Après Hank Haney, c'est au tour de John Daly de confirmer sa présence à une exhibition du prochain Omnium de Montréal. Le mardi 18 août, il offrira une clinique en plus de jouer une ronde au club Saint-Raphaël. Nous l'avons interviewé hier dans une téléconférence. Choses notamment apprises: son estomac a été broché, il navigue en commando sous ses pantalons et il aimerait revenir en 1980 pour mieux pulvériser ses adversaires. Polaroid d'une vie en montagnes russes.

À l'autre bout du fil, la voix paraît impatiente. «Oui, ça va bien. Mais pas mon golf», soupire-t-il.

Daly est un phénomène anormal dans le monde du golf. Il répond à toutes les questions, sincèrement. Cette fois, il semble même un peu dur avec lui-même. Son jeu n'est pas exécrable. Seuls ses roulés le sont, comme il l'a prouvé avec sa 27e position au dernier Omnium britannique. «Je n'ai jamais aussi bien frappé la balle, raconte-t-il. Dans toute la semaine, j'ai dû manquer seulement deux coups. Mais sur les verts, ma moyenne était de 32 ou 33 roulés par ronde. J'ai fait plus de sept 3 roulés dans le tournoi. C'est horrible. En étant moyen, j'aurais gagné.»

 

La semaine dernière à l'Omnium canadien, le problème gangrenait tout son jeu. S'il visait le milieu du vert, il craignait de faire trois roulés. Alors il attaquait le fanion. Et il se mettait dans le pétrin. «Long John» n'a pas survécu au couperet.

Au moins, sa vie personnelle s'est un peu redressée. L'automne dernier, le circuit de la PGA l'a suspendu à cause d'une accumulation d'offenses. Dans son classeur: nuit en prison pour ivresse publique à côté d'un Hooters de la Caroline-du-Nord, canette de bière utilisée comme té, interview télé nu-pieds et torse nu, etc.

Son ventre a fondu durant ses six mois de suspension. Daly a opté pour le remède all-american: une opération gastrique. «À mon retour sur la PGA, certains gars ne me reconnaissaient pas, lance-t-il. J'ai perdu 81 livres. Même quand je mange plus que mon appétit, je continue de maigrir. Avec la chirurgie, t'as l'impression d'être rassasié plus rapidement. Je mange environ 8400 calories par semaine. Avant, c'était 8400 par jour!»

Seul problème, il fume, plus que jamais. «Mes mauvais coups roulés me stressent», justifie-t-il.

Les vautours sont partis

Au téléphone, une consoeur parle à Daly de son nouveau commanditaire, les vêtements Loud Mouth - aux couleurs assez criardes pour décoller la rétine. Elle le questionne sur la future collection de sous-vêtements. Boxers ou caleçons?

«Non, répond-il candidement. Je n'en porte pas.» Rires gênés de tous, comme si on s'amusait devant un fauve au zoo. Lui ne rit pas vraiment. «Mais le coton de Loud Mouth est tellement doux, poursuit-il sérieusement, que je vais essayer leurs boxers.»

On a parfois l'impression qu'il a choisi le mauvais sport. Les meurtriers ou les fans de combats de chien n'existent pas vraiment dans la PGA. Le natif de l'Arkansas y est un électron libre. Trop libre - et parfois en chute libre - au goût de certains.

Ceux qui le comprennent sont des vedettes qui ont assez vécu pour se mériter leur propre Musicographie. Comme Kid Rock, chez qui il a logé récemment durant un tournoi. «C'est vraiment un bon ami. Nous sommes deux gars relax, on regarde la télé en jasant de musique et de golf. On ne fait pas des partys endiablés comme vous pourriez le croire», assure ce dilettante du country.

Si Daly va mieux, c'est parce qu'il est mieux entouré. Peut-être parce qu'il a appris à se méfier des vautours, ou peut-être parce que les vautours l'ont eux-mêmes déserté. Il ne reste plus rien à picorer. «Pour la première fois de ma vie, j'ai une femme qui me soutient vraiment. Elle ne m'aime pas pour mon argent. De toute façon, je n'en ai plus vraiment», explique celui qui compte déjà quatre divorces. «Tous ceux qui restent autour de moi sont mes vrais amis, ajoute-t-il. Je prendrais une balle pour eux.»

Après l'exhibition du 18 août à Saint-Raphaël, Daly s'envolera à Greensboro pour le Championnat Wyndham de la PGA. D'ici là, il disputera l'Omnium Buick cette semaine, puis le Championnat de la PGA. «Il est trop tard pour que je devienne un jour numéro un mondial. Mais j'aimerais gagner un ou deux autres majeurs, je pense que je suis encore capable.» Un exploit qui serait plus facile, selon lui, si on retournait au vieil équipement, avec balles en balata et décocheurs en bois. «La technologie me nuit. Elle permet à de moins longs frappeurs de s'approcher de moi. Avec le vieil équipement, des gars comme Bubba Watson, J.B. Holmes et moi frapperions 100 verges en avant d'eux.»