Dimanche après-midi, politesse oblige puisque j'étais chez le beau-frère gynéco grand passionné de golf, je me suis branché sur Tiger Woods. On était au sixième ou septième trou, je pense, et Tiger était à trois coups de Sean O'Hair.

Le beau-frère connaît son golf comme une religieuse son Pater Noster et son coeur oscillait entre son idole Tiger et le jeune O'Hair. Il m'a raconté que le jeune homme avait été battu par son père quand il a commencé à jouer. Une claque pour un boguey et une double claque pour un double boguey. Vous voyez le genre. Un de ces pères abusifs qu'on rencontre trop dans le tennis féminin. O'Hair a quitté la maison à 17 ans et voilà qu'il a été poursuivi par son père qui réclamait un pourcentage de ses gains. 

Une belle histoire que celle de ce jeune gars qui s'est sorti d'une situation abominable.

Mais Tiger, c'est Tiger. Et quand le beau-frère m'a dit que Tiger avait maintenant sa face de «journée au bureau», autrement dit qu'il avait senti le sang et que sa proie risquait fort d'y passer, je me suis vraiment passionné pour le match. Et même sans être un grand expert - Dieu m'en préserve - j'ai bien vu que Woods exerçait une pression effrayante sur le meneur. Que d'aucune façon, O'Hair avait les nerfs et le mental pour résister à pareille charge. Des coups roulés de 15, 18 ou 20 pieds se sont mis à être de la routine pour le Tigre alors qu'O'Hair a raté une poussette de moins de trois pieds quand son putter est devenu trop lourd.

Tiger a fini par gagner. Et avec le beau-frère docteur pour me parler de ses deltoïdes, de ses muscles des cuisses et de ses épaules larges comme celles d'un débardeur, j'ai compris que Woods avait profité de son opération au genou pour se bâtir une musculation de joueur de football. Il a un physique parfait. Épaules larges et musclées, taille de matador et cuisses de patineur de vitesse. C'était un grand athlète, c'est maintenant un grand et un gros athlète.

Il se pourrait fort bien que ce repos forcé de huit mois soit salutaire pour le reste de la carrière de Woods. Et il ne faut pas oublier que Tiger n'a que 33 ans. C'est encore très jeune pour un golfeur, surtout un golfeur qui s'entraîne 10 heures par jour et qui vient de se redonner une nouvelle jeunesse physique tout en gardant ce mental d'acier qui était déjà le sien.

Je pense que beau-frère ou pas beau-frère, va falloir s'installer pour suivre le Masters. Woods va s'attaquer à un parcours effrayant en ayant un objectif ultime en tête. Rattraper Jack Nicklaus pour le nombre de victoires en tournois du Grand Chelem. C'est jouable.