L'Omnium des États-Unis nous donne toujours un spectacle enlevant. Le parcours de Pebble Beach est une oeuvre d'art incomparable. Façonné par la mer et le vent, il offre un défi de tous les instants aux plus habiles golfeurs.

Quand il est préparé par les bonzes de la vénérable USGA (United States Golf Association), il peut devenir aussi difficile que beau, et il est magnifique. J'y ai joué il y a longtemps. Pendant une semaine de relâche entre un tournoi à Santa Barbara et un autre à Sacramento, Pebble Beach se trouvait à être sur le chemin. Difficile de passer à côté...

Pour le jeu de tous les jours, je dois avouer que le parcours est un peu décevant. Les conditions étaient bonnes, mais pas spectaculaires. Les verts sont plutôt petits et fermes, ce qui complique grandement les choses pour quelqu'un qui aime viser l'oiselet de temps en temps. Je me rappelle avoir essayé d'atteindre le vert du 18e à mon deuxième coup, mais j'avais plutôt envoyé ma balle dans l'océan Pacifique, une cible bien plus invitante, avouons-le.

L'Omnium des États-Unis, comme le pays hôte, est le plus démocratique des tournois majeurs. N'importe qui avec un facteur de handicap de 1,4 ou mieux peut tenter de se qualifier. Au total, 9052 inscriptions venant de 68 pays ont été acceptées, en comptant celles des 63 joueurs exemptés. Le record a été établi l'année dernière avec 9086 inscriptions. Il y a même deux qualifications qui ont eu lieu à l'extérieur du pays, une au Japon et l'autre en Angleterre. Deux cousins français ont d'ailleurs obtenu une place dans l'Omnium en passant par Surrey, en Angleterre, soit Jean-François Lucquin et Grégory Havret. On leur souhaite la meilleure des chances.

En tout, 93 joueurs ont survécu aux qualifications et pourront côtoyer Tiger Woods pendant quelques jours. En parlant de Tiger, c'est à 16h36 qu'il prendra son départ, aujourd'hui, en compagnie d'Ernie Els et de Lee Westwood. Son jeu a été erratique ces derniers temps, mais il réussira peut-être à se remettre dans l'état d'esprit qui l'a habité lors de l'Omnium de 2000 sur ce même parcours de Pebble Beach. Jamais un joueur n'a si outrageusement dominé un tournoi majeur qu'en cette semaine de juin 2000. Une victoire par 15 coups dans un majeur, quand tous les plus grands sont présents, on ne reverra plus jamais ça.

Ce qui m'avait le plus impressionné était son habileté à sortir de l'herbe longue. Il réussissait des coups que personne d'autre ne pouvait même imaginer. L'autre chose est qu'il avait été absolument magique avec son fer droit, pas magique à la David Copperfield, magique à la Harry Potter. Ce n'est pas facile d'être populaire parmi ses pairs quand on les surclasse aussi outrageusement que Tiger l'a fait en 2000. Il avait peut-être mis un peu trop d'intensité et d'émotivité sur son dernier roulé, une affaire de trois ou quatre pieds si je me rappelle bien. C'est comme donner un coup de pied dans les dents à un adversaire qui a abdiqué, il va s'en souvenir.

L'autre groupe qui ressort du lot aujourd'hui est celui de Rory McIlroy, Ryu Ishikawa, deux jeunes vedettes montantes et... Tom Watson. Dans l'échelle des exploits golfiques, il y a «casser» le 100 pour la première fois en jouant tout seul sur un parcours public et il y a caler une approche impossible au 71e trou de l'Omnium des États-Unis à Pebble Beach pour battre Jack Nicklaus. C'est ce que Watson a fait en 1982 et qu'on va voir et revoir au moins 80 fois pendant les quelque 30 heures de télédiffusion prévues pour ce 110e US Open.

Bon sofa!