur les verts. «Le terrain est beaucoup plus ferme en mai qu'il ne l'était quand le tournoi était joué en mars, encore plus sur les verts. Ceux qui rateront les verts (avec leurs coups d'approche) auront de la difficulté à sauver la normale...»

Tiger Woods, qui reste le favori des parieurs malgré ses déboires récents, a reconnu qu'il ne croyait guère en ses chances. «Je reviens au jeu après des blessures, je ne me suis pratiquement pas entraîné depuis le Masters», a-t-il rappelé mardi.

«J'ai de la difficulté sur les verts et mon jeu court n'est pas à point du tout. Je suis surtout ici pour préparer l'Omnium des États-Unis (dans cinq semaines). Mon objectif est toujours d'être au sommet de ma forme quatre fois par année, aux tournois majeurs...»

Un parcours mal aimé?

On s'interroge beaucoup depuis le début de la semaine sur l'importance relative du Championnat des joueurs. S'agit-il vraiment de ce fameux cinquième majeur rêvé par les dirigeants du circuit de la PGA? Ce ne sont pas les propos de Woods qui les auront rassurés, certes.

On devine les joueurs très prudents, cette semaine, dans leurs commentaires à ce sujet et la raison en est sans doute que peu d'entre eux apprécient vraiment le parcours du TPC Sawgrass.

Bubba Watson, meneur du classement du circuit de la PGA cette saison, n'a jamais connu de succès dans ce tournoi. Celui qui est en train de se bâtir une belle réputation par son franc parler - il a même critiqué Tiger Woods récemment... - n'a pas hésité à dire tout haut ce que plusieurs pensent en secret.

«Ce parcours est trop dur, a confié Watson mi-sérieux, mardi, en conférence de presse. Je n'aime pas l'apparence des trous à partir des tertres de départ. J'hésite à m'élancer et ce n'est jamais bon...»

Trois des quatre tournois majeurs - les omniums des États-Unis et de Grande-Bretagne, le Championnat de la PGA - sont disputés en rotation sur des parcours préparés spécialement pour ces compétitions. Les conditions y sont difficiles, parfois même brutales, mais les joueurs peuvent se consoler en pensant qu'ils ne les affronteront plus.

De tous les parcours où se tiennent les tournois majeurs, celui d'Augusta National est le seul où les joueurs reviennent chaque année et il est beaucoup plus facile que celui de Sawgrass.

Aucun golfeur n'aime être ridiculisé et le 17e trou du club Sawgrass - la fameuse île - est sûrement celui qui a ridiculisé le plus grand nombre de joueurs dans l'histoire du golf.

Alice Dye a-t-elle vraiment eu une si bonne idée, en 1979, lorsqu'elle a suggéré à son mari de bâtir une île au milieu du lac créé pendant les travaux de construction du parcours?

Photo: AP

Luke Donald