Une poursuite réunissant des milliers de cas a été déposée en cour fédérale américaine et accuse la NFL d'avoir volontairement caché les liens de causalité entre les coups à la tête au football et les blessures permanentes au cerveau.

Les avocats d'ex-joueurs ont indiqué que plus de 80 poursuites en attente de procédures ont été réunies dans un «recours collectif» déposé jeudi à Philadelphie.

Les plaignants espèrent tenir la NFL responsable de la mauvaise gestion des dossiers médicaux et des traitements inadéquats offerts à plus de 2000 joueurs retraités. Certains d'entre eux ont souffert de démence, de la maladie d'Alzheimer et d'autres troubles neurologiques. D'autres ex-joueurs ne démontrent aucun symptôme, mais s'inquiètent à propos de leur avenir et veulent être suivis médicalement.

La poursuite accuse la NFL de «mythifier» et de glorifier la violence par l'entremise des médias, notamment sa section NFL Films.

«La NFL, comme la boxe, était au courant des risques pour la santé associés à des coups répétitifs à la tête produisant des commotions cérébrales et des maladies sous-jacentes, et le fait que des membres de la confrérie des joueurs de la NFL aient été exposés à des risques significatifs de développer des dommages à long terme au cerveau se traduisant parfois par une régression cognitive», allègue la poursuite.

«En dépit du fait qu'elle était en connaissance de cause et de son rôle prédominant dans la gestion de la conduite des joueurs sur et à l'extérieur du terrain, la NFL a fermé les yeux et échoué à avertir et/ou imposer des normes sécuritaires pour gérer ce problème de santé et de sécurité désormais reconnu.»

La ligue a nié des accusations semblables dans le passé.

«Notre équipe d'avocats étudiera la procédure déposée aujourd'hui en cour qui vise à regrouper toutes les poursuites afin d'en faire un recours collectif, a déclaré la NFL par voie de communiqué. La NFL veille à la sécurité des joueurs depuis longtemps déjà et continue de travailler en ce sens. Toute allégation laissant sous-entendre que la NFL a voulu tromper les joueurs n'a aucun fondement. Ça contraste avec les nombreuses actions menées par la ligue afin de mieux protéger les joueurs et faire progresser la science et les connaissances médicales dans la gestion et le traitement des commotions cérébrales.»

Mary Ann Easterling a déclaré qu'elle ferait partie des plaignants en dépit du fait que son mari de 62 ans - l'ex-demi de sûreté des Falcons d'Atlanta Roy Easterling - se soit suicidé en avril. Elle a confié à l'Associated Press qu'il avait souffert de démence non-diagnostiquée pendant de nombreuses années, le poussant à être en colère constamment et à être parfois «absent». Il agissait parfois de façon inhabituelle, posait des gestes inappropriés lors de fêtes familiales et prenait des décisions d'affaires risquées qui leur ont éventuellement coûté leur maison. Ils ont été mariés pendant 36 ans et ont eu une fille.

Elle a ajouté que les dirigeants de la ligue n'ont aucune idée de ce que doivent vivre les familles des ex-joueurs.

«J'aimerais pouvoir m'asseoir avec (le commissaire de la NFL Roger Goodell) et lui faire part de ma douleur. Ce ne sont pas les épouses seulement, ce sont les enfants aussi», a dit Easterling, qui est âgée de 59 ans, de son domicile de Richmond, en Virginie. «Les enfants ne comprennent pas pourquoi leur père est toujours fâché.»

Le problème des commotions cérébrales dans la NFL est en litige devant les tribunaux depuis environ un an. Selon AP, 81 poursuites ont été déposées dans ce dossier avant le 25 mai, et parmi les plaignants se retrouvent un total de 2138 ex-joueurs qui estiment que la NFL n'a pas fait suffisamment de choses pour les informer des risques liés aux coups à la tête. Le nombre total de plaignants est estimé à 3356, incluant les joueurs, les épouses et les autres membres de la famille ou représentants de ceux-ci.

Certains plaignants sont nommés dans plus d'une poursuite, mais les chiffres véhiculés par AP ne comptent pas ceux qui ont été dupliqués dans le total.

«Nous voulons qu'ils prennent soin de leurs joueurs», a conclu Mary Ann Easterling.