Alors qu'une des saisons les plus étranges dans les annales de la NFL s'achève, tant sur le terrain qu'en dehors, les amateurs de football peuvent commencer à penser aux duels qui auront lieu pendant les séries, au Super Bowl, puis au repêchage.

Et après cela, ce sera peut-être le vide.

La convention collective entre la ligue et les joueurs sera échue le 4 mars. Des propriétaires d'équipe ont fait preuve d'optimisme tandis que d'autres se sont mordus les lèvres quand on leur a demandé de commenter les chances qu'un nouveau contrat soit signé à court terme.

Le commissaire Roger Goodell et le directeur exécutif de la NFLPA DeMaurice Smith soulignent l'importance d'amorcer de réelles négociations dès maintenant. Reste qu'il y a un large fossé entre les deux parties dans plusieurs aspects à l'enjeu, dont la part des revenus qui reviendra aux joueurs, ainsi que le passage à un calendrier régulier de 18 matchs.

«Si les deux côtés cèdent un peu, tout le monde en obtiendra beaucoup, dit Goodell. Surtout les partisans.»

«Les joueurs croient qu'il y aura un lock-out», rétorque Smith.

C'est effectivement le cas, affirment Tom Condon et Ben Dogra, deux des agents les plus influents dans la NFL, qui comptent notamment les frères Manning, Drew Brees et Patrick Willis parmi leurs clients.

«Je pense que les joueurs prennent ça très au sérieux», déclare Condon, qui a vécu trois autres conflits syndicaux - en 1974 comme joueur recrue, en 1982 à titre de négociateur et comme conseiller à l'externe des joueurs en 1987. «Ils savent ce qui est à l'enjeu cette fois et tout le monde a réagi positivement dans sa manière de s'y préparer.

«Nous avons encouragé les joueurs à parler à leurs représentants syndicaux, pour discuter des problèmes à l'enjeu, et aussi à en discuter entre eux.»

Le maraudeur des Broncos de Denver Brian Dawkins, un vétéran de 15 saisons, dit avoir conseillé aux jeunes joueurs d'économiser de l'argent. Le secondeur des Chiefs de Kansas City Mike Vrabel, un vétéran de 14 années et un membre du comité exécutif du syndicat comme Dawkins, ajoute que la NFLPA a demandé à tous les agents d'étudier avec leurs clients les différentes façons d'épargner.

«Je crois que les joueurs sont mieux renseignés et les enjeux sont clairement établis, a-t-il dit. En gros, ce qui est arrivé, c'est qu'une convention collective que les propriétaires ont choisi d'accepter, et que les joueurs ont certainement choisi d'accepter, est en vigueur depuis 2006.

«Les propriétaires avaient l'option de l'annuler, comme ils ont choisi de le faire en 2008, et ils veulent regagner une partie de leur argent.»

C'est là un dossier au centre des négociations.

Les propriétaires de la NFL affirment qu'ils ont besoin d'une entente remaniée parce qu'ils ne peuvent se permettre d'avoir un partage des revenus comme celui qui est prévu actuellement par la convention collective. Les revenus de la NFL devraient s'établir à 9 milliards $ US en 2010, et près de 60 pour cent des revenus désignés d'avance iront aux joueurs. Les proprios affirment avoir encouru des dettes énormes après avoir bâti des stades et lancé le réseau NFL en plus d'autres projets, si bien qu'ils sont privés de la possibilité de faire des profits.

Selon la NFL, le salaire moyen des joueurs a augmenté d'environ 35 pour cent, passant de 1,4 million $ en 2005 - la dernière année de l'ancienne convention collective - à 1,9 million $ en 2009. On ne peut comparer avec les salaires de la présente saison parce qu'il n'y a pas de plafond salarial en vigueur.

Les joueurs sont convaincus que la ligue est en santé, soulignant l'existence des énormes montants déboursés par les réseaux de télé, les impressionnantes cotes d'écoute, les bonnes assistances, les lucratifs partenariats de marketing et l'intérêt pour le football outre-mer.

Les joueurs ont demandé aux clubs de montrer leurs livres comptables. Goodell réplique que les joueurs savent exactement où s'en va l'argent de la ligue «à un cent près».

Alors que la NFL s'apprête à compléter ce qui sera peut-être le dernier calendrier de 16 matchs de son histoire, ce n'est pas demain la veille qu'on commencera à négocier de façon soutenue. Même s'il n'y a pas de date-butoir à court terme, il est difficile de ne pas être inquiet quand on pense à la saison 2011 - et les suivantes.

Ce qui ne veut pas dire que le pire des scénarios est à nos portes.

«La meilleure manière de faire est de d'assurer que toutes les parties concernées réalisent quelles sont les conséquences d'un arrêt de travail, affirme Dogra. Il faut avoir de l'espoir parce qu'il y a des gens intelligents des deux côtés de la table, qu'il s'agit du sport le plus populaire et qu'il est lucratif pour toutes les parties.»

La NFL n'a pas annulé de matchs à cause d'un arrêt de travail depuis 1987, l'année où les joueurs ont fait la grève pour la deuxième fois en cinq ans.

«Si les deux côtés sont également dévoués et également attelés à la tâche, il n'y a aucune raison qu'on ne puisse pas en arriver à une entente», a noté Jeff Pash, le vice-président exécutif de la main-d'oeuvre et principal conseiller juridique de la NFL.