Steelers de Pittsburgh et Ravens de Baltimore partagent la même philosophie: une défense de fer, beaucoup d'agressivité, et un goût marqué pour l'intimidation. En plus, ils ne s'aiment pas beaucoup...

Ça remonte à quand, cette querelle? Dur à dire. Il y a eu la fois où Joey Porter s'est arrangé pour viser la cheville déjà amochée de Todd Heap. Il y a eu la fois où un joueur des Ravens a craché au visage du botteur des Steelers. Il y a eu la fois où l'imposant Bart Scott a frappé violemment Ben Roethlisberger, pour ensuite dire qu'il était bien fier de son coup...

 

Non, on ne sait trop depuis quand ça dure. Mais on sait ceci: les Steelers de Pittsburgh et les Ravens de Baltimore se détestent au plus haut point.

«C'est un peu comme deux brutes qui décident de se battre, a résumé hier James Farrior, secondeur chez les Steelers. Maintenant, il ne reste plus qu'à savoir laquelle des deux brutes sera la plus forte...»

Cette réponse, on l'aura demain soir au Heinz Field de Pittsburgh. Les Steelers vont y accueillir les Ravens dans le cadre de la finale de la Conférence américaine. Le gagnant, bien sûr, ira au Super Bowl.

Mais il y a plus.

«En fait, les gagnants vont pouvoir se faire aller la trappe très longtemps après ce match-là, a expliqué Hines Ward, le vétéran receveur des Steelers. Les gens vont se souvenir de ce match-là pendant des années, et les perdants vont en entendre parler très longtemps....»

C'est clair, ils ne s'aiment pas. Mais pourquoi? Alors là, c'est plus compliqué. Mike Tomlin, l'entraîneur des Steelers, a parlé d'une haine qui est née à l'époque où les Ravens étaient les Browns de Cleveland. Roethlisberger a parlé d'une rivalité entre deux équipes de la même division qui se croisent deux fois par saison.

Mais c'est peut-être Farrior qui a le mieux résumé la chose. «Ils sont nos plus grands rivaux parce qu'ils sont comme nous, a-t-il répondu. Ils aiment contrôler le ballon et gagner des matchs grâce à leur défense. Quand on les regarde, c'est un peu comme si on se regardait dans un miroir...»

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Farrior a sans doute raison. En effet, Steelers et Ravens se ressemblent. Beaucoup. Dans les deux cas, on parle d'équipes qui aiment quand ça cogne, d'équipes qui aiment jouer du football «du bon vieux temps», comme ils disent par ici.

Demain soir, les Steelers vont sauter sur le terrain appuyés par une défense de fer, la meilleure défense du football américain. Les Ravens vont se pointer en toute confiance eux aussi, menés par la deuxième défense du football américain. Les gars en noir et jaune ne donnent que 13,9 points par match, et les gars en noir et mauve n'accordent que 15,3 points par sortie.

«Les Ravens sont bons en défense parce que tous leurs gars vont vers le ballon, a expliqué le receveur Santonio Holmes, des Steelers. Ils veulent tous réussir le jeu qui va faire la différence. Contre une défense comme ça, tu ne peux pas te permettre de faire des erreurs. C'est la même chose avec notre défense.»

Malgré tout, l'unité défensive des Ravens a peut-être un léger avantage sur celle des Steelers. Cet avantage a un nom: Ed Reed. Ce demi de sûreté, reconnu pour ses interceptions et les longs retours qui vont avec, est probablement le meilleur joueur défensif sur la planète NFL.

Troy Polamalu, lui-même un excellent demi de sûreté chez les Steelers, n'a pas hésité à vanter Reed cette semaine. «Il est le meilleur demi de sûreté de l'histoire de cette ligue, a dit Polamalu. On apprend rien qu'en le regardant jouer. Il fait toujours les jeux importants.»

Mais ces bons mots ne voudront plus rien dire au moment du botté d'envoi demain soir. Une fois les poignées de main échangées, Steelers et Ravens vont retourner chacun de leur côté avec un but bien précis en tête: pousser l'adversaire à l'abandon.

Ces deux bandes ennemies se sont rencontrées deux fois cette saison. À chaque fois, les Steelers l'ont emporté. Ce ne sera pas plus facile pour les Ravens cette fois-ci, puisqu'ils devront probablement se débrouiller sans deux de leurs meilleurs joueurs, le demi de coin Samari Rolle et le secondeur Terrell Suggs, tous deux blessés.

En plus, le Heinz Field n'est pas reconnu pour être accueillant envers les équipes adverses...

«C'est sûr que l'avantage du terrain va être énorme pour nous, a dit Polamalu. On a toujours du mal quand on doit aller jouer à Baltimore, mais on a l'habitude de bien jouer chez nous.»

Les Steelers les plus vieux savent toutefois que l'avantage du terrain, parfois, ce n'est pas si énorme que ça. En fait, les deux dernières finales de conférence présentées au Heinz Field se sont conclues par des victoires de la visite.

Hines Ward s'en souvient trop bien. «Je le sais, j'étais là les deux fois contre les Patriots, a-t-il rappelé. J'ai perdu deux finales de conférence sur notre terrain. Et je n'ai pas le goût de voir les Ravens célébrer ici dimanche soir...»