La brise venant de la mer et qui caressait son visage comptait beaucoup moins pour Tiger Woods que le fait de trouver la meilleure façon de contourner les trois fosses de sable au 10e trou à Turnberry.

Tout à son coup de départ, Woods visa vers la droite, du côté le plus élevé de deux de ces fosses, puis il ramena son bois 3 juste assez pour que la balle longe le terrain et s'arrête à trois pieds du sable.

Et c'était bien ainsi.

«C'est l'idée, soutient Woods. Certains de ces trous vous poussent à tenter d'envoyer la balle au-dessus.»

Un coup de départ osé permettrait un coup d'approche plus court en direction du vert et augmenterait peut-être les chances de réussir un oiselet.

«Mais est-il possible de faire cela pendant quatre jours?», répond Woods, qui ne semble pas enclin à tenter sa chance.

Le numéro 1 mondial a gagné l'Omnium britannique trois fois sur deux parcours en bord de mer, dont la première fois à St. Andrews, en 2000.

Sa victoire la plus récente remonte à il y a trois ans à Hoylake, où il n'a utilisé son bois 1 qu'une fois en 72 trous. Il avait choisi, cette semaine-là, d'utiliser surtout ses fers longs et son bois 3 pour ses coups de départ. Tout pour ne pas dépasser les fosses de sable.

«Je ne crois pas avoir déjà réussi à atteindre le vert à partir d'une fosse de sable», se rappelle Woods.

Si Turnberry est un site tout à fait différent, la stratégie, elle, ne l'est pas.

Woods effectuera un retour à l'Omnium britannique après avoir raté le tournoi le plus vieux tournoi au monde l'année dernière en raison d'une opération au genou qui l'a tenu à l'écart de la compétion pendant huit mois.

Le numéro 1 mondial n'avait jamais vu Turnberry jusqu'à son arrivée, dimanche. Il y a disputé la dernière de ses trois rondes de pratique mardi matin, sous une météo capricieuse où les nuages alternaient avec le soleil, ce qui risque fort de se reproduire pendant toute la semaine.

Ce qu'il a appris, à l'instar du reste des joueurs qui ne se trouvaient pas à Turnberry lorsque l'Omnium britannique y fut présenté la dernière fois, en 1994, est qu'il est plus important que jamais de garder la balle dans les allées. Car au-delà de celles-ci, l'herbe est si épaisse qu'il pourrait s'avérer ardu de la remettre en jeu - en autant qu'elle soit retrouvée!

Ce sont cependant les fosses de sable qui représentent la plus grande menace.

Le champion du tournoi des Maîtres, Angel Cabrera, l'un des golfeurs les plus puissants du peloton, préconise la prudence.

«Je crois que je vais m'assurer de ne pas dépasser les fosses de sable cette semaine, explique Cabrera. Ce sera ma stratégie.»

Il n'est pas le seul à penser ainsi.

Padraig Harrington sera à la recherche d'un troisième titre d'affilée à l'Omnium britannique - personne n'a fait mieux depuis Peter Thomson en 1954-56 - et il s'est préparé pour Turnberry de la même façon qu'il l'a fait lors de ses deux victoires précédentes, soit en jouant sur des parcours en bord de mer en Irlande et en gagnant le championnat irlandais de la PGA.

Selon lui, il n'y pas de secret.

«Dans ma carrière, chaque fois que j'ai joué sur un terrain en bord de mer j'ai évité les fosses de sable à tout prix.»

Pour ajouter à la difficulté, le printemps humide a rendu l'herbe de Turnberry très haute.

Faudra-t-il préconiser l'agressivité sur les tertres de départ? Ou relaxer afin d'éviter les fosses de sable quitte à risquer des coups plus osés pour atteindre les verts?

Le fait que près de la moitié des verts soient en forme de bol représente une autre pièce du casse-tête, la balle roulant ainsi plus facilement vers les trous.

«Certains réussiront des oiselets à partir des allées cette semaine, en autant que la balle soit raisonnablement bien placée, prédit Harrington. Celui qui réussira de bons coups de départ aura un net avantage. Encore plus cette semaine que sur n'importe quel autre parcours en bord de mer que j'ai vu depuis longtemps.»

Harrington a commis sa part de bourdes l'année dernière au Royal Birkdale, bien qu'il ait été quasi parfait lorsque cela comptait. Comme lorsqu'il a joué 32 sur le neuf de retour pour se distancier de Greg Norman et d'Ian Poulter.

Quant à Woods, il n'a toujours pas gagné de tournoi majeur depuis son retour au jeu après son après au genou. C'est la première fois depuis 2004 qu'il n'en a pas un à son palmarès. Il est cependant satisfait de sa progression depuis son retour, il y a cinq mois. Et la victoire qu'il a récoltée il y a deux semaines au AT&T National était sa troisième cette année. C'est plus que tout autre joueur au sein de la PGA.

«Je me souviens d'avoir espéré pouvoir jouer. Et de m'être demandé si je pourrais revenir à un niveau élevé. D'être assis ici et de dire que j'aurais gagné trois tournois à mi-chemin cette saison... quelqu'un qui m'aurait vu aurait dit 'tu exagères probablement un peu'.»

Mike Weir de Bright's Grove (Ont.) et Stephen Ames de Calgary seront les seuls Canadiens à participer à l'Omnium britannique.