Sur le terrain comme à l'extérieur du terrain, les sept premières années dans la NFL de Ben Roethlisberger ont été mouvementées. Son nom n'a presque pas quitté les manchettes... et pas toujours pour les bonnes raisons.

Il a gagné ses 14 premiers départs; est devenu à 23 ans le plus jeune quart-arrière à remporter le Super Bowl; a presque perdu la vie dans un accident de moto; a gagné un deuxième Super Bowl grâce à une spectaculaire série dans les dernières minutes; puis, il y a eu ces deux troublantes histoires d'agression sexuelle, qui lui ont valu une suspension de quatre matchs.

Ces accusations s'ajoutaient à la réputation qui le précédait déjà, celle d'un type arrogant, irrespectueux et grossier. Un avis que partageaient les citoyens, les médias et mêmes certains de ses coéquipiers. Bref, sa cote de popularité était à zéro.

Si elle s'est un peu améliorée au cours des derniers mois, elle reste tout de même basse. La grande vedette du club, le favori de la foule, ce n'est plus Roethlisberger, c'est Troy Polamalu. Cela dit, le quart de 28 ans a pris quelques pas dans la bonne direction au cours des derniers mois.

«Il est un meilleur leader et il est plus accessible pour les joueurs. On peut discuter avec lui et il s'amuse davantage avec nous. Il ne laisse plus les facteurs extérieurs le déranger, il est comme Joe Cool», a dit hier James Farrior, un secondeur qui est considéré comme le grand meneur des Steelers.

Roethlisberger a soutenu qu'il voulait traiter son entourage avec plus de respect et qu'il voulait devenir une meilleure personne. Ses intentions semblent louables, mais hier, il était visiblement mal à l'aise d'aborder le sujet.

Lorsqu'un journaliste lui a demandé s'il se sentait responsable du départ de Santonio Holmes, qui a été échangé aux Jets de New York et qui a semblé servir de bouc-émissaire - les Steelers en avaient déjà plein les bras avec les écarts de conduite de Roethlisberger -, le quart a répondu sèchement qu'il faudrait plutôt poser cette question aux décideurs de l'organisation.

Et quand on lui a demandé s'il croyait qu'il avait encore beaucoup de travail à faire afin de redorer son blason dans sa ville d'adoption, sa réponse a étonné.

«Honnêtement, c'est la dernière chose à laquelle je pense actuellement. Ma priorité, c'est de gagner des matchs de football», a-t-il dit. Sûrement pas le genre de réaction qui convaincra ses détracteurs de lui accorder le bénéfice du doute.

Deuxième derrière Bart Starr

Il n'est pas le plus sympathique, mais gagner des matchs, Roethlisberger le fait aussi bien que n'importe qui. Sa fiche de 9-2 (81,8% de victoires) en séries est supérieure à celle de tous les quarts qui ont entamé au moins 10 matchs éliminatoires, à l'exception de Bart Starr (9-1). En saison régulière, seuls Tom Brady et Joe Montana ont un meilleur pourcentage de victoires que Roethlisberger.

Cette impressionnante fiche est-elle attribuable à l'excellente défense des Steelers? En partie. Or, le colosse a mené les siens à 19 victoires en effaçant un déficit au quatrième quart depuis le début de sa carrière, un sommet dans la NFL au cours de cette période. On a d'ailleurs demandé à Hines Ward comment il expliquait le brio de son coéquipier au quatrième quart.

«C'est un gagnant. Chaque fois qu'il est dans le caucus, on sait qu'on aura l'occasion de gagner le match. Son style n'est peut-être pas orthodoxe, il ne jouera peut-être pas bien au premier quart, mais au quatrième, il est toujours confiant de réussir les jeux qui nous permettront de l'emporter. Alors tant qu'il sera sur le terrain en fin de match, j'aurai le sourire aux lèvres.»

C'est peut-être en raison de son style de jeu échevelé, ou de ses ennuis personnels, mais le nom de Roethlisberger est rarement évoqué lorsqu'on parle des meilleurs quarts du circuit. Tom Brady, Peyton Manning, Drew Brees, Philip Rivers, Aaron Rodgers... mais rarement Big Ben. L'auteur de ces lignes lui a demandé si ça l'agaçait.

«Je ne remporterai probablement jamais le titre de joueur par excellence et je n'occuperai probablement jamais le premier rang des passeurs statistiquement. Alors, ça ne me dérange pas. Ce que je veux, c'est de gagner d'autres championnats.»

Un peu d'amour et d'appréciation ne ferait certainement pas de tort non plus. Pour y arriver, ça prendra toutefois plus que des victoires le dimanche.