La victoire de l'équipe européenne hier à la 38e Coupe Ryder peut se résumer en un mot: passion. Et c'est le capitaine Colin Montgomerie qui a insufflé à ses hommes cette rage de vaincre qui les a menés à une spectaculaire victoire contre des Américains pourtant supérieurs sur papier.

Montgomerie a rappelé hier que la compétition s'était véritablement décidée dimanche, quand les Européens ont raflé 5 1/2 points sur une possibilité de 6, se forgeant ainsi la priorité de trois points à laquelle ils se sont accrochés hier.

Cette performance d'équipe exceptionnelle, la plus remarquable de l'histoire récente de la compétition, avait été préparée la veille lors d'une rencontre dans un salon du club Celtic Manor. C'est là que Montgomerie avait proprement harangué ses joueurs en leur rappelant qu'il ne suffisait pas de bien jouer en Coupe Ryder. Il fallait faire preuve de passion, montrer que rien n'était plus important que la victoire et prendre tous les moyens pour l'obtenir.

Montgomerie a confié que le vétéran Padraig Harrington - complètement nul sur le parcours - avait lui aussi pris la parole pour encourager ses coéquipiers et leur rappeler la place qu'ils pouvaient prendre dans la grande histoire du golf. «Padraig n'a pas été dominant par son jeu, c'est vrai, mais il a été bien plus important à l'extérieur du parcours», a souligné Montgomerie encore hier.

Le capitaine européen, dont l'ego est suffisamment grand pour accepter la présence d'autres personnalités fortes autour de lui, avait invité des vedettes récentes de la Coupe, Sergio Garcia et Darren Clarke notamment, pour être ses adjoints. Ces deux meneurs charismatiques n'ont pas cessé de sillonner le parcours toute la semaine pour aiguillonner, encourager ou réconforter les joueurs quand c'était nécessaire.

Du côté des Américains, à l'exception des jeunes Jeff Overton, Bubba Watson et Rickie Fowler, les exemples de jeu passionné n'ont pas été fréquents. Tiger Woods et Steve Stricker ont bien fait, certes, mais ils n'ont jamais assuré un véritable leadership. Hier, Woods paraissait d'ailleurs plus heureux d'avoir retrouvé son niveau que déçu d'avoir perdu la Coupe...

Beaucoup plus réservé que son vis-à-vis, le capitaine américain Corey Pavin était déjà critiqué hier dans les médias américains pour ne pas avoir réussi à créer parmi ses joueurs l'esprit d'équipe qui a si bien servi les Européens. Et ses adjoints Davis Love, Tom Lehman, Paul Goydos ou Jeff Sluman - tous plus ternes les uns que les autres - n'étaient pas vraiment en mesure de pallier les lacunes de leur patron.

Pavin a pourtant assuré hier: «Je n'ai aucun regret. Je suis très satisfait de l'ensemble de la semaine... à l'exception du résultat, bien sûr.»

Une pensée pour Seve

Plusieurs membres de l'équipe européenne ont insisté hier sur le rôle déterminant de Severiano Ballesteros dans leur victoire. Le champion espagnol, qui combat un cancer du cerveau et ne peut plus se déplacer, a été l'un des plus vaillants golfeurs de l'histoire de la Coupe Ryder.

Au début de la semaine dernière, Colin Montgomerie a organisé une conférence téléphonique au cours de laquelle Ballesteros a pu transmettre aux joueurs européens un message qu'on devine très émouvant.

Hier, son compatriote Sergio Garcia, qui partage sa passion pour la Coupe Ryder, a déclaré: «Il a tant fait pour le golf européen et nous lui devons beaucoup. Je sais que c'était important pour lui de parler avec nous cette semaine et j'espère qu'il est fier de ce que les joueurs ont accompli aujourd'hui.»