La dernière fois que les Bengals de Cincinnati ont gagné un match important à Pittsburgh, c'était en 2005. Et on espère pour ceux qui étaient avec l'équipe à cette époque qu'ils ont bien appris leur leçon.

Cette victoire confirmait à toutes fins utiles que l'équipe de Marvin Lewis allait remporter le titre dans la division nord de la Conférence américaine, ce qu'ils ont fait quelques semaines plus tard. Les Steelers, eux, se retrouvaient avec une fiche de 7-5 et se dirigeaient tout droit vers une exclusion des séries éliminatoires.

«Il y avait la télévision en noir et blanc, puis il y a eu la télé en couleur; il y avait les Steelers, et maintenant il y a les Bengals. Habituez-vous de nous voir, on va dominer cette division pendant un bon bout de temps», avait prédit le toujours aussi sage Chad Ochocinco (Johnson, à l'époque). Comment oublier une citation pareille, aussi éclairée qu'intuitive?

D'autres joueurs des Bengals avaient eu la brillante idée de ridiculiser la fameuse Terrible Towel des Steelers, et toute l'équipe fêtait dans le vestiaire des visiteurs comme si elle avait remporté le Super Bowl, le gros lot du Super 7, et un coffret de Styx.

Si vous ne vous souvenez pas du reste de l'histoire, permettez-moi de vous la rappeler. Les Steelers ont remporté leurs cinq derniers matchs de la saison, ont aisément disposé des Bengals en première ronde éliminatoire, 31-17, et ont mis la main sur le cinquième de leurs six trophées argentés.

Les Bengals et la télé en couleur, demandez-vous? On n'en avait pas réentendu parler jusqu'à il y a quelques semaines, comme quoi ça coûte parfois cher de se faire aller le clapet lorsqu'on est incapable d'assumer. Les grandes gueules et le football font rarement bon ménage.

Mais cette fois, ça semble différent pour les Bengals. Au terme de leur victoire, dimanche dernier, Carson Palmer a rappelé qu'il n'y avait rien d'acquis.

«On est encore très loin de former une équipe qui puisse remporter le Super Bowl ou se rendre loin en séries éliminatoires. Il faut faire gaffe, car on se fera encenser de toutes parts au cours des prochains jours», a prévenu le meneur des Bengals, qui fêtera ses 30 ans le mois prochain.

«Je suis heureux de la position dans laquelle on se retrouve, mais plusieurs personnes avaient enterré les Steelers lorsqu'on les avait battus en 2005. Ils ont prouvé par la suite qu'il restait beaucoup de football à jouer. Ce fut une bonne leçon pour nos joueurs», a ajouté Lewis.

Palmer a toujours été un leader sérieux, doté d'une soif de vaincre indéniable. Sa carrière a été ralentie par les blessures, mais il semble enfin de retour au sommet de son art. Si ses passes semblaient légèrement manquer de force en début de saison - sûrement en raison de cette blessure à l'épaule -, elles sont plus convaincantes de semaine en semaine.

Les Bengals peuvent enfin compter sur un jeu au sol productif grâce à Cedric Benson, ce qui aide considérablement Palmer et un bon groupe de receveurs, qui comprend Ochocinco, Laveranues Coles, Chris Henry (présentement blessé) et le jeune Andre Caldwell.

Cela dit, c'est le jeu de la ligne qui est le grand responsable du retour en force de l'attaque. Composée de cinq joueurs qui possèdent peu d'expérience, l'unité n'a permis que 14 sacs, en plus de faire de l'excellent boulot au sol.

Et que dire de la défense? L'unité du coordonnateur Mike Zimmer ne compte sur aucun joueur-vedette, mais est l'une des plus coriaces du circuit. Qui plus est, elle s'améliore à chaque sortie, et plusieurs joueurs du groupe sont loin d'avoir atteint leur plein potentiel.

À moins d'un spectaculaire effondrement, les Tigrés seront de retour en séries en janvier. Ils disputeront quatre de leurs sept derniers matchs contre ce qui est peut-être le pire quatuor d'équipes de la ligue (Oakland, Cleveland, Detroit et Kansas City), et la chimie semble excellente. Il faudra toutefois voir si l'arrivée du toujours aussi charmant Larry Johnson aura un impact négatif.

Eh oui! Quatre ans après l'arrivée de la télé en couleur, on assistera peut-être au grand débrouillage.