Il y a eu un développement inattendu dans le monde du football américain au cours de la dernière semaine: croyez-le ou non, la NFL et l'Association des joueurs ont décidé de négocier. Eh oui, les deux parties tentent de voir s'il n'y aurait pas moyen de satisfaire tout le monde avec 9 milliards par année.

Trêve d'ironie, les négociations, qui se déroulent de façon continue depuis vendredi dernier, offrent un peu d'espoir aux dizaines de millions d'amateurs, ceux qui fournissent les 9 milliards de revenus annuels.

Ça ne se dessinait pourtant pas comme ça - surtout pas lorsque la partie patronale a quitté la table de négociation en rejetant une offre des joueurs, il y a deux semaines.

Les deux côtés ont convenu de ne rien divulguer publiquement au sujet des discussions, mais Charlie Batch, quart réserviste des Steelers de Pittsburgh qui a participé aux premiers jours des négociations, a émis un bref commentaire optimiste. «Ça se déroule bien», a-t-il indiqué.

La NFL rencontrera trois membres de chacune des 32 organisations, dont l'entraîneur-chef et le directeur général, en fin d'après-midi aujourd'hui à Indianapolis, où s'amorce le «combine» annuel, qui permet aux équipes d'évaluer et d'interviewer les espoirs qui seront disponibles au repêchage d'avril. Car même s'il devait y avoir un conflit de travail, le repêchage aura bel et bien lieu, du 28 au 30 avril à New York.

Sans un renouvellement de la convention collective, les propriétaires mettront vraisemblablement les joueurs en lock-out à compter du 4 mars. Au sommet de la liste des points en litige, il y a le fameux partage des revenus.

Dans son numéro de la semaine dernière, le Sports Illustrated écrivait que les joueurs ont touché à un total de 4,65 milliards en 2010, tandis que les propriétaires ont reçu environ 4,75 milliards. Cependant, de ces 4,75 milliards, un total de 1,3 milliard aurait été réinvesti par la ligue afin de promouvoir et développer son produit (financement de nouveaux stades; le réseau NFL Network; matchs dans des pays étrangers, etc). En soustrayant cet investissement, les joueurs ont obtenu 57% des revenus et les propriétaires, 43%.

L'offre des joueurs qui a été balayée d'un revers de main par la partie patronale, le 9 février, proposait un partage de 50-50 de l'ensemble des revenus. Selon cette formule, les joueurs auraient obtenu approximativement la même somme en 2010, soit 4.65 milliards. Or, le commissaire de la NFL, Roger Goodell, a dit par le passé que le statut quo ne serait pas une option acceptable pour les propriétaires.

À la lumière des six derniers jours de négociations, la présence du médiateur fédéral George Cohen a aidé les deux parties à faire avancer le dossier, mais il n'y a évidemment aucune garantie qu'on en arrivera à une entente avant la fin de la présente convention collective, le 3 mars. D'autant plus que la réunion entre la NFL et les membres des équipes prévue aujourd'hui servira entre autres à faire le point sur la procédure à adopter au cours des prochains mois s'il y a un lock-out.

Parmi les autres points à régler, il y a notamment l'adoption d'un nouveau calendrier de 18 matchs - plutôt que 16 - et tout ce qui en découle, de même que la refonte du système salarial pour les recrues, qui est de plus en plus absurde. Lorsqu'un espoir n'ayant jamais disputé un seul match gagne plus d'argent que Tom Brady, le système est bel et bien défectueux.

Des étiquettes valables?

À l'heure actuelle, personne ne sait ce qui adviendra des joueurs qui devaient normalement obtenir leur pleine autonomie dans quelques semaines. Et personne ne sait si les équipes pourront encore conserver les droits sur l'un de leurs joueurs autonomes à l'aide d'une étiquette de joueur de concession (franchise tag).

En désignant l'un de ses joueurs avec cette étiquette, une équipe s'assurait de pouvoir garder ses services, à condition de lui accorder un contrat d'un an qui correspondait à la moyenne des cinq plus hauts salaires de la ligue à la même position.

Plusieurs équipes ont eu recours à cette procédure au cours des dernières semaines: les Colts d'Indianapolis (Peyton Manning), les Steelers (LaMarr Woodley), les Patriots de la Nouvelle-Angleterre (Logan Mankins), les Jets de New York (David Harris), les Chiefs de Kansas City (Tamba Hali) et les Eagles de Philadelphie (Michael Vick) pour n'en nommer que quelques-unes.

La date limite afin d'utiliser cette étiquette est aujourd'hui. On ne sait pas si la nouvelle convention collective contiendra encore une clause pour ces étiquettes, mais puisque les équipes les ont utilisées comme d'habitude, ça semble très probable.