Les premières fleurs lancées par Drew Brees au moment de lever le fameux trophée Lombardi dimanche soir, c'était pour les fans de La Nouvelle-Orléans. «Nous avons joué beaucoup plus que pour nous-mêmes, a expliqué le quart des Saints. Nous avons joué pour notre ville. Nous avons joué pour toute une région. Nous avons joué pour la nation Who Dat, qui nous a appuyés depuis le début. Nous avons été bénis.»

Je vais vous le dire tout de suite: des clubs champions, j'en ai vus. Dans la NFL, la LNH aussi. Mais j'ai jamais vu un club comme ces Saints.

Non, jamais vu un club dont les joueurs ont tant à coeur la cause d'une ville. Jamais vu un club dont les joueurs ne veulent rien savoir des miroirs qu'on leur tend.

Drew Brees ne ment pas. Lui et ses Saints ont vraiment joué pour La Nouvelle-Orléans et la Louisiane, dimanche soir, lors de ce 44e Super Bowl à Miami. Dans le fond, les Colts d'Indianapolis n'avaient sans doute aucune chance.

Brees est de ceux qui ont choisi La Nouvelle-Orléans alors qu'ils auraient pu aller voir ailleurs. Au moment d'être embauché par les Saints en 2006, Brees était courtisé, entre autres, par les Dolphins de Miami. Mais il a choisi La Nouvelle-Orléans, malgré les ravages causés par Katrina. Les Saints le voulaient, ce trophée. Pas tellement pour eux, mais pour La Nouvelle-Orléans.

«Il y a quatre ans, qui aurait pu prévoir ça?, a ajouté Brees visiblement émotif. Environ 85% de la ville était sous l'eau. Les gens quittaient pour aller habiter ailleurs. La plupart partaient sans même savoir si la ville allait renaître, si l'équipe allait revenir. Non seulement l'équipe est revenue, mais la ville a pu renaître également. Plusieurs de nos joueurs sont arrivés via le marché des joueurs autonomes. Ils ont choisi cette ville. On s'est tous regardés et on s'est dit qu'on allait rebâtir ensemble.»

Dans le stade Sun Life de Miami dimanche soir, la musique ne voulait pas cesser. Les fans ne voulaient pas partir. Et Brees, lui, ne voulait pas cesser de parler. «C'est la culmination de tout ce qu'on a fait depuis quatre ans», a-t-il ajouté.

La fierté

Ils ont parlé comme ça toute la soirée. Tous. Brees. Jonathan Vilma, qui a décodé Peyton Manning avec brio dimanche soir. L'entraîneur Sean Payton, qui a répété le mot fierté environ 50 fois. Même Jeremy Shockey, d'ordinaire un peu tête folle, était au bord des larmes. «Je ne veux même pas parler de mon touché, je veux juste parler de cette équipe», a-t-il dit.

Non, je n'ai jamais vu un club aussi soudé. Aussi fier de porter un chandail, aussi heureux de jouer pour sa ville. Je me doutais bien que ces Saints-là étaient fiers de leur ville, surtout quand j'ai entendu Brees expliquer en long et en large la signification de la fleur de lys à un journaliste qui croyait le piéger la semaine dernière.

«La Nouvelle-Orléans mérite cette victoire, a expliqué le demi Reggie Bush. Personne ne pourra jamais nous enlever ça. Nous faisons désormais partie de l'histoire. Pas juste nous. La ville au grand complet.»

Au final, on retiendra deux choses de ce 44e Super Bowl: un botté court réussi par les Saints en début de troisième quart, qui a pris les Colts par surprise. Et l'interception du demi de coin Tracy Porter en fin de match, qui a enfoncé le dernier clou en ramenant le ballon sur 74 verges pour le touché.

La légende de Peyton Manning devra attendre. La conclusion parfaite, ce sont les Saints qui l'ont rédigée.