Qu'on soit d'accord ou pas avec ses récentes décisions au sujet des plaqués, il y a une chose qui est irréfutable: la NFL est plus proactive, évolutive et résolue que sa cousine la LNH.

Le football et le hockey ont en commun d'être le théâtre de chocs violents, administrés par des hommes toujours plus gros, forts et rapides que la veille. Il y a cependant une différence importante entre les deux sports. Si le joueur défensif au hockey peut utiliser un bon jeu de position ou son bâton afin d'arrêter son adversaire, ce n'est pas le cas au football, où il n'y a qu'une façon d'arrêter le joueur offensif: en le plaquant.

C'est pourquoi il est impossible de débattre de la violence au football sans nuances. Exige-t-on l'impossible? Les joueurs peuvent-ils réellement accomplir le travail attendu d'eux s'ils doivent mesurer et contrôler leurs plaqués?

La plupart des joueurs qui se sont exprimés sur le sujet au cours des derniers jours croient que non. Un gars comme Matthieu Proulx, le maraudeur des Alouettes, juge que c'est impossible. Et Proulx, avocat lorsqu'il ne joue pas au football, n'est pas du type sanguinaire, en manque de brutalité. On est loin de James Harrison.

Puisqu'il est question du joueur des Steelers, Proulx ne pense pas que ses plaqués de dimanche dernier étaient illégaux. Les arbitres du match entre les Steelers et les Browns non plus, car ils ne l'ont pas puni. Comble de paradoxe, on pouvait même acheter une photo du plaqué de Harrison aux dépens de Mohamed Massaquoi sur le site internet de la NFL - avant qu'elle ne condamne le secondeur à une amende de 75 000$ pour le même geste...

Si elle veut mettre un frein à la violence, la prochaine action de la NFL devrait être de ne plus la glorifier. Que NFL Films cesse de produire des DVD du genre de Moment of Impact serait déjà un bon départ.

La priorité de la NFL est de diminuer les plaqués «casque à casque», qui causent la majorité des commotions cérébrales. À l'heure où des études démontrent clairement les dangers sur la santé mentale qu'une carrière au football peut occasionner, c'était une conclusion devenue nécessaire. Les suspensions - que la Ligue imposera à partir de demain - seront plus dissuasives que des amendes.

Évidemment, il n'y a pas de place pour les coups gratuits comme celui de Brandon Meriweather, dimanche dernier. Le plaqué du maraudeur des Patriots était inutile et dangereux. Les receveurs sont souvent dans une position vulnérable lorsqu'ils attendent le ballon et la Ligue doit les protéger. Or, pour plusieurs raisons, les plaqués «casque à casque» constituent un aspect du jeu difficile à contrôler.

D'abord parce qu'on apprend aux joueurs à plaquer avec leur casque depuis toujours. Contrairement au hockey, où le joueur qui plaque est habituellement en position verticale, celui au football a le dos courbé, avec la tête en avant. Donc, à moins qu'on permette de plaquer avec les pieds, la tête sera généralement dans le chemin...

Puis, à tort ou à raison, les joueurs ont tous dit qu'ils préféraient être plaqués à la hauteur de la tête qu'à celle des jambes, la logique étant qu'un genou déchiré peut rapidement mettre fin à une carrière. Les joueurs - offensifs autant que défensifs - ont également rappelé que le football était un sport violent, que les plaqués percutants en feront toujours partie, comme les accidents en F1, ou les coups de poing à la boxe.

N'empêche que la NFL devait poser un premier geste afin de stopper l'hémorragie, avant qu'un joueur n'y laisse sa peau. Même si les blessures et les commotions cérébrales ne disparaîtront jamais, ce n'est pas une raison pour garder la tête dans le sable. Aucune solution miracle n'existe, mais ça ne coûte rien d'améliorer les choses, de protéger les joueurs d'eux-mêmes.

Et si la NFL veut continuer d'attaquer le problème de plein front, elle sait très bien ce qu'elle doit faire. Les joueurs ne sont pas plus gros, forts et rapides par simple magie.