Ça saute aux yeux. Les trois interventions chirurgicales au cou qu'a subies Peyton Manning ont eu pour effet de rendre laborieux certains des mouvements les plus simples. Lorsqu'il se tourne, le dos et les épaules suivent le cou d'un bloc.

Que Manning ait été en mesure de poursuivre sa carrière après une année d'absence constitue en soi un petit miracle. Qu'il ait établi une nouvelle marque en lançant 55 passes de touché un an plus tard dépasse l'entendement. On ne parle tout de même pas d'une opération au petit doigt.

«Toutes les interventions chirurgicales sont sérieuses, à mon avis. Plusieurs personnes disent toutefois que ce n'est pas majeur tant que ce n'est pas elles qui subissent l'intervention», a dit Manning plus tôt cette semaine, comme pour diminuer la gravité des siennes.

«Revenir d'une telle blessure à 37 ans, puis battre le record qu'il a battu, difficile d'en demander plus», a résumé le receveur Demaryius Thomas.

Or, on ne devrait peut-être pas s'étonner de voir Manning connaître les plus beaux moments de sa carrière, après avoir dû surmonter de telles difficultés. Perfectionniste dans l'âme, le quart-arrière des Broncos de Denver a toujours été un bourreau de travail.

«Il est très intense. Il a vu et vécu beaucoup de choses, et il sait comment les choses devraient être faites», a souligné Chris Clark, le joueur qui a la délicate mission de protéger le dos de Manning. «Peyton veut qu'on joue parfaitement et notre attaque croit qu'elle peut y parvenir», a ajouté le bloqueur du côté gauche.

Afin d'atteindre la perfection, il va de soi que tous les joueurs poussent à la roue. Ceux qui prennent des raccourcis se voient vite refuser les bonnes grâces de Manning.

«Il faut toujours avoir le nez dans son livre de jeux lorsqu'on joue avec Peyton. Et tout se déroulera bien si vous le faites. Mais si vous êtes le genre de joueur à ne pas porter attention, vous ne jouerez peut-être même pas.»

Manning assure cependant qu'il n'est plus aussi zélé qu'il l'a déjà été. La super-étoile attribue cette relative modération à deux raisons. «Plusieurs choses ont changé depuis que j'ai subi ma blessure. Et la naissance de mes enfants y est aussi pour beaucoup.»

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Deux ans après qu'Eli Manning a remporté son deuxième Super Bowl à Indianapolis, où Peyton a disputé ses 14 premières saisons, ce dernier pourrait réussir le même exploit dans le stade où joue son petit frère. Le quart-arrière des Giants sera au MetLife Stadium, dimanche soir, et était à Denver lors de la finale de la conférence Américaine.

«On n'a pas la chance de se voir souvent. Mais il a assisté à notre match contre les Patriots il y a deux semaines. Ce n'était que la quatrième ou la cinquième fois qu'il me voyait jouer dans la NFL. C'est toujours très spécial de pouvoir passer du temps avec lui», a raconté Manning.

Un seul obstacle se dresse devant Manning avant qu'il ne parvienne à soulever le trophée Lombardi et à mettre le point d'exclamation à sa saison de rêve: la redoutable défense des Seahawks de Seattle.

«Je l'ai dit toute la semaine, leur défense est très intelligente et elle communique très bien dans le feu de l'action. Elle fait du bon boulot, avant comme après la remise du ballon», a analysé Manning.

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De l'avis de bien des observateurs, un second championnat confirmerait que Manning n'est rien de moins que le plus grand quart-arrière de l'histoire du football professionnel. Cela dit, grâce à ce qu'il a accompli depuis son retour au jeu, il y a un an et demi, sa réputation de joueur qui flanche en séries a pris le bord. Ce n'est plus ce dont les gens veulent parler lorsqu'il est question du numéro 18. L'héritage qu'il léguera ne se mesure plus en bagues de championnat.

Parmi la légion d'admirateurs de Manning, il y a le quart-arrière qui l'affrontera dimanche soir. Curieusement, Russell Wilson a reçu les enseignements de Manning dans des camps de football lorsqu'il était adolescent.

«Il s'est bâti une réputation incroyable grâce à toutes les choses qu'il a accomplies au cours de sa carrière. Il fait partie des plus grands de l'histoire, s'il n'est pas le plus grand. J'espère un jour atteindre à son degré de compréhension du jeu. Il est un maître, tout simplement», croit Wilson.

«À 37 ans, alors que je dispute ma 16e saison, et par une semaine comme celle-ci, je crois que c'est une belle occasion de prendre le temps de savourer chaque moment qui passe», a dit Manning avec philosophie.

«Il est beaucoup question de l'héritage que je laisserai, depuis quelque temps. Si je pouvais décider ce qu'il serait, je voudrais qu'on se souvienne de moi comme d'un joueur qui fournissait toujours un effort maximal, qui était un bon coéquipier et qui ne ménageait aucun effort pour gagner.