Les partisans des Packers de Green Bay ont hurlé comme des enragés en apprenant, il y a trois ans, que Mike McCarthy et Ted Thompson ne voulaient plus revoir Brett Favre dans le vestiaire de l'équipe.

Petite question, maintenant: que pensent les fans des Packers de cette décision aujourd'hui?

Aaron Rodgers a connu une finale de conférence avec des hauts et des bas, dimanche à Chicago - une excellente première demie, une deuxième demie plutôt ordinaire -, mais si les Packers s'en vont au Super Bowl, c'est avant tout grâce à lui.

Et ça, c'est avant tout grâce à deux hommes: l'entraîneur McCarthy et le directeur général Thompson.

Le coach avait le triomphe modeste après le match de dimanche. Le visage encore tout rouge, un peu à bout de souffle, McCarthy insistait pour dire que le travail de son club n'était pas encore terminé.

Bien sûr, il a parlé un peu d'Aaron Rodgers.

«Pour n'importe quel jeune quart, il y a toujours une échelle à grimper, a-t-il expliqué. Le jeune quart doit gagner des matchs importants pour poursuivre sa progression. Ce que l'on voit de la part d'Aaron Rodgers, pour moi, c'est la progression d'un jeune talent.»

Ce n'est pas son genre, mais McCarthy aurait pu s'emporter un peu. Nous dire qu'il nous l'avait dit. Voyez-vous, quand le DG et lui ont décidé de foutre Brett la légende à la porte en 2008, certains auraient été prêts à les enterrer vivants dans la bouette du Lambeau Field. Dire non à Brett Favre, c'était impensable, sinon carrément stupide. Même les experts des médias leur sont tombés dessus, en posant tous la même question: quoi?

Avec le recul, on peut maintenant en conclure que tasser le vieux Brett pour faire de la place au jeune Rodgers, c'était une sacrée bonne décision.

Pendant que Favre a conclu sa carrière dans la honte au Minnesota cette saison, Rodgers s'est hissé parmi les quarts d'élite du football américain. Oubliez les chiffres et les belles statistiques. Le quart de 27 ans est l'un des meilleurs à exploiter les faiblesses d'une défense. Parlez-en aux Bears, qui ont eu besoin de 30 minutes de jeu avant de pouvoir le ralentir, dimanche.

Et maintenant, Brett Favre va regarder le Super Bowl à la télé, comme un simple mortel. Rodgers y sera, lui.

«Je pense que j'espérais que ça arrive un jour, a dit Rodgers en parlant du Super Bowl, au terme de la victoire de dimanche. Ma première saison, ce fut des hauts et des bas. Ce fut frustrant. Je me souviens qu'on avait eu une série de victoires, sept en huit matchs, et je croyais qu'on avait l'équipe pour faire un bout de chemin. Cette saison a été une saison bien différente. Nous avions une fiche de 3-3 à un certain moment, on a gagné quatre matchs de suite, puis on a perdu. On a eu des blessures, on s'est retrouvés avec une fiche de 8-6, et on a dû remporter cinq matchs éliminatoires, en quelque sorte. C'est ce qui rend tout ça aussi agréable.»

Rodgers a ajouté ceci: «Je ne le réalise pas encore, mais en grandissant dans le nord de la Californie, je rêvais toujours au Super Bowl. Je voyais Joe Montana, je voyais Steve Young... C'est incroyable de savoir que je vais vivre mon propre rêve dans deux semaines à Dallas.»

Et maintenant, y a-t-il un seul partisan des Packers qui s'ennuie encore de Brett Favre?

Dimanche soir en tout cas, Mike McCarthy et Ted Thompson n'avaient pas l'air de trop s'ennuyer.