Présentée pendant des décennies comme l'exemple à suivre en matière de relations du travail dans le sport professionnel, la convention collective entre les propriétaires et les joueurs de la NFL est aujourd'hui remise en question.

Les propriétaires de la NFL ont déjà annoncé qu'ils mettraient fin au fameux plafond salarial - une invention de la NFL en 1994 - un an avant la fin de la convention collective, en 2010.

 

Pourquoi briser une formule gagnante, encensée par les économistes et copiée par les autres ligues professionnelles (à l'exception du baseball majeur)? Parce qu'elle fonctionne seulement en période de croissance économique. «C'est un excellent plan d'affaires quand les affaires vont bien, mais c'est un plan d'affaires terrible quand l'économie va mal, comme c'est le cas actuellement, dit Marc Ganis, président de la firme d'affaires sportives SportsCorp, de Chicago. Les joueurs prennent une partie importante des revenus de la ligue, et la ligue doit les payer même si elle subit une baisse de revenus. Actuellement, les seules personnes qui ne subissent pas les conséquences de la récession dans la NFL sont les joueurs. Les commanditaires, les employés, les partisans vivent les effets de la récession. Pas les joueurs.»

Le Québécois Jean-Philippe Darche, qui joue dans la NFL depuis neuf ans, n'est pas d'accord. «Le problème n'est pas la convention collective mais le fait que les propriétaires ne partagent qu'une partie de leurs revenus entre eux, dit-il. Les équipes n'ont pas toutes les mêmes revenus, mais elles doivent payer des salaires similaires aux joueurs. Si les propriétaires partageaient tous leurs revenus, le problème serait réglé.»

Malgré l'opposition des joueurs, le verdict des propriétaires est sans appel: la saison 2009 sera la dernière disputée avec un plafond salarial, qui équivaut à 59,5% des revenus de la ligue. En 2010, les équipes les plus riches comme les Cowboys de Dallas et les Redskins de Washington pourront dépenser sans compter. La situation profitera peut-être à certains joueurs vedettes, mais Jean-Philippe Darche est loin d'être convaincu que l'abolition temporaire du plafond salarial soit une bonne nouvelle pour l'ensemble des joueurs. «Il n'y aura pas de plafond salarial, mais il n'y aura pas non plus de plancher. Les Cowboys pourraient dépenser 200 millions, mais les Cards pourraient décider de dépenser seulement 50 millions», dit-il.

Jean-Philippe Darche admet que les prochaines négociations s'annoncent difficiles. Il s'attend à plusieurs changements à la convention collective, mais il doute que le plafond salarial - symbole de la réussite financière de la NFL - disparaisse pour de bon. «Les joueurs chialent parfois contre le plafond, mais il nous assure un plancher salarial et il permet de répartir nos bonis à la signature, rappelle-t-il. La seule chose qui ne changera pas, c'est le fait que nos contrats ne sont pas garantis. Il n'y a rien de garanti au football. Ça fait partie de la mentalité du sport.»

98,8 millions

Plancher salarial d'une équipe de la NFL en 2008

116 millions

Plafond salarial d'une équipe de la NFL en 2008

55,8 millions

Masse salariale du Canadien de Montréal en 2008-2009

 

Le sport professionnel s'essouffle

NFL

Mise à pied de 110 employés (10% des effectifs)

Réduction de 10% du prix des billets des séries éliminatoires

Aucune entreprise ne veut payer pour donner son nom aux nouveaux stades des Cowboys de Dallas et des Giants et des Jets de New York

LNH

Croissance des revenus de 1% cette année, comparativement à 8% l'an dernier

Assistance financière au Lightning de Tampa Bay et aux Coyotes de Phoenix, dont les finances sont maintenues à flot par la ligue

Baseball majeur

Mise à pied de 20 employés (4,5% des effectifs)

NBA

Mise à pied de 80 employés (9% des effectifs)

Stratégies de marketing inusitées: les Pacers de l'Indiana donnent de l'essence à leurs partisans et les Nets du New Jersey organisent des foires d'emploi avec leurs partisans qui ont perdu leur travail

Tennis

Six des 63 tournois n'ont pas de commanditaire majeur

Arena Football League

Annulation de la saison 2009

NASCAR

Mise à pied de 70 employés

Golf

20 des 48 principaux tournois de la PGA ont un constructeur d'automobiles ou une entreprise financière comme commanditaire principal

Réduction du nombre de tournois de la LPGA de 34 à 31

Soccer

Les équipes anglaises sont lourdement endettées. La dette cumulée des équipes de la Premiership anglaise atteindrait 4,3 milliards de livres sterling, selon le gouvernement britannique

Manchester United perd son commanditaire principal, l'assureur AIG, qui payait 20 millions de livres sterling par année.

Rugby (Guinness Premiership League)

Hausse de cinq matchs en saison afin d'éviter de réduire les salaires des joueurs

Lutte professionnelle (WWE)

Mise à pied d'environ 50 employés (10% des effectifs)