On dit souvent qu'une personne prend 10 livres à la télévision. Je peux vous confirmer que dans le cas de Vince Wilfork, ce n'est pas vrai du tout. Il est aussi immense en personne.

Combien pèse l'excellent plaqueur des Patriots de la Nouvelle-Angleterre? Le guide média du club indique 325 livres. Vous pouvez en ajouter 50. Facilement. Les mauvaises langues disent même qu'il a déjà joué à plus de 400 livres.

Vous croyez que Wilfork, âgé de 30 ans, est une grosse brute qui ne fait que gober les porteurs de ballon qui foncent directement vers lui? Allez le lui dire en plein visage. Ou encore, allez dire ça à ceux qui le côtoient. Ceux qu'il domine sur le terrain de basket, par exemple.

«Vous ne me croirez peut-être pas, mais Vince lance un plus beau «cigare» que Tom Brady. Ne vous laissez pas duper par son physique, il est un très bon athlète», a insisté cette semaine Rodney Harrison, analyste à NBC et ancien coéquipier de Wilfork.

«Je pense qu'avec les années, on a fini par respecter mes qualités athlétiques, mais encore là, je n'en suis pas certain. Mes coéquipiers, eux, le savent. Ils le constatent lorsqu'on joue au basketball ou qu'on se lance le ballon», a expliqué Wilfork, qui semblait encore plus massif dans son chandail rouge écarlate, hier.

Ceux qui ont regardé les Patriots éliminer les Ravens de Baltimore en finale de l'Association américaine savent à quel point Wilfork peut changer l'allure d'un match. Il a multiplié les jeux-clés et aurait reçu la première étoile si on donnait des petits collants au football.

Wilfork a également démontré qu'il était plutôt agile pour un homme de ce gabarit en réussissant deux interceptions en autant de matchs au début de la saison. Sa surprenante rapidité et sa force herculéenne en font un joueur qui sort du commun.

«Vince est une bête, il n'y a pas beaucoup de joueurs comme lui dans cette ligue. J'en sais quelque chose, je l'affronte chaque jour», a rappelé son coéquipier Logan Mankins, l'un des meilleurs gardes de la NFL.

«Ce qui est encore plus remarquable, c'est son endurance. Les joueurs imposants comme lui quittent habituellement le terrain au bout de quelques jeux afin de retrouver leur souffle. Vince reste presque toujours sur le terrain, et la qualité de son jeu ne s'en ressent jamais», a ajouté Mankins.

Le vétéran Gerard Warren, qui occupe souvent le poste à côté de Wilfork au milieu de la ligne défensive des Pats, abonde dans le même sens que Mankins et Harrison.

«Il est probablement le meilleur plaqueur de la ligue. C'est un athlète phénoménal et sa technique est impeccable. Il est au bon endroit 99,9% du temps.»

L'impact de Myra Kraft

Wilfork dispute présentement sa huitième saison professionnelle, et est l'un des seuls joueurs des Patriots qui étaient avec eux lorsqu'ils ont remporté leur dernier Super Bowl, il y a sept ans. À cette époque, il était perçu comme un dur qui manquait souvent de discipline.

«J'étais une tête folle lorsque je suis arrivé en Nouvelle-Angleterre. J'ai gagné en maturité avec les années, je ne m'emporte plus pour des niaiseries. N'empêche qu'on ne pourra jamais m'accuser de ne pas jouer avec émotion», note-t-il.

Non, on ne pourra jamais lui reprocher d'être passif sur le terrain, pas plus qu'on ne pourra lui reprocher d'avoir un coeur de pierre. En l'écoutant parler de Myra Kraft, hier, on a pu observer la grande sensibilité de Wilfork.

La conjointe du propriétaire des Patriots, Robert Kraft, est décédé l'année dernière, et l'équipe lui a dédié sa saison. Grande philanthrope, Mme Kraft a profondément touché Wilfork. «Myra a eu un impact énorme sur moi. Elle accordait beaucoup d'importance aux gens autour d'elle, et voulait toujours les aider comme elle le pouvait. C'est ce qu'elle a fait, aux États-Unis et partout dans le monde. C'était une façon de vivre pour elle. Une femme si petite, mais avec un si grand coeur.

«On se donnait un baiser sur la joue avant chaque match. Maintenant, j'en donne deux à M. Kraft, un pour lui, l'autre pour Myra. Et je ne cesserai jamais de le faire.»

Le Brady de la défense

Ce n'est certainement pas aussi gracieux qu'une prestation du maestro Brady, mais le rendement de Wilfork dicte celui de la défense des Patriots. Si elle s'est ressaisie depuis le début des éliminatoires, c'est en grande partie parce que l'adversaire a été incapable de contrer le plaqueur.

La ligne offensive des Giants en a arraché contre les 49ers, à San Francisco, et si elle veut finir sa saison en beauté, elle devra absolument trouver une façon d'arrêter le numéro 75 en face d'elle. «Il n'a jamais aussi bien joué depuis le début de sa carrière», a bien résumé le garde David Diehl, des Giants.

«Tout ce qu'on peut faire, c'est d'essayer de le contourner», a quant à lui estimé le porteur Ahmad Bradshaw. Bonne chance. Ce n'est pas un patapouf, le gros monsieur.