Aux Etats-Unis, la violence au foyer augmente les soirs de défaite de l'équipe locale de football américain, affirment des chercheurs qui ont croisé pendant 11 ans les résultats de six grandes équipes avec les appels de femmes battues à la police.

Deux chercheurs de l'université de Californie, David Card et Gordon Dahl, ont déterminé que les appels aux commissariats de femmes en détresse, battues par leur mari ou compagnon, augmentaient de 10% dans les régions où l'équipe locale venait de perdre un match qu'elle espérait gagner.

Pour autant, le niveau de violences au foyer ne baissait pas lorsque l'équipe locale avait remporté la victoire de façon inattendue. Lorsque l'équipe avait perdu un match qu'elle était censée gagner, les appels dénonçant un partenaire violent intervenaient «dans un laps de temps limité, entre une heure avant la fin du match et deux heures après», ont noté les auteurs de cette étude publiée par le Quarterly Journal of Economics daté du 5 avril.

Dans un tiers des 900 matchs analysés entre 1995 et 2006, les défaites inattendues de l'équipe de football locale lorsqu'elle était favorite ont donné lieu à une nette hausse des violences au foyer par rapport à la semaine précédente, où il n'y avait pas eu match. Les auteurs en concluent que «les déceptions inattendues nous affectent davantage que les bonnes surprises».

«Ce n'est pas limité au football», a poursuivi David Card, professeur d'économie à l'Université de Berkeley. «Si quelqu'un vient d'avoir une amende pour excès de vitesse sur le chemin de la maison par exemple, il peut tout aussi bien se comporter d'une façon qu'il pourrait regretter plus tard», a-t-il noté.

Les appels de femmes battues augmentaient même de 20% lorsque l'équipe locale, pourtant favorite, était vaincue par une équipe avec laquelle elle entretenait une rivalité traditionnelle, contre 8% lorsque l'adversaire victorieux n'était pas un ennemi juré.