Le règne de 282 semaines de Tiger Woods au sommet du golf mondial prendra fin le 31 octobre. Il aura fallu attendre près d'un an après sa dernière victoire et assister à des performances très décevantes pour voir le meilleur joueur américain de sa génération céder le premier rang à l'Anglais Lee Westwood.

Ce dernier n'a joué qu'un tournoi depuis le mois d'août, mais ses performances au cours de la dernière année ont surpassé celles de Woods, ou de tout autre joueur, et ce n'était qu'une question de temps avant qu'il prenne le premier rang.

Avec cinq Européens dans le top 10 et neuf dans le top 20, le classement témoigne éloquemment du bouleversement dans l'ordre mondial du golf. La domination sans partage des Américains est d'autant plus révolue que les deux seuls joueurs du top 10 âgés de moins de 30 ans sont les Européens Martin Kaymer (25 ans) et Rory McIlroy (21 ans).

En marge de la Coupe Ryder, au début du mois, le capitaine européen Colin Montgomerie avait mis en perspective l'évolution du classement. «Nous avions l'habitude de nous incliner devant la domination des Américains, avec Tiger (Woods) et Phil (Mickelson) bien installés aux premiers rangs depuis des années», a-t-il rappelé.

«Mais nous avons de nouveaux meneurs, avec Lee (Westwood), mais aussi Martin Kaymer (4e), Luke Donald (8e) ou Graeme McDowell (13e). Il y a vraiment un changement de la garde, pas seulement vers nos joueurs, mais aussi vers le Circuit européen.»

L'Australien Peter Thomson, cinq fois champion de l'Omnium britannique, a jugé fort sévèrement Woods: «Les autres golfeurs n'ont plus peur de lui et avec la génération de jeunes joueurs ambitieux et talentueux qui arrivent, l'ère de Tiger est déjà terminée», a-t-il déclaré récemment dans une entrevue à l'édition australienne de Golf Digest.

Thomson a critiqué la décision des organisateurs du Tournoi des Maîtres d'Australie de garantir une bourse de 3 millions à Woods pour sa participation, comme en 2009, quand il avait remporté sa dernière victoire. «Il y a un an, son ego était encore immense et tout le monde était intimidé, a rappelé la légende de 81 ans. Ce n'est plus cas. Il n'est plus le joueur dominant qu'il a déjà été et il ne le sera plus jamais. Ceux qui viendront le voir à Sydney seront déçus.»

Woods, qui n'a plus joué depuis la Coupe Ryder, doit en principe reprendre la compétition à la Coupe HSBC de Shanghai, du 4 au 7 novembre, une semaine avant le tournoi australien. Il a bien joué à la Coupe Ryder - avec trois points sur une possibilité de quatre - et il n'a pas caché qu'il avait hâte de tester son jeu en tournoi.

De bons résultats en fin de saison lui permettraient de reprendre immédiatement le premier rang mondial, mais d'autres contre-performances pourraient le faire glisser aussi loin qu'au quatrième rang.

Mickelson et Kaymer, qui vient de remporter trois tournois d'affilée, sont aussi en mesure de prendre la tête du classement mondial avant la fin de l'année. Westwood a de son côté indiqué qu'il pourrait rater la Coupe HSBC et qu'il ne reviendrait alors au jeu qu'au Championnat du monde, à Dubai à la fin de novembre.

Quoi qu'il en soit, la lutte pour le premier rang s'annonce vraiment disputée pour la première fois depuis bien longtemps.

«En paix avec la situation»

La perte du premier rang mondial et les critiques des spécialistes ne semblent pas déranger Tiger Woods, bien au contraire. Pour la première fois depuis plus d'un an, le golfeur a montré une certaine sérénité, lundi dernier, lors d'une conférence de presse organisée en marge du Challenge Chevron, un tournoi sur invitation organisé du 2 au 5 décembre et dont il est le professionnel hôte.

«Mon jeu est plus solide depuis quelques semaines, a-t-il noté. J'ai bien aimé mon élan à la Coupe Ryder, surtout le dimanche (en simple) quand tout est tombé en place. Si je joue encore de cette façon, j'espère être dans la lutte pour la victoire dans les deux tournois (Shanghai et Sydney) que je jouerai avant le Challenge Chevron.»

Interrogé sur sa «santé», Woods a répondu: «Je suis certainement plus en paix avec moi-même qu'il y a quelques mois... Tous le monde s'adapte à nos nouvelles conditions de vie. Les enfants s'adaptent graduellement. Je crois que toute ma famille est plus en paix avec la situation et cela m'aide à l'être davantage moi-même.

«J'ai beaucoup appris sur moi-même - comment les choses peuvent tourner mal, pourquoi elles tournent mal - et j'ai dû me livrer à une longue et profonde introspection. Il n'y a pas beaucoup de choses que j'ai aimées dans tout ce que j'ai vu...

«Mais je devais le faire, je l'ai fait et je suis heureux de l'avoir fait. J'ai revu mes priorités et je crois que mes bases sont plus solides et bien meilleures qu'elles ne l'ont jamais été auparavant.»