Chad Campbell mène à Augusta grâce à une ronde de 65. Mais pas moins de 27 joueurs sont à cinq coups ou moins de lui. Incluant Monsieur Woods.

>>> Le tableau des meneurs

Le Augusta National possède sa propre acoustique. Chaque coup provoque un bruit de la foule qui résonne distinctement à travers les pins. Il y a les clapotements désynchronisés pour les coups supérieurs à la moyenne. Les applaudissements en crescendo pour les roulés qui s'approchent lentement de la coupe avant d'y disparaître. Les hurlements soudains pour les approches qui tombent sans avertissement à quelques pouces du trou. Et les réactions pour chaque respiration ou presque de Tiger.

Cette symphonie, on en a entendu tous les mouvements lors de la première ronde. Le printemps est enfin arrivé à Augusta. Soleil radieux, oiseaux qui gazouillent, verts réceptifs et vent qui se cache: rarement y a-t-on vu des conditions aussi idéales. Pas moins de 38 joueurs ont battu la normale. Presque le record de l'histoire du tournoi.

«On entendait les applaudissements jaillir de partout, confirmait Padraig Harrington après sa ronde de 69. Ces cris rendent parfois anxieux. Tu sais que les gars réussissent des oiselets partout. Alors tu ressens l'urgence d'en réussir toi aussi.»

Chad Campbell était responsable de plusieurs de ces cris. Le Texan a entamé sa ronde avec cinq oiselets consécutifs. Il en a enfilé quatre autres en ligne du 12e au 15e. Sur le tertre du 17e, il affichait un cumulatif de -9. Un oiselet de plus et il éclipsait le record de parcours (63 - Nick Price et Greg Norman).

«Un de plus! Moins 10! Record, record!», lui criait la foule. Pas de chance. Il a conclu sa ronde avec deux bogeys. Son 65 le place néanmoins en tête. Mais en le regardant après sa ronde, on se demandait s'il se classait premier ou dernier. «Ben, disons que j'ai commencé la journée comme je le voulais, racontait-il laconiquement. Ce n'est pas que le parcours était facile. Les mauvais coups étaient pénalisés comme d'habitude. La différence aujourd'hui, c'est que les bons coups étaient récompensés.»

Comme Campbell, Hunter Mahan a réussi neuf oiselets. Il se classe deuxième, à égalité avec Jim Furyk. Mahan avoue que le départ canon de Campbell l'a impressionné. «Honnêtement, je regardais les chiffres rouges s'accumuler à côté de ce nom sur le tableau des meneurs, lançait-il, sourire en coin en croquant sa pastille. C'était spécial. Je pensais que Chad se rendrait à -10.»





Tiger et la congestion

Le tournoi est encore très jeune. Pas moins de 27 joueurs se trouvent à cinq coup ou moins du meneur. Incluant Padraig Harrington (69) et Tiger Woods (70).

L'Irlandais est satisfait de sa position. «L'important, c'est de rester dans le tournoi, justifiait-il quelques minutes avant de retourner au terrain d'exercice. Jouer 67, 68 ou 69 le jeudi ne change pas grand-chose, vraiment. En fait, les gars qui mènent dès le début finissent souvent par se mettre trop de pression.»

Le Tigre, lui, semblait beaucoup moins serein. «Je voyais les gars multiplier les oiselets sur le neuf de retour, alors je savais que je pouvais moi aussi en inscrire. J'étais en position de jouer 68, mais ça n'a pas marché.» Avec un oiselet de six pieds manqué au 17e et un bogey au 18e, il a finalement signé un 70.

Il égale néanmoins son meilleur départ en carrière à Augusta. Pour les amateurs de statistiques inutiles: les trois autres fois où Tiger a entamé le Tournoi des Maîtres avec un 70, il a gagné. On verra bien.

Photo: Reuters

Tiger Woods grimace après avoir raté un coup roulé pour un oiselet au 11e trou. Le Tigre a joué une ronde de 70.