À part peut-être Tom Brady, Peyton Manning et son coéquipier Ray Lewis, aucun joueur n'est plus vénéré qu'Ed Reed dans la NFL. Lorsque ses confrères parlent du demi de sûreté des Ravens de Baltimore, leurs yeux brillent toujours.

On peut le constater en regardant l'épisode de la série A Football Life (un autre bijou signé NFL Films) qui porte sur Bill Belichick. Assis dans son bureau, le grand manitou des Patriots de la Nouvelle-Angleterre discute de Reed avec Brady. On jurerait qu'ils parlent du Christ en personne.

En début de semaine, Brady a dit qu'il aurait aimé être Reed ou Lewis s'il avait été un joueur défensif. Deux jours plus tard, c'est Belichick qui a sorti les fleurs pour Reed.

«Ses instincts de joueur sont incroyables, et il couvre plus de terrain que certaines équipes ne le font avec leurs deux demis de sûreté. Je n'ai pas vu un meilleur demi défensif que lui depuis le début de ma carrière.»

L'entraîneur-chef en beurre-t-il épais? Selon Terrell Suggs, peut-être un peu, oui.

«Il a déjà dit la même chose par le passé, puis ils ont constamment lancé le ballon dans sa direction. Alors, je ne sais pas ce que ça vaut. Mais je suis d'accord, je crois qu'il obtiendra sa place parmi les meilleurs demis de sûreté de l'histoire de la NFL au terme de sa carrière.»

Que les deux têtes d'affiche des Pats exagèrent ou non, Reed accepte le compliment volontiers. L'admiration entre lui et Belichick est d'ailleurs réciproque.

«J'adore Bill Belichick. Il est un grand entraîneur et un grand homme. Il dirige son équipe de la bonne façon et il gagne des championnats. Ça fait des années et des années qu'il le fait, alors j'ai beaucoup de respect pour lui», a dit Reed.

Vous pouvez ajouter le nom de Vince Wilfork à la légion d'admirateurs. L'énorme plaqueur des Pats a connu Reed lorsque les deux joueurs se trouvaient chez les controversés, mais combien talentueux, Hurricanes de l'Université de Miami d'il y a une dizaine d'années.

«Je savais qu'il était très bon, mais j'étais encore un peu jeune à cette époque. Je ne réalisais pas jusqu'à quel point il était un joueur exceptionnel. Heureusement qu'il ne joue pas en attaque, bien qu'il serait probablement capable de le faire.»

Un manque à combler

Lewis a gagné le Super Bowl en 2000. Ray Rice, Joe Flacco, Haloti Ngata, et même Suggs ont encore plusieurs bonnes saisons devant eux. Dans le cas de Reed, c'est un peu plus urgent. Repêché quelques mois après la seule conquête des Ravens, Reed est toujours à la recherche d'un championnat, le seul manque à combler pour celui qui a remporté presque tous les honneurs individuels, dont le titre du joueur défensif par excellence de la ligue, en 2004.

Reed sent-il que la fameuse fenêtre afin de remporter un championnat est sur le point de se refermer sur les doigts des Corbeaux? «On en reparlera en temps et lieu, lorsqu'on n'aura plus la chance de gagner un championnat. Pour l'instant, je me concentre sur ce match.»

Évidemment, ce ne sera pas une mince tâche de remporter le match de demain. En plus de devoir contenir l'attaque dévastatrice des Patriots, le match aura lieu à Foxborough. Les Ravens ont gagné leurs neuf matchs à domicile, mais seulement la moitié de leurs huit à l'étranger, cette saison.

«Ça ne me dérangerait pas de jouer n'importe où, même à Londres, dans la vraie Angleterre. Ça ne change rien», a soutenu Reed, qui sera à son poste en dépit d'une blessure à une cheville.

Une bonne ou une grande équipe?

Quand il est question de la féroce défense des Ravens, ce sont normalement les quatre mêmes noms qui ressortent: Lewis, Reed, Suggs et Ngata. Brady estime toutefois que les autres membres de l'unité ne reçoivent pas le mérite qui leur revient.

«On parle toujours de leurs quatre joueurs étoiles, et avec raison, mais Jarrett Johnson est également très bon, et leurs demis de coin, aussi. Les 11 joueurs ont toujours une bonne synergie, et c'est la grande force de leur défense.»

Même si son équipe n'a pas dansé sous les confettis depuis 11 ans, Lewis reste convaincu que les championnats se gagnent encore par le jeu défensif.

«Ça fait longtemps que je joue au football, et neuf fois sur dix, c'est la défense qui trouve le moyen de remporter le championnat. Reculer autant d'années que le voulez, la défense réussit généralement le jeu qui décide du résultat final», croit le grand meneur des Ravens.

On s'entendra néanmoins sur un point: afin d'être sacrée championne, une équipe doit obtenir une production minimale de son attaque. Ce qui nous amène à Flacco, l'un des souffre-douleur par excellence de la NFL. Même Reed a critiqué son quart-arrière au lendemain de leur victoire de dimanche dernier. Comment expliquer qu'un type ayant conduit son équipe en séries à ses quatre premières saisons puisse être autant critiqué?

«Je ne sais pas pourquoi. On n'a jamais été les chouchous de qui que ce soit, alors il cadre parfaitement dans notre équipe. Il possède une personnalité un peu flamboyante, et il est donc à sa place dans notre vestiaire. On forme un groupe un peu différent, qui compte sur de drôles de moineaux», rappelle Suggs.

Flacco n'est toutefois pas sans savoir qu'il manque un élément à son palmarès et à celui de son club. «On ne peut pas être considérés comme une grande équipe si on perd en séries chaque année. On est manifestement une bonne équipe, mais pour être une grande équipe, on doit remporter un Super Bowl.»